Solution d’analyse urinaire connectée : Iki part à l’assaut du marché américain
Santé. Développée par les équipes de la start-up toulousaine Iki, cette solution innovante permet un suivi quotidien des patients souffrant de maladies chroniques. Déjà expérimentée en France au sein de nombreux établissements de santé, elle sera présentée sur le marché américain à l’occasion de l’édition 2024 du CES de Las Vegas en janvier prochain.
Dans un article paru il y a quelques années dans le magazine Planète Santé, la journaliste et ingénieure chimiste Élisabeth Gordon écrivait que si pour le commun des mortels « l’urine n’est qu’un simple déchet corporel, vite évacué dans les toilettes », pour les médecins, « elle est une mine d’informations ». Pourquoi ? Parce qu’en analysant son contenu, ces derniers peuvent dépister de nombreuses maladies ou dérèglements de notre organisme, en apprendre davantage sur notre métabolisme et aussi notre mode de vie, et donc ajuster leurs recommandations en fonction des résultats.
Un suivi indispensable pour les millions de Français atteints de maladies chroniques obligés de se soumettre à un régime alimentaire spécifique. Problème, les praticiens ne disposaient pas jusqu’ici de données objectives permettant de suivre l’évolution de leurs patients au quotidien. C’est pourquoi la start-up toulousaine Iki - fondée en 2021 par Cyril Cauchois, Caroline Mazet, Stéphane Le Brun et Jean-Christophe Cau - a décidé de développer une solution innovante pour répondre à cette problématique de santé publique. Son nom : Uriki.
Une solution facile d’utilisation et non contraignante
Pensée comme un véritable laboratoire de santé à domicile, « elle comprend un analyseur d’urine connecté, un suivi personnalisé et des outils d’engagement du patient via une application mobile. Elle se positionne comme un outil d’éducation thérapeutique du patient afin d’optimiser son suivi nutritionnel, en association avec l’équipe médicale, grâce à une donnée objective : l’analyse urinaire », explique l’équipe dans un communiqué publié le 20 novembre 2023.
Moins invasive qu’une prise de sang - et surtout moins contraignante puisque basée sur un geste réalisé plusieurs fois par jour – la solution Uriki est simple d’utilisation. En effet, l’utilisateur doit simplement uriner sur une tige buvard avant de l’insérer dans une cartouche contenant dix biomarqueurs, comprendre des caractéristiques biologiques mesurables : créatinine, pH, phosphate, urée, calcium, densité, sodium, acide urique, magnésium, citrate. Il insère ensuite la cartouche dans le lecteur d’analyse qui transfert automatiquement les résultats aux professionnels de santé qui le suivent.
« Uriki fonctionne sur le même schéma qu’une montre connectée. Lorsque le patient veut récupérer ses données et les envoyer à son équipe médicale, il lance une synchronisation. Les informations sont envoyées sur une plateforme web : elle traite la donnée et fait l’interface avec l’équipe médicale qui peut ensuite adresser ses recommandations au patient », explique Jean-Christophe Cau, ingénieur docteur en nanophysique appliquée aux biotechnologies et co-fondateur. Et de préciser :
Notre solution est d’autant plus innovante qu’elle couple une analyse biologique au domicile du patient à un journal alimentaire qui permet d’intervenir sur la nutrition du patient au quotidien qui est un enjeu crucial pour ralentir la dégradation de la fonction rénale. »
Une levée de fonds de 500 K€
Brevetée et marquée CE, la solution Uriki est déjà expérimentée en France. Une douzaine d’établissements de santé ont déjà ou vont prochainement la tester. Hébergée au sein de la pépinière Centre Pierre Potier, la pépite toulousaine a également conclu plusieurs partenariats avec le groupe Théradial (distributeur de dispositifs médicaux destinés principalement aux patients atteints d’insuffisance rénale chronique), Domisanté (entreprise à mission qui propose un socle générique de prévention aux acteurs du maintien à domicile) et Emanutrition (société spécialisée dans la création d’outils numériques dédiés à la santé) :
L’un des objectifs prioritaires de 2024 est de multiplier ces expérimentations et partenariats pour faire notamment la preuve du bénéfice médico économique, et de réaliser une étude clinique dans l’objectif d’aller vers le remboursement. »
Pour appuyer la commercialisation sur abonnement de son produit, la start-up a également démarré un processus de levée de fonds d’au moins 500 000 € qu’elle devrait boucler d’ici le printemps prochain. Un tour de table qui devrait lui permettre de poursuivre son développement sur le marché national et surtout international.
Convaincue de la pertinence de sa solution de thérapie digitale, l’équipe d’Iki souhaite conquérir le marché américain. Pour y parvenir, « nous devons avoir une approche davantage ciblée sur l’utilisateur final et en prévention primaire. C’est la raison de notre venue à l’édition 2024 du CES de Las Vegas qui se tiendra en janvier prochain : avoir les premiers retours terrains et rechercher des partenaires pour adresser le marché », détaille Jean-Christophe Cau, qui fait de ce salon, un rendez-vous primordial pour tester les différents acteurs du marché (patients, professionnels de santé, distributeurs/industriels).