Sophie Cépière, un savoir-faire perpétué depuis sept générations
Prêt-à-porter. Sophie Cépière est une créatrice de mode et fabricante aveyronnaise qui confectionne des vêtements féminins. Pour la première fois, elle va lancer en 2023 sous sa marque éponyme une collection pour hommes, là aussi 100 % made in France.
Sophie Cépière a toujours aimé dessiner et fabriquer des vêtements, une passion qui court dans sa famille depuis maintenant sept générations ! Aujourd’hui installée à son compte sur les bords du Lot, elle se souvient encore de son grand-père alors établi à Figeac où « il confectionnait des habits en pure laine, appelés pulls de travail, pour les forains ».
C’est ensuite sa maman Maryse Cépière qui a repris le flambeau. Elle a lancé son entreprise à Amberayrac, dans l’Aveyron. D’abord couturière, elle réalise des robes de mariée avant de se spécialiser dans la création et la production de vêtements en maille.
« Grâce à un travail acharné, elle a pu acheter au fur et à mesure des machines à tricoter. Elle a aussi pu recruter des collaborateurs pour développer sa marque éponyme, raconte sa fille. Je l’ai rejointe dans l’aventure, ainsi que mon mari, et au plus haut de son activité nous avons compté jusqu’à 60 salariés. »
Une liquidation douloureuse
À la mort de sa maman en 2003, Sophie Cépière reprend les rênes de l’entreprise mais la crise de 2008 a tout arrêté net. « Nous n’avons pas résisté. L’entreprise a été liquidée dans la douleur. Nous avons tout perdu. L’ensemble de l’outil de travail a été vendu », se rappelle encore avec émotion la créatrice de 59 ans.
Mais portés par une passion indéfectible pour leur métier, Sophie Cépière et son mari décident de relancer la marque « avec juste leur savoir-faire en poche ».
Pendant trois ans, jusqu’en 2012, ils redémarrent l’activité en investissant personnellement plus de 100 000 €.
« Il a fallu y aller étape par étape pour regagner la confiance des banquiers. Nous avons acheté du matériel souvent d’occasion pour créer nos premières collections femmes. Ironie de l’histoire, nous avons racheté nos anciennes machines à coudre et à tricoter, trouvées sur une plateforme polonaise ! Faute de pouvoir acheter d’un coup l’ensemble de l’outil de production, nous avons dû aussi nous résoudre à sous-traiter pendant un temps la partie tricotage en Corrèze. L’idée était vraiment de relancer l’activité avant de pouvoir tout rapatrier ici, dans ateliers de Maleville, près de Villefranche-de-Rouergue. »
Pari gagnant pour la cheffe d’entreprise qui a pu, par la suite, faire évoluer sa marque qui porte aujourd’hui son prénom et son nom.
Sophie Cépière sort deux collections femmes par an : été et hiver. Chacune compte environ une soixantaine de modèles différents.
« Nous utilisons des matières plus douces, plus fines. Pour la collection hiver, on travaille la laine mérinos. Une matière naturelle durable qui isole bien. Elle ne gratte pas au contact de la peau, elle évacue l’humidité, elle est antistatique, elle n’a pas d’odeur, elle est légère et conserve sa forme sans se froisser. Pour l’été, on travaille une autre matière naturelle, celle-ci végétale avec le lin. »
Un style épuré, résolument moderne
La créatrice a opté pour un style épuré et durable, à la fois classique et moderne. « L’idée est vraiment d’habiller l’ensemble des silhouettes. De proposer des modèles différents en fonction des morphologies. De mettre en valeur la femme, sans la déguiser. »
Et alors que l’activité redécolle avec à la clé le recrutement de 12 collaborateurs, l’entreprise va faire face à de nouvelles difficultés. Comme bon nombre de TPE, PME et autres commerces, « nous avons souffert des crises successives depuis 2018 avec d’abord les gilets jaunes, puis le Covid-19 et maintenant l’inflation », explique l’intéressée.
Et de poursuivre : « Alors que la marque était vendue dans une vingtaine de boutiques multimarques, nous avons dû stopper cette commercialisation car les enseignes n’achetaient plus grand-chose, en tout cas pas suffisamment. »
Face à la baisse d’activité, Sophie Cépière n’a alors plus d’autre choix que de licencier huit de ses salariés, « un vrai coup dur ». Pour éviter la faillite, elle se lance dans la production intensive de masques pendant toute la première année de pandémie. Un choix salutaire.
« Aujourd’hui, nous nous som mes diversifiés. Nous travail lons à façon pour d’autres marques et créateurs. Nous développons aussi le juste pour elle, du sur-mesure à la demande. Les clientes peuvent acheter nos modèles directement dans notre boutique de Maleville, mais aussi sur notre site marchand et par correspondance. »
Après avoir atteint 110 000 € de chiffre d’affaires en 2022, la marque vise les 250 000 € en 2023. Pour y parvenir, Sophie Cépière a décidé de créer pour la première fois une collection hommes : t-shirts, pulls, vestes, polos…
« Pour cette collection, les maîtres-mots restent les mêmes, à savoir la qualité et la durabilité, détaille-t-elle. Quant au style, ce seront des modèles intemporels, travaillés dans des lignes pures et aux détails soignés. »
Pour aider à sa production, Sophie Cépière va lancer prochainement une campagne de pré-commande sur la plateforme Ulule. « L’idéal serait de dépasser les 30 000€ pour pourvoir travailler sur d’autres collections hommes et développer notre stratégie commerciale afin d’être de nouveau en vente dans les boutiques multimarques. »
Fière d’avoir relancé la marque fondée par sa maman, Sophie Cépière entend bien poursuivre son activité et transmettre à son tour son savoir-faire à quelqu’un d’aussi passionnée qu’elle…