Souveraineté numérique : l’Occitanie en pointe dans les alternatives aux Gafam
Numérique. Organisé par Interstis, un éditeur de logiciels basé en Saône-et-Loire, l’Hexagone Tour fait escale à la French Tech Toulouse le 13 octobre à la Cité, dans le quartier de Montaudran. L’occasion pour l’entreprise et ses partenaires dont le toulousain BlueMind de promouvoir une suite logicielle alternative souveraine, ce à la veille d’un important bouleversement informatique pour nombres d’entreprises et administrations.
Le 14 octobre prochain, 400 millions d’ordinateurs dans le monde se verront privés de mises à jour. C’est la menace que fait peser le géant américain Microsoft. Ce dernier a en effet décidé de mettre fin à cette date au support technique de son logiciel d’exploitation Windows 10 qui équipe encore plus de 45 % des PC dans le monde. Concrètement, ses utilisateurs cesseront de recevoir les mises à jour de fonctionnalité et de sécurité gratuites, s’exposant à davantage de virus et de programmes malveillants..
Seule solution pour ces derniers : passer à Windows 11 si leur PC le permet, sinon souscrire une prolongation de ces mises à jour moyennant 61 $ par appareil pour la première année, le prix doublant les deux années suivantes ou bien racheter un nouveau PC… L’arrêt du support technique concerne d’autres logiciels comme Microsoft Exchange, un système de messagerie professionnel, dont les versions 2016 et 2019 ne seront, elles aussi, plus mises à jour.
Souveraineté numérique et risque cyber
De quoi relancer les débats autour de la souveraineté numérique et les questions de cybersécurité. En juin dernier en effet, lors d’une audition au Sénat, dans le cadre de la commission d’enquête sur la commande publique, Anton Carniaux, directeur des affaires publiques et juridiques de Microsoft, a été interrogé sur les risques liés au Cloud Act [1]. Il a ainsi averti : « Je ne peux pas garantir que les données ne seront pas transmises aux autorités américaines », reconnaissant qu’« en dernier recours, si nous y sommes contraints, nous devons transmettre les données ».
Face au risque de perte de souveraineté, la riposte européenne tente de s’organiser avec l’adoption de nouvelles directives : le Digital Services Act (DSA) et le Digital Market Act (DMA) pour mieux encadrer les pratiques des Gafam en matière de modération de contenu et de concurrence déloyale. En France, elle prend notamment la forme d’une démarche collective portée par un consortium de sept entreprises françaises dont la société Interstis, basée en Saône-et-Loire et présente aussi à Montpellier, est le chef de file. Une initiative lauréate en 2021 de l’appel à projet France 2030.
L’alliance dont fait partie le toulousain BlueMind, premier éditeur européen de messagerie collaborative d’entreprise, a développé Hexagone, une suite de logiciels collaborative française qui se présente comme « la véritable alternative à Microsoft Office 365 et Google Workspace ». Hébergée en France, elle est en effet destinée à répondre à l’ensemble des besoins des organisations et entreprises françaises en matière de collaboration et de gestion de projet.
Une alternative aux Gafam
L’offre complète intègre une boite mail sécurisée, un agenda collaboratif, un outil d’administration des comptes lui aussi sécurisé, un bureau collaboratif et des outils de communication instantanée. Le client peut également choisir dans ce panel les seuls éléments dont il a besoin.
Créée à Labège en 2010 par Pierre Baudracco, BlueMind propose une alternative aux solutions de messagerie développées par les poids lourds du marché, Microsoft Exchange, O365, Gsuite, etc. L’entreprise compte aujourd’hui plus de 500 clients, de la PME aux ministères, parmi lesquels Thales, Airbus Defence & Space, le ministère de l’Intérieur, l’Institut Pasteur ou encore l’Insa Toulouse. Elle réalise plus de 3 M€ de chiffre d’affaires et emploie plus de 40 salariés.
Ce n’est pas la première fois que le toulousain BlueMind s’associe à d’autres pour packager de nouvelles offres. En 2024, associée à NetExplorer et Aucae, deux autres éditeurs de logiciels toulousains spécialistes de la gestion de crise et du stockage de fichiers en ligne, BlueMind a développé une solution complète pour permettre aux structures privées comme publiques de renforcer leur résilience en cas de cyberattaques.
En juin 2025, BlueMind et eXo Platform, éditeur français d’intranet et de digital workplace open-source basé à Paris, ont également annoncé la signature d’un partenariat. Objectif ? Proposer l’intégration native du logiciel de messagerie de BlueMind dans la solution de digital workplace d’eXo Platform, grâce à un connecteur dédié, permettant ainsi aux utilisateurs de consulter et de gérer leurs emails BlueMind sans quitter leur environnement de travail eXo.
Un joli coup pour le Toulousain puisque eXo Platform compte plus d’un million d’utilisateurs et de nombreux clients des secteurs public et privé en France et à l’international, tels que l’Elysée, l’Inria, le Département du Val d’Oise, les villes de Chelles et Villejuif, Schiever, Groupe Gilbert, Mutavie ou encore la région Occitanie.
La collectivité a en effet engagé l’an dernier une véritable révolution numérique pour reprendre le contrôle de ses données et de ses outils en recherchant une alternative aux solutions propriétaires des Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Une démarche qui a débuté par le passage de Microsoft 365 à eXo Platform. Avec à la clé pour la collectivité de substantielles économies puisqu’elle a divisé sa facture par quatre selon les chiffres donnés par Nelly Mallet, directrice adjointe à la Direction de l’information numérique à la Région, citée par CIO Online. D’autres collectivités suivent le même chemin, notamment la ville de Lyon.
Trois tables rondes autour de la souveraineté numérique
L’Hexagone Tour, tournée de présentation de la suite souveraine collaborative, qui fait escale à la Cité à Toulouse le 13 octobre, est l’occasion d’une matinée d’échanges autour de ces sujets. Une première table ronde sur le thème de la souveraineté numérique sera animée par Thomas Balladur, fondateur d’Interstis et dirigeant du consortium Hexagone, Marc Sztulman, conseiller régional délégué au numérique et à l’IA, président de Cyber’Occ et Bertrand Serp, conseiller municipal de la ville de Toulouse et vice-président de Toulouse Métropole en charge de la transformation digitale.
Une deuxième table ronde intitulée « La cybersécurité et vous », sera animée par Nicolas Huez, également fondateur d’Interstis et dirigeant du consortium Hexagone, aux côtés d’Olivier Auradou, directeur général de Cyber’Occ. Enfin une troisième conférence portera sur la fin du support de Microsoft Exchange 2016 & 2019 et ses conséquences. Elle sera animée par Pierre Baudracco, PDG de BlueMind.
Pour vous inscrire à l’événement, cliquez ici.
[1] Le Cloud Act, adopté en 2018, permet aux autorités américaines d’accéder aux données stockées par leurs entreprises nationales en dehors des frontières des États-Unis.