Spatial : jamais rassasié, le toulousain CLS rachète une entreprise américaine
Acquisition. Et de 18 pour CLS, le groupe spécialisé dans la surveillance des activités terrestres et maritimes par satellite. En rachetant l’américain Ground Control, expert des solutions de connectivité par satellite dans les zones reculées, l’entreprise présidée par Stéphanie Limouzin entend renforcer son leadership sur un marché en plein essor.

Seulement huit mois se sont écoulés depuis sa dernière opération de croissance externe et le rachat des bretons Quiet-Oceans. Collecte Localisation Satellites (CLS), filiale du Centre national d’études spatiales (CNES) (34%) et de la Compagnie nationale à portefeuille (CNP) (66%), a annoncé le 9 octobre 2025 l’acquisition de l’américain Ground Control (35 M€ de CA), spécialiste des solutions de communication satellite et de l’internet des objets (IoT), conçues pour les opérations critiques et dans des environnements isolés.
Une nouvelle présidente
Une opération qui s’inscrit parfaitement dans la nouvelle feuille de route dressée il y a quelques semaines par Stéphanie Limouzin. Fraîchement nommée au poste de présidente du groupe toulousain installé au Parc Technologique du Canal, à Ramonville-Saint-Agne, l’intéressée a fixé plusieurs priorités : accélérer le développement du groupe à l’international, renforcer son leadership technologique, et « innover toujours plus au service de la planète ».
Grâce à ce rachat, CLS renforce ainsi son maillage territorial avec quatre sites opérationnels supplémentaires au Royaume-Uni et aux États-Unis, en plus des 31 qu’elle possède déjà à travers le monde. Forte de 193 M€ de chiffre d’affaires en 2024, la société compte désormais 1 100 collaborateurs et poursuit sa mission, à savoir : capter et traiter des données scientifiques à l’échelle planétaire, de quoi améliorer la gestion durable des ressources maritimes, la surveillance météorologique, la sécurité maritime, et celle des infrastructures de production d’énergie off-shore.
Des solutions et services complémentaires
Cette acquisition donne accès à CLS à un portefeuille de 4 500 clients dans 130 pays et aux données collectées par 80 000 balises actives dans le monde. Autre atout pour le spécialiste des données satellitaires : l’intégration de la plateforme web Cloudloop qui vient élargir son offre de services. Développé par les équipes de Ground Control, cet outil centralise la gestion des balises et de leurs données, un programme très utilisé dans les secteurs de l’énergie, des transports et des communications d’urgence.

Autres solutions imaginées par la nouvelle filiale du groupe occitan : la conception de terminaux de communication satellitaires, comme le RockBlock et son dispositif RockRemote « pensé pour des besoins plus avancés de connectivité IoT et machine-to-machine ». Des technologies complémentaires de l’écosystème de CLS, constitué de « balises, de services, de plateformes cloud décisionnelles, mais aussi de modèles de prévision et d’outils d’intelligence artificielle », indique l’entreprise dans un récent communiqué.
Aux prémices de ses activités, CLS développait dès 1986 la balise Argos, alors installée sur une centaine de bouées océanographiques, et dont les données produites sont encore aujourd’hui partagées et exploitées par la communauté scientifique internationale. « Opérateur historique du système satellitaire de localisation et de collecte de données, CLS localisait des objets bien avant l’apparition du GPS », rappelle la compagnie.
Une galaxie d’objets connectés pour observer la Terre
Avec les données fournies par une myriade de 200 000 balises connectées à travers le monde, CLS assure désormais pour ses clients « le suivi de la biodiversité, la gestion des troupeaux, la smart-agriculture, la gestion durable des pêches, l’observation des océans, des glaces, des systèmes hydrologiques, la détection des pollutions et la mise en place de systèmes d’alertes précoces face aux catastrophes naturelles ». L’entreprise toulousaine traite également 20 000 images radar et optiques par an fournies par ses vingt instruments embarqués à bord de satellites d’observation.
Les services satellitaires de CLS permettent aussi de garantir « la sécurité des personnes, des biens et des infrastructures critiques ». Comment ? Grâce au maillage des balises et des instruments satellitaires qui assurent la connexion des véhicules humanitaires, du trafic maritime mondial, des pipelines, des barrages, des réseaux énergétiques, y compris dans les zones isolées et difficiles d’accès.
« Combiner les services IoT spatiaux de CLS avec les solutions matérielles robustes et les plateformes cloud de Ground Control était une évidence », estime Stéphanie Limouzin. Un sentiment partagé par Alastair McLeod, le directeur général de Ground Control : « Ensemble, nous proposons des solutions de bout en bout : matériel, connectivité, plateforme, support... avec une couverture mondiale renforcée et des valeurs environnementales partagées. »
Ce rachat vient donc confirmer les ambitions du Toulousain qui vise les 210 M€ de chiffre d’affaires en 2025, soit un taux de croissance de 9 % (plus deux points sur un an).