Spatial : avec sa future usine de 10 000 m2, Mecano ID veut tripler ses moyens de production
Technologie. Pour produire les futures coiffes des lanceurs du New Space, le toulousain spécialisé dans l’ingénierie, l’intégration et les essais de structures spatiales va construire une usine de 10 000 m2. Coût de l’investissement : de l’ordre de 10 M€ financés sur fonds propres, par des prêts bancaires et potentiellement une ouverture de capital, la première pour cette entreprise familiale qui réalise 8 M€ de CA.
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2024 aura été une année charnière pour Mecano ID. L’entreprise toulousaine, spécialisée dans le développement, la fabrication et les tests de structures spatiales, a vu sa gouvernance évoluer à l’occasion de ses 30 ans. Son président et fondateur, Didier Mesnier, a en effet passé le flambeau et transmis l’entreprise familiale à ses trois enfants dont Adrien Mir, actuel directeur général.
La PME, qui emploie 95 collaborateurs pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 8 M€ (dont plus de 10 % sont consacrés à l’innovation), a pour clients les grands donneurs du spatial comme Airbus D&S, Thales, le CNES, les agences telles que l’ESA ainsi que les laboratoires de recherche du CNRS et les équipementiers du secteur des satellites. Des clients essentiellement français et européens : l’entreprise exporte son savoir-faire dans une dizaine de pays étrangers.
Ce changement discret dans la gouvernance coïncide aussi avec les nouvelles ambitions de Mecano ID, à savoir étendre son offre au marché des lanceurs. Historiquement positionnée sur le marché des équipements pour satellites depuis sa création en 2004, la PME a en effet d’abord développé une expertise autour des essais mécaniques et thermiques avant de se lancer également dans le développement et la fabrication d’éléments en composite pour ses clients mais aussi en propre.
Elle dispose ainsi aujourd’hui d’un catalogue fourni de composants qualifiés pour les vols spatiaux. En 2020, la PME a également développé avec le soutien du CNES, un déployeur de satellites qui lui a valu d’être lauréate du Plan d’investissement d’Avenir. Ce mécanisme, qui permet de déployer dans l’espace des nanosatellites (15 à 60 kg), a fait son premier vol sur Ariane 6.
Le marché des coiffes de lanceur
Désormais, Mecano ID cible directement les entreprises et start-up qui travaillent sur les lanceurs avec la production de coiffes en composite, la coiffe étant l’extrémité antérieure du lanceur ou de la fusée. C’est en effet en discutant avec les acteurs français du lancement, MaiaSpace, Latitude ou encore Sirius, à l’occasion des consultations organisées pour la fourniture de la coiffe de Themis, un programme européen de démonstration de lanceur à bas coût et réutilisable, que le Toulousain a identifié ce nouveau marché.
« Alors que tous ces acteurs sont essentiellement focalisés sur les technologies de moteur, c’est-à-dire la base du lanceur, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait un besoin sur la partie haute », détaille Adrien Mir. La seule solution existante à ce jour « ne correspond pas aux besoins de ce nouveau marché, soit en terme de durée de développement soit en terme d’approche financière, compte tenu du business model assez disruptif de ces nouveaux lanceurs », poursuit le directeur général.
Avec son projet de coiffe baptisé COCOMO, Mecano ID figure parmi les lauréats de l’appel à projet sur « le développement de mini et micro-lanceurs » lancé par le gouvernement dans le cadre de France 2030 et dont les noms ont été révélés en mars 2024. Il s’agit pour le Toulousain de développer des coiffes pour lanceur tout équipées, performantes et à bas coût. Sur ce sujet, Mecano ID travaille avec Compositadour, plateforme technologique de l’École supérieure des technologies industrielles avancées (ESTIA) à Bayonne. Ce projet de R&D interne d’un montant de 7 M€, tous partenaires confondus, sera financé à hauteur de 30 % par Bpifrance.
Une future usine de 10 000 m2
Pour Mecano ID, la fabrication de ces coiffes signifie un véritable changement d’échelle compte tenu de leur taille (de l’ordre, pour les plus grandes, de 10 m de long et 4 m de large). Pour accompagner cette évolution, l’entreprise, qui a déjà doublé la taille de ses locaux en 2018 pour les porter à 3 000 m2, s’apprête à lancer la construction d’une nouvelle usine. D’une surface de près de 10 000 m2, elle sera implantée à Toulouse ou en proche périphérie. « Nous étudions plusieurs opportunités mais ce n’est pas une partie facile ! » résume Adrien Mir.
Quant à l’investissement prévu, pour le dirigeant, il est encore trop tôt pour le chiffrer précisément. « L’ordre de grandeur, c’est 10 M€, mais c’est très approximatif puisque nous sommes en train de monter le projet ». Son financement, lui, devrait être assuré en partie sur fonds propres et grâce à des prêts bancaires. « Nous sommes également en train de déposer un dossier « première usine » et possiblement, nous allons pour la première fois dans l’histoire de Mecano ID ouvrir le capital et faire une levée de fonds. »
Reste qu’il faut aller vite. La nouvelle usine devrait fonctionner en 2027. « Les premiers vols commerciaux de ces nouveaux lanceurs sont prévus pour certains dès 2028. Les différents acteurs vont avoir besoin d’une supply chain qui réponde aux cadences et à leurs ambitions », conclut Adrien Mir. Alors que le marché des lanceurs est en plein développement, le dirigeant prévoit d’ici 2030 l’embauche d’une cinquantaine de collaborateurs et table sur un doublement de son chiffre d’affaires.