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TBS Education : pourquoi le projet de campus est abandonné

Le nouveau campus de TBS Education ne sortira finalement jamais de terre. La décision a été rendue publique le 14 septembre 2023. Une semaine après, la direction générale de l’école de management a bien voulu revenir plus en détail sur cette annonce.

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Classée récemment par le Financial Times au 37e rang de son palmarès mondial des meilleurs masters en management, la business school accueille chaque année quelque 6 000 étudiants dans ses campus de Toulouse, Barcelone, Paris et Casablanca. ©TBS

Le 14 septembre 2023, à la surprise générale, TBS Education annonçait l’abandon de son projet de campus dans le quartier Compans-Caffarelli, en centre-ville de Toulouse (Haute-Garonne).

Un projet ambitieux qui devait voir sortir de terre un ensemble immobilier de plus de 30 000m², pouvant accueillir 4 500 étudiants en simultané dans des espaces pédagogiques nouvelle génération.

Contactée par la rédaction, la direction générale de l’école de management a bien voulu revenir plus en détail sur cette décision.

Dans un communiqué datant de juin 2022, TBS expliquait être pleinement engagé dans ce projet. Que s’est-il passé en l’espace d’un an ?

TBS : Nous avons pris cette décision début septembre car nous étions en plein processus d’appel d’offres. Or, nous sommes tous témoins de la situation économique difficile dans laquelle se trouve le pays. Crise sanitaire, guerre en Ukraine, inflation, envolée des taux d’intérêts… La conjoncture actuelle a engendré l’abandon de nombreux projets immobiliers.

Et pour cause, comme d’autres secteurs, celui du BTP est fortement impacté par ces tensions et crises successives. TBS est simplement pris dans les mêmes complexités conjoncturelles que d’autres acteurs qui ont des enjeux dans le domaine de l’immobilier.

L’impossibilité d’un « quoi qu’il en coûte »

Poursuivre coûte que coûte ce projet aurait-il mis en danger la santé financière de l’école ?

TBS : L’information est publique : nous faisons 65 millions de CA consolidé et le projet avait atteint les 200 millions d’euros, contre 120 au départ donc oui, les risques étaient bien réels.

Si nous avions pu lancer ce projet de campus il y a trois ans, les choses auraient été différentes. Là, avec une hausse de 65% des coûts de fabrication, sans parler des taux d’intérêts qui ont bondi de 1,5 à 5%, il nous a paru légitime et même impératif en qualité de gestionnaire de prendre cette décision-là. Le quoi qu’il en coûte est peut-être possible pour l’État mais par pour toutes les entreprises.

Dans le communiqué de presse du 14 septembre, vous expliquez que ce projet immobilier va être « repensé ». Qu’entendez-vous par là ? Des alternatives sont-elles envisagées ?

TBS : Cela veut dire partir de nos besoins initiaux pour voir qu’elles sont les différentes solutions qui s’offrent à nous. Une phase d’évaluation est en cours et elle se poursuivra pendant plusieurs mois. Aujourd’hui, clairement, il est trop tôt pour se prononcer sur ces alternatives.

Après Barcelone en 2022 et Paris en 2023, vous allez prochainement inaugurer un nouveau campus en 2024, cette fois-ci à Casablanca. Cette stratégie de développement tournée vers l’international s’est-elle finalement faite au détriment de Toulouse ?

TBS : Non, absolument pas. Plus de la moitié de nos étudiants sont ici, cela n’aurait donc aucun sens d’abandonner Toulouse dans notre perspective de développement. C’est d’ailleurs pour cela que nous avons la volonté de trouver la meilleure réponse. Et en l’état, aller s’endetter à plus de trois fois notre CA annuel et n’être plus en capacité par la suite de lancer de nouveaux projets et d’investir n’était pas la bonne solution.

Par ailleurs, c’est important de le rappeler mais à l’international, comme de nombreuses entreprises, nous avons fait le choix d’être locataires de nos bâtiments. Nous sommes propriétaires d’une partie de nos murs à Toulouse et nous souhaitions le devenir pleinement avec ce projet. Mais en devenant propriétaire, le budget n’est plus le même. On ne parle pas seulement d’aménager des locaux mais bien de construire. Donc quand le surcoût du projet a dépassé les 65%, il était de notre responsabilité de prendre une décision raisonnée et de tout stopper.