Terre de Pastel, l’or bleu made in Labège
Commerce. Entre tradition et modernité, le groupe Terre de Pastel qui capitalise depuis huit ans sur les vertus tinctoriales et cosmétiques des feuilles de pastel, a misé sur le digital pendant la crise en lançant une e-boutique. Aujourd’hui, elle rouvre ses espaces, tout en poursuivant ses projets de R & D.
Fondé en 2013 à Labège par Jean-Jacques Germain et Sandrine Banessy, pour valoriser les atouts du pastel Isatis Tinctoria L. en cosmétique et textiles, le groupe Terre de pastel est constitué aujourd’hui du Muséum du Pastel, des bureau et ateliers de création et fabrication, de boutiques et d’un spa de 800 m2, le plus vaste de la région. Un élégant boudoir, vient compléter l’offre de soins de beauté et de bien être, rue Rémusat à Toulouse. Engagé dans une démarche écoresponsable, le groupe fait depuis trois ans cultiver le pastel par un agriculteur en convention bio, sans pesticide ni herbicide. 14 hectares ont ainsi été mis à disposition en commodat par le Sicoval. Pendant le premier confinement, il a fallu s’adapter. Une e-boutique a notamment été lancée avec plus de 150 références pour garder le contact avec la clientèle. Depuis le 19 mai et la réouverture des commerces « non-essentiels », la PME de 35 salariés rouvre enfin ses différents espaces à l’exception de la balnéothérapie qui reprendra le 8 juin. Comme beaucoup d’entreprises, elle a vu son chiffre d’affaires fondre de 30 à 40 % en 2020 alors qu’elle affichait un CA de 1,4 M€ en 2019. La trésorerie de la holding a permis de passer la crise et de ne pas licencier. Un retour à la normale n’est toutefois pas prévu avant septembre 2022. Pour autant, le projet de création de la Manufacture du Pastel à Labège reste d’actualité.
L’aventure est née de la volonté de deux passionnés, Jean-Jacques Germain et Sandrine Banessy, pour qui il était une évidence que cette plante rare et précieuse était une source d’inspiration et de développement. La curiosité autour de cette plante qui, à la Renaissance, a fait la fortune du pays toulousain, était confidentielle lorsqu’ils ont décidé de développer l’exploitation de la feuille de pastel depuis Labège. Les associés, qui ont de nombreux projets, ont continué à investir pendant cette période particulière pour être prêts à rouvrir dès que les annonces gouvernementales le permettraient.
En temps normal, le Muséum peut accueillir 25 000 à 30 000 personnes par an avec la visite des espaces, des séminaires, de l’événementiel et divers ateliers pour petits et grands. Dans une démarche écoresponsable, les teintures sont réalisées sur place au cœur du musée. Les ateliers de fabrication d’impression sur tissu et de bijoux sont accolés à la boutique.
Depuis 2018, une production de miel de pastel vient compléter la gamme de produits. Très aléatoire, la production varie de 25 kg à 200 kg selon les millésimes. Cet été, une bière à base de miel de pastel des millésimes précédents sera proposée à la vente.
Les boutiques de Labège, Toulouse et Albi ont rouvert leurs portes et ne proposent pas moins d’une centaine de références dans les domaines de la beauté, de la mode et de la maison.
Les activités de balnéothérapie du spa Bleu par Nature seront à nouveau disponibles à partir du 8 juin.
Terre de Pastel exploite la feuille de pastel autant pour la cosmétique que pour les teintures. Aujourd’hui, pour une tonne de feuilles fraîches, au mieux 2 kg de pigment sont extraits. En partenariat avec Terre de Pastel, Céline Mathieu, du Laboratoire de chimie agro-industrielle LCA-CRT Catar sur le campus de l’INP, développe un projet de recherche baptisé Newcocagne qui tend à valoriser la feuille de pastel, améliorer le procédé et la qualité du pigment. Ce projet, financé en partie par la Région Occitanie sur des fonds Feder, vise à développer les connaissances sur l’obtention du pigment bleu à partir de la feuille (d’autres laboratoires sont partenaires : PharmaDev, Cirad, Agir-Odycee).