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Reprise par ses salariés, l’entreprise lotoise MétalFormage ne demande qu’à rebondir

Métallurgie. L’entreprise de Puy-l’Évêque, dans le Lot, vient d’être reprise à la barre du tribunal par 18 de ses salariés. Spécialisée dans la mécano-soudure, la nouvelle société coopérative travaille pour de gros donneurs d’ordre dans des secteurs porteurs tels que la défense, le ferroviaire et la construction navale. La PME table sur un chiffre d’affaires de 2,1 M€ en 2025.

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18 salariés de l’entreprise MétalFormage, spécialisée dans la mécano-soudure, ont investi dans la création de la Scop. La société coopérative reprend 20 CDI sur 27. (©Métal Formage)

« Et si la Scop était le modèle idéal pour l’entreprise de demain ? », titrait en décembre dernier le média We Demain pour souligner l’engouement actuel dont bénéficie ce mode d’organisation des entreprises. En France, on compte en effet 4 558 sociétés de ce type où les salariés sont les associés majoritaires et où le pouvoir est exercé démocratiquement. Elles emploient globalement quelque 87 700 salariés.

Sur le territoire occitan, on en recense 578, représentant près de 7 440 emplois et 636 M€ de chiffre d’affaires. Des nombres qui ne cessent de croître comme en témoigne le dernier bilan publié par l’Union régionale des Scop d’Occitanie (Urscop). En 2024, 25 nouvelles coopératives ont été créées dans la région, assurant la création ou le maintien de 164 emplois.

L’Urscop accompagne les sociétés coopératives, depuis la structuration du projet de création jusqu’au développement stratégique en passant par l’accompagnement à la levée de fonds et à la croissance externe. Elle s’appuie sur deux pôles : le pôle Pyrénées qui étend son action sur les huit départements de l’ex-Midi-Pyrénées et le pôle Méditerranée qui couvre l’ex-Languedoc-Roussillon.

De son côté, au cours du premier trimestre 2025, l’Urscop Occitanie Pyrénées a déjà accompagné la reprise de l’usine tarnaise Compobaie, spécialisée dans les ouvertures et les fenêtres, par la Scop 3B Concept. Elle vient également de soutenir la reprise de l’entreprise MétalFormage par une partie de ses salariés. La société lotoise est une des cinq filiales de MF Group, un groupe basé à Puy-l’Évêque (46). Elle employait avant la reprise 27 salariés pour un chiffre d’affaires de près de 3 M€.

Des marchés porteurs

Spécialiste en tôlerie et chaudronnerie fine industrielle, MétalFormage propose des services de sous-traitance en découpe laser, pliage, mécano-soudure, traitement de surface et peinture industrielle. Forte de 40 ans d’expérience, la PME, installée elle aussi à Puy-l’Évêque, est notamment présente dans les secteurs de la défense, du ferroviaire et de la construction navale.

L’entreprise a en effet pour clients la SNCF, les Chantiers de l’Atlantique, le groupe Cahors, Mécabrive ou encore KNDS, groupe d’armement franco-allemand issus du rapprochement de Nexter et de KMW. La société, qui possède son propre bureau d’étude, fabrique notamment pour ses principaux d’honneur d’ordre des garde-boue et des pièces de rechange pour les véhicules militaires, des chasse-pierre pour les trains, des poutres de terrasse pour les paquebots ou encore des armoires électriques.

En fin d’année dernière, suite à des difficultés financières, plusieurs des entités du groupe ont fait l’objet de procédures collectives. Ce fut le cas de Metal Formage, mise en redressement judiciaire le 30 octobre. Durant la procédure, un seul repreneur s’est manifesté qui a finalement retiré son offre le 3 mars dernier.

20 CDI sauvegardés sur 27

Après cinq mois compliqués, « à trois jours de l’audience devant le juge consulaire, nous nous sommes retrouvé sans offre de reprise, se souvient Gaël Schillaci, ex-directeur général du groupe, aujourd’hui gérant de la Scop. J’ai alors informé l’administrateur judiciaire que nous étions en train de travailler à la création d’une société coopérative. Le tribunal de commerce a accepté de nous accorder un nouveau délai de trois semaines pendant lequel nous sommes parvenus à monter le dossier. »

Appuyé par la CCI du Lot, ce projet permet le maintien de 20 CDI sur 27, 18 salariés ayant pris des parts dans le capital social. À leurs côtés, un ex-salarié a également décidé d’investir pour devenir le dix-neuvième associé de la Scop. L’Urscop Occitanie Pyrénées est, elle, intervenue pour le montage du dossier mais elle s’est aussi portée caution pour une bonne partie du prêt obtenu par la PME pour financer notamment son fonds de roulement. « La Région devrait également nous aider à doubler le capital social, aujourd’hui de 20 000 € », ajoute le gérant.

Un carnet de commandes rempli jusqu’en août

Malgré ces péripéties, MétalFormage a gardé le soutien de ces principaux donneurs d’ordre. « Tout le monde nous suit », se félicite Gaël Schillaci. Bien implantée sur ces marchés porteurs que sont la défense, le ferroviaire et la construction navale, le dirigeant se dit confiant. « Nos carnets de commandes sont pleins jusqu’au mois d’août. On n’est donc pas trop mal ! », ajoute-t-il.

S’il s’occupe pour l’heure de « faire redémarrer la machine », Gaël Schillaci se projette déjà vers l’avenir. Un avenir qui passe par la diversification. « Il faudra à terme que nous produisions nos propres gammes de produits, sous notre marque, afin de bénéficier de meilleurs marges. Mais ce n’est vraiment pour tout de suite. Et puis, ce sera seulement une activité complémentaire. Si cela génère 5 % de notre activité, ce sera déjà bien ! », conclut-il. Pour 2025, la PME table sur chiffre d’affaires de 2,1 M€.