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Depuis Toulouse, la start-up Tousolar installe des panneaux solaires Made in France

Environnement. L’installateur de panneaux photovoltaïques Tousolar a fait le choix audacieux du « fabriqué en France » dans un marché submergé par la production chinoise. Fondée en 2021 sur un modèle coopératif, l’entreprise a réalisé cette année un chiffre d’affaires de 760 K€ et vise le million en 2025. Pour cela, elle souhaite notamment démocratiser l’autoconsommation collective.

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La coopérative d’intérêt collectif Tousolar située au nord de Toulouse travaille aussi bien avec des particuliers qu’avec les collectivités. Son fondateur Guillaume Lamiaud et ses équipe pose des panneaux solaires entièrement fabriqués en France. (© Tousolar)

Alors que les températures commencent à baisser en cette fin de mois d’octobre, l’envie de rallumer le chauffage se fait déjà sentir pour certains, et avec elle la crainte d’une facture d’électricité qui s’envole. Conséquence de la crise économique que traverse le pays depuis 2021, les particuliers ont vu leur facture augmenter de plus de 45 %, et les choses pourraient même s’aggraver après l’annonce du gouvernement Attal de mettre un terme progressif au bouclier tarifaire d’ici la fin 2024.

Face à la peur d’une addition trop salée, beaucoup n’ont d’autre choix que de laisser leur chauffage au gaz ou électrique éteint. Pour protéger leur porte-monnaie, et réduire par la même occasion leurs émissions de gaz à effet de serre, ils sont de plus en plus nombreux à opter pour des sources d’énergie renouvelables comme la chaudière à bois, la pompe à chaleur ou encore le solaire avec les panneaux photovoltaïques. Encore très minoritaires il y a une quinzaine d’années, les panneaux solaires se sont depuis très largement démocratisés.

Leur installation s’adresse aujourd’hui aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises, avec à la clé de sacrées économies si on se fie au simulateur d’EDF, qui affirme qu’une famille de quatre personnes en location dans une maison de 150 mètres carrés pourrait économiser près de 600 € si elle installait des panneaux photovoltaïques sur son toit.

Accompagné par l’incubateur Alter’Incub

Problème, à l’heure où les Français aspirent à consommer local et que le président de la République a fait de la réindustrialisation (et du fabriqué en France par extension) « la mère de toutes les batailles », le secteur de l’industrie photovoltaïque est dominé de la tête et des épaules par la Chine comme le rappelle Bpifrance dans un article publié en mai 2023 : « L’empire du Milieu pèse pour 80 % de la production mondiale des panneaux solaires, voire 95 % pour certains composants tel le polysilicium, et abrite les dix plus gros fournisseurs de la planète. »

À Toulouse, pourtant, une jeune entreprise installée depuis 2021 à Fonbeauzard a décidé de tenir tête aux géants chinois, non pas grâce à une potion magique, mais en installant en Occitanie des panneaux 100 % Made in France. Son nom : Tousolar.

La jeune pousse se fournit auprès d’un seul fabricant de panneaux solaires, Voltec Solar. Située dans le Bas-Rhin, cette filiale du groupe Cetih se démarque par l’innovation et la qualité. Ainsi, contrairement aux idées reçues, « les panneaux solaires fabriqués en France ne sont pas beaucoup plus chers que la moyenne des prix du marché, assure Guillaume Lamiaud, le fondateur de Tousolar. C’est bien sûr difficile de faire face à la concurrence chinoise, mais nos clients sont conscients que la qualité et la fiabilité se paient. Ainsi, pour une maison de quatre personnes , le coût de la pose est d’environ 8 900 € ».

Pour transformer ce qui n’était alors qu’un projet en entreprise, Guillaume Lamiaud a bénéficié de l’accompagnement de l’incubateur d’innovation sociale Alter’Incub. Construite sur le modèle d’une coopérative d’intérêt collectif (Scic), l’entreprise est autonome, complètement gérée par ses membres et indépendante juridiquement. Elle compte aujourd’hui 12 associés et huit salariés.

« Une Scic, c’est une structure qui va dans le bon sens parce qu’elle donne la parole aux salariés, aux clients et aux partenaires. Pour faire partie de la coopérative et accéder à des parts sociales, il faut débourser 100 €, et nous ne reversons pas de dividendes », précise Guillaume Lamiaud. Outre la pose des panneaux solaires, les équipes de Tousolar proposent également un accompagnement personnalisé à leurs clients : des démarches administratives pour obtenir les aides à l’installation jusqu’au suivi de consommation.

Objectif : 1 M€ de CA en 2025

La coopérative Tousolar compte parmi ses clients des particuliers mais aussi des collectivités. Parmi les récents chantiers réalisés, à noter l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit d’un gymnase d’une commune du nord de Toulouse ou encore, sur celui « du centre d’archivage du ministère de la Justice à Montech, dans le Tarn-et-Garonne », indique Guillaume Lamiaud qui espère grossir son portefeuille clients dans les années à venir grâce notamment grâce à l’autoconsommation collective.

Ce mode de consommation « consiste à installer un ou plusieurs panneaux sur le toit d’une copropriété et à partager la production d’électricité entre les différents occupants de l’immeuble », explique le gérant de la coopérative. Cette énergie produite peut être partagée au niveau d’un immeuble et aussi d’un quartier, d’une collectivité ou d’une zone d’activités. Un marché porteur si l’on en croit le spécialiste de l’autoconsommation collective Enogrid : « Il y avait en décembre 2022 près de 149 opérations actives, ce nombre a plus que doublé pour atteindre 305 opérations en décembre 2023. Une augmentation impressionnante de 104 % qui témoigne de l’engouement croissant pour ce modèle de partage de l’électricité. »

Pour développer ce segment d’activité, la jeune pousse a reçu le soutien de la Région Occitanie via le programme Realis, qui propose aux entrepreneurs engagés dans la transition sociale et/ou environnementale un accompagnement afin de sécuriser leur création et favoriser leur développement. La coopérative haut-garonnaise, qui a enregistré un chiffre d’affaires de 760 K€ en 2024, vise « entre 1 M€ et 1,2 M€ de CA en 2025 », conclut Guillaume Lamiaud.