Transition énergétique : en Occitanie, Enedis multiplie les investissements
Énergie. Le gestionnaire du réseau public de distribution de l’électricité investit 480 M€ par an en Occitanie. Une somme qui ne devrait faire qu’augmenter pour tenir les objectifs du schéma régional de raccordement au réseau des énergies renouvelables et au vu du développement des usages de l’électricité.
Développement des usages de l’électricité, intégration dans le réseau des énergies renouvelables, impacts du changement climatique… pour Enedis, le gestionnaire du réseau public de distribution de l’électricité, le défi à relever est colossal. À telle enseigne qu’il est contraint de doubler ses investissements partout en France. En quelques années, leurs montants est passé de 2 Mds€ à près de 5 Mds€ par an aujourd’hui pour assurer la maintenance, le développement et la modernisation du réseau.
Le challenge n’est pas moins grand en Occitanie, la région étant l’une des plus dynamiques en matière de production des EnR mais aussi en matière de mobilité durable. Sur les 13 départements de la région, Enedis investit ainsi 480 M€ par an dans l’adaptation du réseau dont 80 M€ pour accompagner la transition climatique (enfouissements des lignes, sur-élévation des postes contre les risques d’inondation…).
Développement des EnR
Un montant qui ne devrait pas baisser dans les prochaines années, puisqu’en vertu du schéma régional de raccordement au réseau des énergies renouvelables (S3REnR) signé en décembre 2023 par le préfet de région après deux ans de concertation avec Réseau de Transport d’Electricité (RTE) en collaboration avec Enedis, la Régie municipale d’électricité de Saverdun (Ariège) et la Coopérative d’électricité de Saint-Martin-de-Londres (Hérault), ce sont 847 M€ qu’il faudra investir d’ici 2032 pour répondre au développement des EnR. Alors que la région compte déjà 138000 installations de production d’EnR (photovoltaïque et éolien) pour une puissance installée de 5,4 GW, le S3REnR Occitanie prévoit en effet d’accueillir 6,8 GW d’énergies renouvelables supplémentaires sur le réseau électrique pour le porter à 12,2 GW à cette échéance. Ces investissements seront répartis entre les gestionnaires de réseau (pour 262 M€) et les producteurs d’énergies renouvelables (pour 585 M€).
Essor des mobilités décarbonées
En parallèle, Enedis doit également soutenir le développement des usages, et notamment l’essor des mobilités électriques. En région, où l’on compte aujourd’hui 140 000 points de recharge dont 12 500 accessibles au public, l’entreprise a pour ambition d’installer 30 000 points de recharge supplémentaires. « L’enjeu, ici, c’est l’habitat résidentiel », résume Laurent Méric, directeur des affaires régionales et de la transition écologique chez Enedis. A l’échelle nationale, la filiale d’EDF a élaboré une solution pour permettre aux copropriétés et syndics de copropriété d’accéder à « une offre de raccordement dans un délai et à un tarif maitrisés, poursuit Laurent Méric. Sachant qu’en région, on dénombre 28 500 résidences dotées d’un parking d’au moins cinq places, ce sont autant de résidences qui peuvent demander une borne de recharge. Aujourd’hui, seules 700 résidences sont équipées mais le déploiement va aller croissant jusqu’en 2027 et de manière exponentielle au-delà, selon nos prévisions. » De fait ajoute Bastien Toulemonde, directeur régional d’Enedis, « en Occitanie, où la moitié des gens habite dans des collectifs, si on n’adresse pas cet enjeu-là, on se prive de la moitié des possibilités de décarboner la flotte de véhicules. » Un enjeu d’autant plus fort dans la métropole toulousaine où la part de l’habitat collectif est encore plus important (70 % de la population).
Sur ce territoire urbain, « en 2023, Enedis a investi au total 33 M€, dont la moitié pour des raccordements de nouveaux clients ou de nouveaux producteurs », précise Stéphane Lesénéchal, directeur territorial au sein d’Enedis. De gros chantiers mobilisent en effet ses équipes : la troisième ligne de métro qui a déjà nécessité pour le gestionnaire du réseau 7 M€ d’investissement l’an dernier pour l’alimentation des six tunneliers électriques, le déplacement de plus d’une soixantaine d’ouvrages et presque autant de branchements provisoires ; ou encore l’électrification des stations de vélos soit près de 400 sites concernés. L’autre chantier d’ampleur qui attend le gestionnaire, c’est la LVG. « Nous avons commencé à échanger avec SNCF Réseau autour du tracé de la LGV pour identifier les déplacements d’ouvrages ou encore les forages », précise Bastien Toulemonde.
L’impact de la loi Zan
Accompagner le développement des usages de l’électricité et intégrer les EnR, cela nécessite de construire de nouvelles infrastructures de réseau dont des postes sources qui artificialisent le territoire. Et Bastien Toulemonde de préciser :
Ils sont donc bien concernés par la loi Zan. Nous échangeons avec les pouvoirs publics de façon à ce que la loi Zan ne soit pas un frein au développement de ces infrastructures qui sont indispensables pour accueillir les énergies renouvelables dont on a besoin sur le territoire. Des quotas ont été définis sur le plan national, régional et par communes. Des discussions ont lieu en ce moment avec l’État et la Région, pour définir ce qui pourrait être pris dans le cadre des quotas nationaux et régionaux, de façon à éviter la situation qui nous parait présenter un risque, à savoir faire peser sur les communes l’utilisation de leurs quotas et qui nous freinerait dans notre capacité à trouver les terrains dont nous avons besoin pour construire ces postes. Nous projetons devoir construire 18 postes sources en Occitanie, d’ici 2032, sachant que leur emprise varie de 0,5 à 2 ha. »
Plus de 300 recrutements projetés
Ces efforts financiers colossaux se traduisent également par des recrutements d’ampleur : la filiale d’EDF qui emploie en région 4167 salariés répartis sur une centaine de sites, prévoit d’embaucher cette année 300 nouveaux collaborateurs en Occitanie. Pour l’ensemble de la filière électricité, sur le territoire régional, ce sont 800 recrutements qui sont projetés.
Pour faciliter ces embauches, l’entreprise a initié, en partenariat avec l’Éducation nationale, une nouvelle filière de formation, l’école des réseaux pour la transition écologique. Une cinquantaine de lycées à travers la France, dont cinq en Occitanie (Samatan, Muret, Saint-Affrique, Sète et Bagnères de Bigorre), ont ouvert des classes spécialisées. Elles accueillent déjà 400 élèves en région. « Notre objectif est qu’en 2024, il y ait dans chaque département au moins un lycée engagé dans la démarche. Nous souhaitons du reste prolonger la formation au-delà du Bac, avec la création d’un BTS », conclut Bastien Toulemonde.