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Cession d’entreprise : avec Capital Transmission, la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées veut investir 8 à 10 M€ en trois ans

Financement. D’ici dix ans, en France, 500 000 entreprises devraient être cédées en raison du départ à la retraite de leur dirigeant. Dont près de 40 000 en Occitanie. Pour faire face à cette vague de transmissions, la banque coopérative régionale lance Capital Transmission, une société d’investissement dédiée au financement des opérations de croissance et de cession-reprise d’entreprise.

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Claire Juan est la directrice d’investissement de Capital Transmission, la nouvelle structure créée par la Caisse d’Épargne de Midi-Pyrénées pour accompagner la cession-reprise d’entreprise. (©CEMP)

Alors que 37 000 cessions d’entreprises ont été enregistrées l’an dernier en France, selon le ministère en charge des PME, ce sont près de 500 000 entreprises qui devraient être cédées dans les dix prochaines années en raison du vieillissement de leurs dirigeants. Avec de forts enjeux en terme d’emplois (trois millions d’emplois salariés concernés), de souveraineté économique et de transmission des savoir-faire. Au point qu’une mission ministérielle dédiée a été créée en juillet dernier pour tenter de lever les freins à la transmission-reprise d’entreprise.

En Occitanie, 40 000 entreprises devraient ainsi changer de main d’ici 2030. « Un défi de taille » selon la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées (CEMP), qui, dans un communiqué daté du 29 septembre, vient d’annoncer la création de Capital Transmission, une société d’investissement dédiée à l’accompagnement des dirigeants dans leurs projets de transmission et plus largement dans leurs opérations de développement ou de croissance externe.

À l’échelon national, neuf caisses d’épargne ont déjà franchi le cap, dont celle de Bourgogne Franche-Comté qui fut la première à se lancer il y a près de 20 ans. Pour sa part, la CEMP a déjà eu, par le passé, une société d’investissement, Midi Capital, cédée en 2016 (aujourd’hui M Capital Partners). « Depuis lors, la CEMP investit via des fonds régionaux. Aujourd’hui, tout en poursuivant cette activité, nous nous dotons de notre propre véhicule d’investissement », détaille Claire Juan qui a pris la direction de la nouvelle structure.

Un accompagnement de long terme

Objectif pour la jeune femme, qui sera accompagnée dans l’étude des dossiers par les équipes de Naxicap Partners : « investir 8 à 10 M€ sur trois ans. » Sont visées les PME régionales qui réalisent entre 5 et 50 M€ de chiffre d’affaires dans lesquelles Capital Transmission prévoit d’investir de l’ordre de 500 K€ à 3 M€ en fonds propres et quasi fonds propres, sachant que « nous avons vocation à rester minoritaires au capital », précise la directrice d’investissement. Et d’ajouter :

Lorsque la transmission se fait au profit des managers de l’entreprise ou d’un membre de la famille du dirigeant, ces personnes n’ont généralement pas les moyens de la racheter. Dès lors, nous intervenons à leurs côtés, à travers une participation en actions ou en obligations, durant un certain temps, pour leur permettre de mener l’opération à bien, en complément d’un volet dette bancaire et de leur apport personnel. »

La nouvelle structure ne devrait pas avoir de difficultés à remplir ses objectifs. « Nous avons déjà beaucoup de demandes », reconnaît Claire Juan, même si ajoute-t-elle, « nous étudions une cinquantaine de dossiers pour réaliser une opération ! » La société régionale d’investissement a identifié plusieurs secteurs prioritaires qui constituent les marqueurs du territoire : l’aéronautique, le spatial, la santé, l’agroalimentaire et le tourisme.

Concrètement, la société d’investissement accompagne le dirigeant sur une période de cinq à sept ans. « Mais cela peut être plus si, à terme, le contexte n’est pas favorable, poursuit l’intéressée. Contrairement à un fonds d’investissement qui lève de l’argent, nous, nous n’avons pas de compte à rendre à des investisseurs puisque l’argent investi est celui de la Caisse d’Épargne. Cela nous permet de nous adapter au contexte économique et de choisir le meilleur moment pour sortir ».

Un important travail d’acculturation

Principal conseil distillé par Claire Juan : anticiper. « Ce sont des opérations qui peuvent s’initier jusqu’à deux ans en amont. » Le temps nécessaire aussi pour que le vendeur fasse son propre cheminement. « Ouvrir son capital pour un patron de PME, ce n’est pas anodin. Si certains sont bien au fait du sujet, ce n’est pas le cas de tous. Il y a donc une acculturation à faire parmi les chefs d’entreprise qui ont souvent peur que l’on s’immisce dans la gestion. Or, elle reste entièrement à leur main. Il faut également souvent leur faire entendre le juste prix de leur entreprise, ce qui n’est pas toujours simple », conclut-elle.

Selon le rapport d’impact de la Caisse d’Épargne de Midi-Pyrénées, ce sont 684 M€ de financements qui ont été injectés en 2024 (versus 540 M€ en 2023) par la banque coopérative régionale au soutien des TPE-PME et des professionnels du territoire pour financer aussi bien le cycle d’exploitation que l’innovation, la transmission ou la croissance externe des entreprises.

Pour rappel, au début de l’année 2022, la CEMP s’est dotée d’un plan stratégique ambitieux en vue notamment de reconquérir le marché des entreprises. Objectif rempli puisque que trois ans plus tard, elle compte plus de 450 nouvelles entreprises clientes. Le nouveau plan stratégique 2030, adopté par la Caisse d’Épargne en janvier 2025, ambitionne de capitaliser sur ces bons résultats avec la création de deux nouvelles structures.

800 entreprises à reprendre en Occitanie

Pour décupler son action, l’établissement financier régional qui compte quelque 900 000 clients, 1 700 salariés, 170 agences et huit centres d’affaires, a ainsi inauguré le 17 septembre dernier à Toulouse la Banque de l’Orme qui déploie une offre inédite pour les entreprises en difficulté. L’autre structure est Capital Transmission créée en partenariat avec Naxicap Partners, autre filiale du groupe Banque Populaire-Caisse d’Épargne (BPCE), spécialisée dans l’investissement privé et la gestion d’actifs.

Le site Transentreprise, géré par les chambres de commerce et d’industrie et les chambres de métiers et de l’artisanat, comptabilise à ce jour plus de 6 500 offres d’entreprise à reprendre sur le territoire français dont près de 800 en Occitanie (avec près de 125 en Haute-Garonne et une soixantaine en Tarn-et-Garonne).