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Le patron de la CPME Occitanie réagit à l’échec du conclave sur les retraites

Tribune. Après quatre mois de concertations, le conclave sur les retraites entre syndicats et patronat lancé par le Premier ministre François Bayrou s’est soldé fin juin par un échec avec l’arrêt des négociations. Celui-ci étant terminé, le président de la CPME Occitanie Vincent Aguilera, revient sur cette séquence inédite ouverte en février.

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La prolongation du conclave sur les retraites voulue par le Premier ministre suite à l’arrêt des négociations a été rejetée par les syndicats. L’occasion pour président de la CPME Occitanie Vincent Aguilera de donner son avis sur cette séquence politique. (©CPME Occitanie)

Sur fonds de tension sociale, le conclave sur les retraites s’est ouvert le 27 février dernier à Paris. Impulsée par le Premier ministre François Bayrou, cette concertation avec l’ensemble des partenaires sociaux avait pour objectif de « remettre en chantier » la réforme contestée de 2023. En vain. Malgré plusieurs mois de négociations, aucun accord n’a été trouvé entre le gouvernement, les sept syndicats (CGT, CFDT, Force ouvrière, CFE-CGC, FTC, Unsa, FNSEA) et les trois organisations patronales (le Medef, la CPME et l’U2P).

Retour du dialogue social et de la concertation ?

Élu à la tête de la CPME Occitanie (3 000 entreprises adhérentes) depuis 2022, Vincent Aguilera a pris la parole hier, mardi 8 juillet. Dans une tribune, le patron de la confédération - qui représente et accompagne les TPE-PME indépendantes dans les 13 départements de la région - revient sur cet échec... prévisible ?

Pour lui, « cet épisode porte en lui-même un péché originel. Celui d’un calcul politique qui a mis en balance le socle de notre pacte social et l’objectif d’éloigner une motion de censure. Ce conclave porte également l’aveu implicite de l’impuissance à résoudre une équation dont il a fait un sujet éruptif. Réforme Balladur en 1993, Fillon en 2003, des régimes spéciaux de 2008, Woerth en 2010, Touraine en 2014, Borne en 2023… : tout cela pour aboutir, selon le rapport du Conseil d’orientation des retraites de juin 2025, à un système encore et toujours (et très durablement) déficitaire. Obérant chaque année 14 % de notre PIB et entretenant un climat délétère pour notre économie et l’unité de notre pays, le sujet ne méritait-il pas mieux qu’un coup tactique sachant que la trajectoire actuelle conduit à 6,5 Mds€ de déficit en 2030 ? », s’interroge rhétoriquement Vincent Aguilera.

Alors que l’annonce de la fin des négociations a suscité de vives réactions , notamment au sein de la classe politique, certains députés parlant de « fiasco » ou encore d’« enfumage », et que François Bayrou se retrouve désormais sous la menace d’une nouvelle motion de censure (la troisième !), le président de la CPME Occitanie salue toutefois une méthode de dialogue inédite qui aura eu au moins la vertu de remettre au gout du jour l’art difficile de la concertation. Et pas seulement.

« Elle a en effet permis de reparler de démocratie sociale. Et cela, même si les “clés du camion” ont été tendues aux partenaires sociaux plus par calcul que par conviction. À l’heure où l’Assemblée nationale ne semble plus en capacité de débattre dans le respect et au service de l’intérêt général, les partenaires sociaux ont donné l’exemple en consacrant temps et énergie à négocier pour tenter de construire des compromis. Si la politique de la chaise vide a été retenue par certains, CFDT, CFE-CGC, CFTC, CPME et Medef ont donc fait le choix de la responsabilité pour tenter de préserver l’avenir de notre modèle de retraites. Une démarche non dénuée de courage car basée sur la recherche du compromis, par nature susceptible d’être spontanément mal acceptée », affirme Vincent Aguilera avant de poursuivre :

« Cette séquence a aussi permis de rappeler aux Français ce qu’est la mécanique du compromis. Âge d’annulation de la décote, égalité femme-homme, systèmes de correction de la pénibilité, augmentation de la CSG pour les retraités aux revenus moyens ou supérieurs… : tout a été mis sur la table. Et tous les participants ont accepté de composer sur certains points pour obtenir satisfaction sur d’autres. Le fait qu’un retour du départ à la retraite à 62 ans ne figurait pas dans le projet de “relevé de conclusions” de Jean-Jacques Marette, l’animateur du conclave, donne la pleine mesure de l’esprit de responsabilité qui a présidé aux échanges de ce conclave. »

Pour l’homme fort de la confédération occitane, une chose est claire : il faut redonner de la voix et du pouvoir aux corps intermédiaires sur les questions sociétales et économiques « car le devenir de notre modèle social ne se limite pas à celui des retraites. Et que ce sujet reviendra très vite, comme arrivera celui de la réforme de la protection sociale par exemple », prévient-il. « Comme l’a dit Éric Chevée, négociateur de la CPME au conclave, ces sujets gagneront à ne pas être abandonnés aux politiques. Car les partenaires sociaux sont plus pertinents et légitimes que quiconque pour gérer ces questions qu’ils ont l’habitude de traiter en entreprises avec une pratique quotidienne de la négociation. »

Et de conclure : « Remettre les partenaires sociaux au centre du jeu c’est la voie la plus sage, sûre, économique et simple pour ne pas replonger dans une crise politico-économique qui déstabilisera une fois encore -et peut-être une fois de trop- le tissu des TPE et PME d’Occitanie. »