Un nouveau campus Holberton School débarque à Toulouse
Formation. Après Lille, Paris et Laval, Holberton School, l’un des acteurs mondiaux de la formation au numérique, qui a initialement pris ses racines dans la Silicon Valley, ouvre un campus au coeur de la Ville rose le 16 mai. Objectif : former 300 experts spécialisés d’ici trois ans et faire de l’Occitanie une place forte du digital à l’échelle nationale.
L’un des acteurs mondiaux de la formation au numérique Holberton school a choisi Toulouse, pour sa quatrième implantation en France après Lille, Laval et Paris en 2021. « Toulouse est la ville étudiante la plus dynamique de la région, avec 130000 étudiants cette année et un fort potentiel, avec un tissu économique dynamique. Toulouse s’est ainsi imposée comme la ville qui accueillerait le projet dans le grand sud », souligne Stéphanie Metche-Serpault qui prend les rênes du nouveau campus, après avoir gravi les échelons pendant 11 ans à des postes de formatrice et de directrice pédagogique à l’école toulousaine Vidal.
Aide de la région
Les portes du campus, lequel devrait prendre ses quartiers, 37 rue des Marchands – dans les bureaux actuels de l’un de ses actionnaires, le groupe Bizness – s’ouvriront en mai prochain. Et la Région, qui lui a octroyé une enveloppe de 250 K€, dans l’objectif, comme le précise la directrice, « de réduire les frais de scolarité des 40 premiers étudiants inscrits pour la formation longue d’une durée de deux ans », a bien saisi l’enjeu de faire du territoire local un des fiefs français des métiers du numérique, filière créatrice d’emplois, surtout post-covid. Son ambition est ainsi de mettre sur le marché de l’emploi des experts spécialisés, alors que les entreprises du territoire souffrent d’une pénurie de collaborateurs qualifiés.
« Dès 2016, la Région a anticipé en créant un réseau de formation, l’École régionale du numérique, qui compte aujourd’hui 20 000 antennes réparties dans les 13 départements occitans. Holberton School s’inscrit dans cette dynamique et renforce l’offre de formation régionale. Pour les jeunes, les personnes en reconversion, en recherche d’emploi, c’est la possibilité de se former dans un secteur qui a de fort besoin en recrutements », a précisé Carole Delga, présidente de Région, à l’occasion de cette ouverture. En effet, selon le syndicat professionnel de l’écosystème numérique en France, Numeum, 230000 emplois sont à pourvoir dans ce secteur sur le territoire national d’ici 2025. À l’instar de la Région, l’État fait aussi du numérique une de ses priorités.
Inclusion et diversité et 300 experts formés d’ici trois ans
De fait, le nouveau campus mise sur 300 experts formés d’ici trois ans, à raison de trois cessions par an et d’une vingtaine d’étudiants par promotion. La singularité de la formation repose sur le principe du « peer-learning », une pédagogie, basée à 95% sur la pratique, qui favorise la collaboration et le travail d’équipe, suscitant ainsi l’émulation collective. « Les étudiants disposent d’une grande autonomie et travaillent par projets, de manière à être capables d’intégrer des entreprises dès l’issue de leur formation. Nous avons deux intervenants permanents à savoir un coach technique qui est référent pédagogique de la promotion et un succes manager qui accompagne les étudiants pendant et après la formation. Il apporte notamment des ressources sur les soft skills, les outils d’aide à l’employabilité, les techniques d’entretien, et les soutient également dans les difficultés. En effet, nous avons pour mission de former des actifs en reconversion, des demandeurs d’emploi mais aussi des jeunes éloignés de l’emploi ou des personnes précaires », souligne Stéphanie Metche-Serpault.
L’accessibilité est ainsi l’un des chevaux de bataille du modèle Holberton School. « Aucun diplôme n’est exigé ni prérequis. Ce qui compte, c’est la motivation et l’appétence pour l’informatique. Le candidat doit être simplement âgé de plus de 18 ans. Dans notre processus d’admission, le candidat s’essaye au codage. Il dispose de ressources et d’un coach pour la création d’un petit site internet. »
« Nous avons 30% de femmes au sein d’Holberton en France, soit un taux supérieur à celui des entreprises du secteur »
Le candidat a le choix entre une formation courte, avec neuf mois de fondamentaux et un stage en entreprise d’une durée de trois à cinq mois, suivi éventuellement d’une spécialisation de trois mois en tant que développer web ou de neuf mois supplémentaires pour les spécialisations au machine learning, la blockchain, le full stack ou la AR/VR à savoir la réalité augmentée. Ceci en vue de répondre à « un besoin grandissant d’apprendre à apprendre et de former aux métiers de demain. » Le tout en mode projet notamment en distanciel sur l’intranet de l’établissement.
Partenariats avec le tissu local
La directrice entend apporter sa pierre à l’édifice en mêlant formation et terrain et aussi faire bénéficier l’école du terreau numérique régional. « Je souhaite créer une synergie entre les acteurs, les entreprises et les autres écoles qui ont des compétences complémentaires, en vue de travailler de concert sur un projet global d’une entreprise pour répondre à une problématique et combiner différentes compétences numériques, détaille-t-elle. L’objectif est de développer des partenariats avec des entreprises locales et nationales. Différents pourparlers sont en cours et nous nous sommes rapprochés de Toulouse Métropole qui s’engage notamment à accompagner les étudiants de l’école vers l’emploi, grâce à des offres de stage au sein de la direction des systèmes numériques. »
Lancée en France sous l’égide d’Actual group, acteur majeur du travail en France et du groupe toulousain Bizness, Holberton School, qui compte pour l’heure, une cinquantaine d’étudiants, prône ainsi l’inclusion et la diversité. « Le groupe Actual, nous aide dans la construction du projet mais également à l’issue de la formation pour l’employabilité de nos étudiants. Le taux d’employabilité avoisine 30% avant la fin de la formation et 100% au sortir de la formation. » Quid également de la féminisation du secteur ?
« Nous avons 30% de femmes au sein d’Holberton en France, soit un taux supérieur à celui des entreprises du secteur. Nous avons bon espoir que le métier se féminise. Pour ce faire, nous mettons en place des actions comme mettre nos étudiantes en avant pour donner envie aux femmes d’intégrer la formation. Nous promouvons des femmes ambassadrices parmi celles qui intègrent de grands groupes, etc. », conclut Stéphanie Metche-Serpault. Holberton School, créée dans la Silicon Valley en 2015 à l’initiative de deux ingénieurs français, compte plus de 2500 étudiants dans le monde dans 26 pays. Le modèle, qui se calque sur le modèle américain, donne accès à des titres diplômants. Dans la feuille de route de la directrice, figure ainsi le développement de la notoriété de ce modèle d’enseignement disruptif en vue de devenir l’acteur incontournable en France et ainsi de poursuivre le déploiement Holberton School dans d’autres régions.