Woodland Garden révolutionne la vente en vrac
Innovation. La start-up, implantée dans le Gard, a développé un système de distributeurs de vrac en bois qui ne nécessite pas de nettoyage et garantit une sécurité alimentaire optimale en remplaçant la trémie plastique par les sachets recyclables du fabricant.
D’ici 2030, les commerces de plus de 400 m2 devront consacrer au moins 20 % de leur surface de vente… à la vente de produits présentés sans emballage primaire, autrement dit en vrac pour se mettre en conformité avec l’article 11 de la loi Climat et résilience votée en 2021.
Encouragée par les consommateurs, cette pratique n’enchante pas les grandes enseignes qui vont devoir apprendre à s’organiser différemment. Au revoir le tout emballé et les logos attirants, et bonjour les amandes et autres fruits secs vendus en silo, en libre-service.
Une usine de production dans le Gard
L’entretien de ces silos en plastique ou en verre, appelés aussi trémies, fait partie des problèmes de logistique soulevés par les distributeurs et pour cause : ils doivent être lavés fréquemment dans une zone de lavage souvent externalisée.
Un gaspillage de la ressource en eau pas forcément en accord avec le principe même du vrac qui vise à réduire notre impact sur l’environnement. Ingénieur spécialiste des systèmes de conditionnement, d’emballages et de dosages de produits agroalimentaires, Christophe Ribot a peut-être trouvé LA solution pour perfectionner ce système de vrac en France.
En 2021, il a lancé sa start-up Woodland Garden qui fabrique et vend des distributeurs en bois alimentés par des sachets préemballés.
« En rupture totale avec l’offre existante sur le marché, notre produit change clairement la donne », assure Laurent Odinot, l’un des trois associés, avec Christophe Ribot et Morgan Hinque, de cette jeune pousse gardoise.
Ancien directeur général chez Heineken, l’homme connaît parfaitement le fonctionnement de l’industrie agroalimentaire et des circuits de distribution.
« J’ai rejoint l’aventure Woodland Garden car l’innovation de Christophe permet de lever plusieurs freins que ce soit pour les fabricants, les distributeurs et aussi les consommateurs. Grâce à ces silos en bois, nous garantissons aux acheteurs une meilleure conservation et traçabilité des produits. Pour les marques et les fabricants qui veulent être visibles, et donc identifiés par les clients, c’est aussi plus adapté puisque leur packaging reste intact. Enfin, les distributeurs sont fabriqués dans notre usine implantée dans le Gard, sur la commune de Beaucaire, à partir de matériaux bio sourcés, essentiellement du bois issu de forêts certifiées écoresponsable. Ils sont donc recyclables. »
Une première levée de fonds de 800 000 €
L’entreprise a bouclé en 2022 une première levée de fonds de 800 000 €. Parmi les investisseurs : Capitole Angels, le montpelliérain Melies ou encore Région Sud Investissement.
« Cela nous a permis d’investir dans l’outil industriel et ainsi répondre à la demande. D’ici le mois de septembre, nous aurons fini d’équiper notre usine de Beaucaire ». Le but ? Automatiser la production pour la fiabiliser, et donc gagner en cadence.
La start-up compte aujourd’hui sept salariés : deux à temps plein et cinq à temps partiel. « L’idée est vraiment d’adapter la masse salariale en fonction de la montée en puissance de notre activité », détaille Laurent Odinot.
Leurs objectifs pour 2023 ? Vendre 10 000 distributeurs « essentiellement pour le marché de la grande distribution » et atteindre les 850 000 € de CA.
Dans les années à venir la jeune pousse ambitionne d’investir de nouveaux marchés comme le petit bricolage (vis, clous…), la jardinerie (engrais, granulés…) ou encore la pet food.
Mais pour l’heure, les trois associés veulent participer à la démocratisation de la consommation alimentaire en vrac. Car si la France compte plus de 3 000 points de ventes dits spécialisés (magasins et supérettes bio) et 8 000 points de ventes en grande distribution, « la consommation, elle, reste occasionnelle et très catégorielle tournée principalement vers les fruits secs et les légumineuses », indique Laurent Odinot.
Et de poursuivre : « Ainsi, en 2021, le marché du vrac a dépassé le milliard de chiffre d’affaires, contre 100 millions en 2013. Il a donc indéniablement gagné du terrain mais reste encore aujourd’hui un secteur de niche qu’il faut continuer à développer. »