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Yoc Antigaspi, la nouvelle arme des cantines contre le gaspillage alimentaire

Innovation. Lancée en mars 2023, l’application toulousaine Yoc Antigaspi ambitionne de réduire de 50% le gaspillage alimentaire dans la restauration collective. Comment ? Grâce à une application mobile simple d’utilisation qui permet aux lycéens, étudiants et salariés de choisir à l’avance leurs repas.

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Photo de Jean-Louis Aziza avec Sokhna Dia, Émilien Fabre et Clarisse Langlois
Jean-Louis Aziza (en haut à droite) est le fondateur de la start-up toulousaine Yoc Antigaspi. Il est épaulé par trois collaborateurs : Sokhna Dia, Émilien Fabre et Clarisse Langlois. (©Yoc Antigaspi)

Les chiffres sont alarmants. Selon l’Ademe, l’agence de l’environnement et de la maitrise de l’énergie, « avec en moyenne 120 grammes de nourriture jetés par convive et par repas et un coût estimé à 68 centimes par convive et par repas, le gaspillage alimentaire dans le secteur de la restauration collective représentait en 2020 près de 8% du gaspillage alimentaire total en France pour les 3,8 milliards de repas servis chaque année ».

Face à ce constat, de nombreux acteurs publics et privés ont décidé de prendre les choses en main. À Toulouse, la start-up Yoc Antigaspi entend bien apporter sa pierre à l’édifice. Comment ? En partant d’un principe simple, à savoir que le meilleur déchet est celui que l’on ne produit pas. Après plus d’un an de R&D, son fondateur Jean-Louis Aziza a lancé en mars 2023 une application mobile innovante éponyme dont la mission est de réduire de 50% le gaspillage alimentaire dans la restauration collective : entreprises, établissements scolaires du secondaire et supérieur.

Fédérer les chefs, les élèves et les salariés

« Notre ambition est de fédérer les chefs et leurs équipes ainsi que les convives autour de cet enjeu crucial », explique l’intéressé qui a travaillé plusieurs années au sein d’une société toulousaine spécialisée dans la gestion des déchets. Alors en contact direct avec les établissements de restauration, « j’ai été bouleversé par les quantités de nourriture qui finissaient dans les poubelles mais pas uniquement. J’ai aussi vite compris que les professionnels du secteur étaient démunis et surtout dépassés par ce problème ».

Yoc Antigaspi se veut donc LA solution pour construire la restauration collective de demain. Mais concrètement comment ça marche ? « Une fois le contrat de partenariat signé avec l’entreprise ou bien l’établissement scolaire, les élèves comme les salariés peuvent télécharger gratuitement l’application sur leur téléphone. Simple d’utilisation, elle permet d’avoir accès à toutes les informations relatives à leurs cantines ou restaurants d’entreprise. Via un calendrier ils peuvent indiquer leur présence tels jours et choisir leurs entrées, leurs plats et leurs desserts à l’avance. Et parce que l’anticipation reste l’aspect le plus important, car le plus impactant, l’objectif est d’avoir toujours une semaine d’avance minimum pour que les équipes puissent organiser au mieux leurs commandes et leurs préparations », détaille Jean-Louis Aziza qui veut faire de Yoc Antigapi un levier de transformation de la société :

Au regard de l’urgence dans laquelle nous nous trouvons, on ne peut plus continuer à fonctionner comme on le faisait hier. C’est-à-dire dans l’immédiateté où il faut choisir son repas en quelques secondes sans vraiment réfléchir à ses envies et surtout besoins. C’est important de faire un choix éclairé de ce que l’on veut manger demain, après demain comme dans une semaine. »

Gagnant-gagnant, l’application permet aux entreprises et aux établissements scolaires de faire des économies : baisse des coûts de traitement des biodéchets et de la facture énergétique grâce à une estimation précise de la production à servir, meilleure gestion des stocks en flux tendu...

La start-up veut lever 350 000 €

En l’espace de quelques mois, la pépite - qui compte trois salariés - a signé des partenariats avec plusieurs lycées toulousains, avec à la clé plus de 1 000 téléchargements. Un début prometteur, « d’autant plus que nous avions délibérément limité son téléchargement à une poignée de classes afin d’être qualitatif sur les retours terrains avant de généraliser cette solution ».

Plébiscitée par les élèves, l’application a aussi tapé dans l’œil des investisseurs privés et publics. Lauréate d’une bourse French Tech de 25 000 €, la jeune pousse a décroché l’été dernier le label « start-up innovante » décernée par Bpifrance et a reçu à Toulouse le troisième prix du concours Les Pépites de la Food porté par l’association Les Pépites et le Grand Marché. Elle a aussi intégré le mapping 2023 des startups françaises à impact identifiées par France Digitale, Bpifrance Le Hub et le Mouvement Impact France.

Installée dans de nouveaux locaux faubourg Bonnefoy dans lesquels elle a investi 50 000 €, la start-up toulousaine est désormais entrée dans une nouvelle phase : celle du déploiement commercial. « Pour 2024, notre objectif est de trouver nos 100 premiers partenaires », indique Jean-Louis Aziza qui annonce par ailleurs répondre au nouvel appel à projets lancé par le ministère de l’Agriculture dans le cadre du Programme national pour l’alimentation (PNA) qui vise à accompagner des projets fédérateurs, démultipliables ou dits exemplaires.

« L’enjeu est de taille car notre application a vocation à être déployée sur l’ensemble du territoire français, et même européen. D’où l’importance de lever suffisamment de fonds cette année pour pouvoir accompagner notre développement à l’échelle régionale dans un premier temps, puis nationale. » Dans les prochaines semaines, Yoc Antigaspi va réaliser un premier tour de table auprès d’investisseurs privés de type business angels. Objectif ? Atteindre les 350 000 €.