Europe

Gaz russe : l’Union européenne a-t-elle réduit sa dépendance ?

Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Europe n’a eu de cesse d’afficher sa volonté de s’affranchir de sa dépendance au gaz russe. Mais qu’en est-il réellement sur le terrain ? Si les importations de l’Union européenne par gazoduc se sont réduites, ses achats de GNL (gaz naturel liquéfié) ont bondi.

Lecture 3 min
Cuisine au gaz
Le GNL est utilisé pour fournir le réseau de gaz naturel dans les foyers. (©Pixabay)

Bien que les importations de gaz de l’Union européenne (UE) par gazoduc se soient réduites depuis le début de la guerre en Ukraine, les achats de gaz naturel liquéfié (GNL) provenant par bateau de la Russie n’ont pas cessé de croître.

Selon Thierry Bros, professeur à Sciences Po, le GNL russe représente 16% des approvisionnements européens en 2023. Il est importé essentiellement par l’Espagne et la Belgique, ce qui fait de la Russie le deuxième fournisseur de l’Union européenne après les États-Unis.

La Russie, deuxième fournisseur de l’UE après les USA

Ainsi, la moitié des achats de gaz russe par l’UE pour l’année 2023 concerneraient du GNL. Selon l’ONG Global Witness, ces achats devraient atteindre 5,3 Mds€ à la fin de l’année 2023. De plus, pour attirer les cargaisons de GNL, la compétition est mondiale et les prix se sont envolés en 2022.

Or, Bruxelles entend stopper sa dépendance aux hydrocarbures russes, y inclus le GNL d’ici à 2027, vu le risque de fragilisation de l’équilibre énergétique de l’Union européenne en cas d’arrêt par la Russie de la fourniture de gaz.

Néanmoins, prenant le temps de diversifier ses approvisionnements, l’UE ne s’est opposée que tardivement au GNL. Actuellement, ce dernier est principalement acheté aux États-Unis, au Qatar, en Égypte ou en Afrique de l’Ouest. Conséquence, nous sommes de plus en plus dépendants du GNL puisqu’avant la crise, il ne représentait que 22 % des approvisionnements en gaz de l’Europe, alors qu’en 2023, il doit représenter 42 %.

Et la France dans tout ça ?

Pourtant, pour le moment la situation ne suscite pas d’inquiétudes étant donné que les réservoirs de l’Union européenne sont pleins à 90%.

En France, les stockages sont à presque 87% . Un taux en avance par rapport au calendrier fixé par la Commission européenne établissant des seuils de remplissage pays par pays, en application du Règlement d’exécution 2022/2301 du 23 novembre 2022. Par ailleurs, le très bon niveau de remplissage des barrages et le nombre croissant de parcs éoliens et solaires rassurent quant à l’indépendance énergétique de l’UE.

Toutefois, l’évolution des cours du gaz dans l’Union européenne reste incertaine, dès lors qu’une augmentation des capacités de production de GNL n’est pas à l’ordre du jour et que des retards sont constatés dans les livraisons provenant de la Norvège.