Europe

L’Europe au secours des abeilles

Écologie. L’utilisation des néonicotinoïdes vient d’être interdite sur le territoire européen par la Cour de justice européenne.

Lecture 3 min
Photo d'abeilles
(Crédit : Freepik)

Désormais, afin de protéger les abeilles qui se raréfient en Europe, les producteurs de betteraves, l’industrie sucrière et la filière éthanol ne pourront plus épandre des néonicotinoïdes.

Si l’utilisation de ces insecticides existe depuis plusieurs années, la France, comme plusieurs États européens, avait mis en place des dérogations repoussant l’interdiction, notamment à la demande des syndicats tels que la FNSEA.

En 2020, la jaunisse avait détruit les planta-tions de betteraves entraînant une perte moyenne de 30 % du rendement national. C’est suite à cette catastrophe sanitaire que les producteurs ont bénéficié d’une dérogation pour l’utilisation des néonicotinoïdes.

En revanche, le ministre de l’agriculture Marc Fesnau a annoncé qu’en 2023 aucune dérogation ne sera accordée aux producteurs de betteraves en France. Le pays est le premier producteur européen de betteraves sucrières, avec 400.000 hectares plantés pour une production de 34,5 millions de tonnes et les agriculteurs redoutent une perte importante de leur récolte.

Le gouvernement a cependant précisé qu’un fonds d’aide et des indemnisations seraient mis en place pour éviter que la production française ne régresse au deuxième rang européen, derrière l’Allemagne.

En outre, les producteurs français s’inquiètent des risques de distorsions de concurrence. En effet, depuis 2018, 11 États européens bénéficiaient de dérogations et six d’entre eux, dont l’Espagne et la République Tchèque, ont prolongé ces dérogations pour l’année à venir.

En conséquence, le gouvernement français s’est engagé à interroger Bruxelles quant à l’application homogène de la décision et à activer une clause de sauvegarde auprès de la Commission pour lutter contre l’importation de betteraves traitées avec des néonicotinoïdes.

De plus, les industriels produisant sucre et éthanol seront également impactés si la production locale de betteraves diminue. L’absence de matière première pourrait entraîner une diminution des emplois ou même la fermeture totale des usines.

Si pour l’instant il ne semble pas exister d’alternatives réelles aux insecticides, l’Inrae, l’Anses et les instituts techniques recherchent un moyen efficace de lutter contre la jaunisse tout en respectant les enjeux environnementaux.

D’ailleurs, un plan de 20 millions d’euros, dont 13 millions financés par la filière, a été lancé avec pour objectif de proposer des solutions économiquement et techniquement viables à l’horizon de 2024. Entre autres, de nouvelles variétés de semences, de nouvelles molécules ou même des phéromones repousseurs de moucherons sont envisagés.