Hommes et chiffres

Au chevet des RH

Ressources humaines. Avec plus d’une corde à son arc, Nathalie David accompagne les entreprises dans leur développement RH, depuis 25 ans. Femme engagée, elle est également vice-présidente de l’association Action Femmes Grand Sud et soutient activement l’association Les enfants de Bam au Burkina Faso.

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Nathalie David.

À quelques pas du Palais de justice de Toulouse, dans le quartier des Carmes, se trouve le cabinet de recrutement Es’Tête Hunting Minds, au sein duquel exerce Nathalie David, associée depuis 2018. Chargée du développement en ressources humaines (RH) pour les entreprises et experte en chasse de tête, cette Toulousaine, à l’allure moderne de 53 ans, mariée et mère de trois enfants, a développé au cours de sa carrière tout un panel de compétences afin de répondre aux besoins des entreprises dans la gestion de ressources humaines. La chasse de tête est ainsi devenue sa spécialité.

« Ma mission consiste à rechercher les meilleurs candidats pour les entreprises désireuses de recruter, explique-t-elle. Je suis chargée de chercher des profils chez les concurrents de mes clients ». Cette expérience, Nathalie David l’a découverte au travers de ses études. Diplômée d’un master 2 en droit du travail et gestion du personnel en 1990 à l’université de Toulouse Capitole, la Toulousaine fait ses premiers pas dans le monde du recrutement au sein du cabinet international PA Consulting Group. Animée par le conseil et l’aide aux entreprises, elle expérimente pendant trois ans la chasse de tête.

Une expérience qu’elle décrit comme enrichissante car elle lui a permis de découvrir tous les secteurs d’activité comme la mode : « L’une de mes missions au sein du cabinet PA Consulting Group consistait, par exemple, à trouver une directrice de style pour la marque de vêtements Teddy Smith chez des concurrents », confie la spécialiste. Au cours de ces trois ans, elle exécute des missions semblables à cette dernière et se découvre une passion pour la chasse de tête. Mais l’aventure prend fin dès lors que la crise de 1996 surgit. Nathalie David se dirige ainsi vers le cabinet Garon, au sein duquel ses missions changent du tout au tout . La jeune femme endosse le poste de consultante en Out Placement, qui consiste à mieux former les candidats pour des entretiens d’embauches. La recherche de tops profils ne fait plus partie de ses objectifs, ce qui lui déplaît.

Du consulting aux ressources humaines

« Le métier de consultante en Out Placement n’a rien à voir avec le poste de recruteur chasseur de tête, explique Nathalie David. Mon poste au sein du cabinet Garon consistait à former des candidats en vue des éventuels recrutements auxquels ils postuleraient. Il était fréquent que j’entraîne des personnes sans aucune expérience professionnelle ». Se décrivant comme perfectionniste, et sans cesse à la recherche de défis ambitieux, Nathalie David quitte le cabinet Garon en 1996 et intègre le cabinet RH Partner’s au sein duquel elle occupe le poste de consultante. Jusqu’en 1998, sa mission consiste à chercher des clients, les conseiller sur les besoins en recrutements.

« Toutes mes expériences précédentes étaient riches, mais j’éprouvais le besoin de découvrir l’entreprise de l’intérieur »

Toutefois, son activité tourne court puisque, la même année, l’un de ses clients, appartenant au groupe Actif +, la contacte afin de lui proposer un poste de responsable du recrutement . « Toutes mes expériences précédentes étaient riches, mais j’éprouvais le besoin de découvrir l’entreprise de l’intérieur. J’ai ainsi décidé de quitter le conseil pour être immergée en entreprise au coeur des activités de mes clients », confie-t-elle. Ainsi, pendant deux ans, Nathalie David devient chargée de recrutement spécialisé dans la promotion immobilière. Une période qu’elle décrit comme décisive pour la suite de sa carrière et qui l’amène en 2000 à créer son propre cabinet.

Baptisé ND Conseil, ce cabinet de ressources humaines s’appuie sur le développement des relations "intuitu personae" avec ses clients : intégration totale dans la vie de l’entreprise, échanges permanents, reportings réguliers, processus d’identification et de sélection des talents pertinents (évaluations, validation, prises de références systématiques,…) et surtout assurer un suivi d’intégration auprès de ses clients et des candidats recrutés… Fort de sept collaborateurs, le cabinet prospère pendant 15 ans. Et non comptant de diriger sa propre structure, l’entrepreneuse suit également une formation Executive MBA, de 2012 à 2014, à Toulouse Business School (TBS) dont elle ressort diplômée.

L’Association Force Femmes, puis Action Femme Grand Sud

Durant ce cursus, Nathalie David se spécialise dans la finance, la stratégie et le développement international des entreprises. Une période qu’elle qualifie comme sa réussite la plus notable. « Être parvenue à diriger ma propre structure pendant 15 ans tout en suivant une formation MBA est ma plus belle réussite, précise- t-elle. À travers elle, j’ai découvert de nouvelles façons d’accompagner les entreprises dans leur développement et leur gestion en ressources humaines. Il était impératif que ma façon de travailler coïncide avec les enjeux actuels de l’entreprise et l’environnement économique », précise-t-elle.

« Entrer dans la vie active à l’époque où j’obtenais mon diplôme n’était pas chose aisée, qui plus est pour les femmes »

En dehors de son activité professionnelle, l’aventure de Nathalie David est également marquée par la création d’une autre structure, cette fois, à but non lucratif. Cette humaniste fonde en 2004 l’association Force Femmes, qui deviendra sept ans plus tard l’association Action Femme Grand Sud, dont elle est aujourd’hui vice-présidente, et qui accompagne, grâce à une équipe de bénévoles investis et très professionnels, les femmes de plus de 45 ans désireuses de trouver un emploi ou de créer leur activité professionnelle.

« Entrer dans la vie active à l’époque où j’obtenais mon diplôme n’était pas chose aisée, qui plus est pour les femmes, explique Nathalie David. À ce jour, il est d’autant plus ardu de trouver un emploi surtout pour les femmes ayant atteint la quarantaine. Je me considère comme chanceuse d’avoir pu décrocher un emploi à la sortie de mes études. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de créer l’association Action Femme Grand Sud, afin de permettre aux femmes d’avoir cette chance. Nous travaillons sur la valorisation des aptitudes, la confiance en soi, et le choix d’un parcours personnalisé pour aider les candidates à se repositionner dans la vie professionnelle », explique la quinqua.

Une multitude d’horizons

En marge, elle est également à l’initiative, avec ses soeurs, de la création de l’association les Enfants de BAM, dont l’objectif est de soutenir la scolarisation des enfants tout en oeuvrant à l’amélioration de leurs conditions sanitaires. L’association contribue également à l’amélioration des conditions de vie de ses habitants de la ville et de ses environs et apporte un soutien aux jeunes filles ayant fui des mariages forcés en leur permettant d’accéder à une formation professionnelle. Nathalie David fait également partie intégrante de l’association Femme Chef d’Entreprise (FCE) qui réunit une communauté de femmes dirigeantes dans toute la France, dont la région Occitanie.

« Je pense que l’on pourra observer un regain d’activité une fois la pandémie terminée, ainsi qu’une nouvelle façon de travailler et d’aborder le marché de l’emploi »

Forte de cette implication dans le milieu associatif pendant 15 ans, Nathalie David découvre une multitude d’horizons et se dit de plus en plus animée par la conduite de changement. Des changements qui vont aboutir à une période charnière de sa carrière. L’année 2016 est effectivement marquée par sa décision d’accepter de diriger l’École des Avocats qui nécessite une importante restructuration. Elle quittera l’établissement au changement de présidence en 2018, forte d’un bilan positif. Elle revient, par la suite, vers ses « premiers amours », à savoir le recrutement et la chasse de tête, en intégrant le cabinet ES’Tête Hunting Minds – lequel est basé à Toulouse, à Paris et à Lyon –en tant qu’associée.

Étant consciente que le monde de l’entreprise reste toujours aussi dépendant de la conjoncture économique comme elle l’a expérimenté en 1996, elle ne cesse d’observer avec attention les dynamiques et les mécanismes de l’emploi, y compris en temps de crise sanitaire. « Je pense que l’on pourra observer un regain d’activité une fois la pandémie terminée, ainsi qu’une nouvelle façon de travailler et d’aborder le marché de l’emploi. De plus en plus d’entreprises font usage du numérique pour développer leur activité », conclut Nathalie David.