Au fil de l’eau
Environnement. Roxelane Cakir est à la tête de la start-up toulousaine Hetwa qui développe l’outil IndiQu’eau, une plateforme de suivi d’indicateurs écologiques.
Ingénieure agronome diplômée de l’Ensat en 2017, Roxelane Cakir, a fondé cet hiver un bureau d’études en environnement, baptisé Hetwa. Intervenant dans le domaine de la gestion de l’eau et des sols, il développe un outil de suivi en temps réel d’indicateurs écologiques et environnementaux. Une technologie disruptive dans ce domaine. « L’objectif d’Hetwa est de répondre aux problématiques des acteurs du territoire et de leur permettre de mieux comprendre leur environnement. Il peut s’agir, par exemple, des conséquences en termes de gestion de la ressource au niveau quantité et qualité lors de l’implémentation d’un barrage, d’une zone industrielle, etc. »
« Nous proposons dans un premier temps une prestation de service qui fournit des indicateurs précis. Nous développons, en parallèle, l’outil IndiQu’eau afin de rassembler des observations, des données fournies par les opérateurs, et des modélisations qui permettent d’analyser et de prédire des scénarios. Avoir une vision systémique des processus territoriaux permet, de fait, de lutter contre les phénomènes de pollution, d’eutrophisation, d’érosion ou encore d’inondation et ainsi d’accompagner les acteurs dans leurs prises de décision », souligne cette docteure en écologie fonctionnelle et modélisation des fonctions de régulation dans les hydrosystèmes à l’échelle du bassin versant.
Faciliter le travail des opérateurs
La création du bureau d’études a pris sa source lors d’une thèse que la jeune femme a effectuée au sein du Laboratoire d’Écologie Fonctionnelle et Environnement sur le thème de la fonction écologique liée à la régulation des nitrates dans les cours d’eau. Après différentes publications scientifiques, elle est notamment remarquée par des syndicats mixtes en vue de nouer des partenariats. « En parallèle, Toulouse Tech Transfer a lancé un appel à candidature pour évaluer la valorisation des travaux de thèse auquel j’ai décidé de postuler ». Résultat, la trentenaire a été lauréate de la 1re édition du programme Doc d’Occitanie et i-PhD (Bpifrance) en 2021. Une enveloppe de 100 K€ lui permet actuellement de finaliser la maturation de son projet, avec pour objectif d’accentuer l’utilisation de l’intelligence artificielle.
« Les observations alimenteront les simulations et les amélioreront en temps réel grâce à des algorithmes d’optimisation et de machine learning », précise-t-elle. La pépite entend ainsi générer 10% de son activité via la plateforme dès l’an prochain et 50 % d’ici cinq ans, sur un modèle d’abonnement. Elle vise notamment le marché national à moyen terme. « Pour l’heure, très peu d’outils sont performants pour accompagner les gestionnaires dans leurs prises de décision, car il n’existe pas d’indicateurs sur les questions de qualité et de quantité de l’eau. Le suivi est très chronophage. Notre technologie permettra, à terme, de faciliter le travail des opérateurs et de cibler les endroits prioritaires à inspecter et restaurer. En effet, la Directive-cadre sur l’eau (DCE) oblige à atteindre le bon état de chaque masse d’eau pour l’ensemble des États membres en 2027 », détaille cette Toulousaine de coeur, qui souhaite recruter cinq collaborateurs d’ici à l’horizon 2023.