Éric Marguinal, nouveau président des géomètres-experts de Toulouse, face aux enjeux de la loi ZAN
Nomination. Le bagnérais Éric Marguinal succède au toulousain Christian Rouaix à la tête du conseil régional de l’Ordre des géomètres-experts. Une profession en première ligne dans la mise en œuvre de la loi Zéro artificialisation nette. Elle formule d’ailleurs 17 propositions pour faciliter son application de manière acceptable et durable.

Le conseil régional de l’Ordre des géomètres-experts de Toulouse, qui tenait son assemblée générale les 17 et 18 avril dernier au stade Ernest Wallon, vient d’élire à sa tête un nouveau président. Il s’agit d’Éric Marguinal, qui était jusque-là premier vice-président de l’Ordre. Il succède à Christian Rouaix.
Géomètre-expert à Bagnères-de-Bigorre, dans les Hautes-Pyrénées, le nouveau président exerce depuis 2001. Ce Palois d’origine est titulaire du diplôme d’ingénieur géomètre-topographe, qu’il a obtenu en 1998 à l’issue de son cursus au sein de l’École supérieure des géomètres-topographes (CNAM) basée au Mans. Deux ans plus tard, il obtenait le titre de géomètre-expert en 2000.
Un changement de paradigme
Expert de justice près la cour d’appel de Pau et médiateur, Éric Marguinal a également une activité d’expert immobilier pour l’évaluation et la vente de biens. Son cabinet, Geomontis dont il est le gérant au côté de Baptiste Cumoura, compte un second site à Tournay.
L’élection d’Éric Marguinal intervient dans un contexte marqué par la mise en œuvre complexe de la loi ZAN. La France s’est en effet fixée, dans le cadre de la loi Climat et résilience, l’objectif d’atteindre le « zéro artificialisation nette des sols » en 2050, avec un objectif intermédiaire de réduction de moitié de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers dans les dix prochaines années, d’ici à 2031.
La loi de 2021 et le décret de 2023 qui l’accompagne conduisent les professionnels à repenser leur façon d’agir. Conscients des enjeux, l’Ordre des géomètres-experts a organisé en juillet dernier à Aix-en-Provence les Assisses nationales de la sobriété foncière autour de cette question : « Comment accompagner la mise en œuvre de la trajectoire Zéro Artificialisation Nette, tout en garantissant une stratégie de sobriété foncière socialement acceptable par tous ? »
À cette occasion, Séverine Vernet, présidente du conseil supérieur de l’Ordre des géomètres-experts avait évoqué « un enjeu capital ». « La sobriété foncière implique à la fois un
changement de paradigme qui va révolutionner l’acte d’aménager dans son ensemble mais également une mise en place territorialisée et prenant compte des contraintes et des atouts de chaque espace », affirmait-elle. À l’issue de ces travaux, la profession avait présenté 17 mesures afin de faire de la lutte contre l’étalement urbain une réalité.
Dans la Ville rose, un triple défi
À Toulouse où la dynamique démographique est l’une des plus fortes de France, la mise en œuvre de la loi ZAN soulève aussi des interrogations. C’est ce qu’a rappelé Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole. Il participait à l’assemblée générale du conseil régional de l’Ordre des géomètres-experts. « Nous rencontrons un triple défi : respecter les objectifs de sobriété foncière, accueillir ces nouveaux arrivants en construisant des logements et préserver le cadre de vie des Toulousains », résume-t-il.
La sobriété foncière invite donc les acteurs publics et privés de la construction à changer d’approche et à trouver des solutions innovantes pour continuer à développer, loger et bâtir sans perdre en attractivité. Car, affirme de son côté Christian Rouaix : « si la prise en compte des objectifs de sobriété foncière implique de changer notre manière de penser et d’aménager le territoire, elle n’est pas non plus synonyme d’arrêt total des projets. »
Rappelant les 17 propositions formulées par l’Ordre, l’ancien président régional plaide avant tout « pour une mise en œuvre contextualisée de ces objectifs afin de prendre compte les atouts, les contraintes et les besoins de chaque territoire qu’il soit urbain, périurbain, rural, de montagne, en zone littorale… »
Faire preuve de pédagogie
Si comme le montre un sondage Opinionway, 82% des sondés se montrent favorables à la lutte contre l’étalement urbain pour préserver nos espaces naturels, agricoles et forestiers, « cela ne pourra pas se faire sans emporter l’adhésion de nos concitoyens, ajoute Christian Rouaix. Nous devons faire preuve de pédagogie tout en restant à l’écoute de leurs aspirations. »
Également présente à Toulouse, Séverine Vernet en a profité pour présenter un programme de formation que les professionnels viennent de lancer avec le soutien de la Direction générale de l’aménagement, du logement et de la nature (DGALN).
Ouvert à tous les acteurs publics et privés de l’aménagement des territoires et du cadre de vie (géomètres-experts, agents territoriaux, architectes, urbanistes, paysagistes), ce nouveau parcours de formation aborde la sobriété foncière dans sa globalité en apportant, à la fois, un premier niveau de connaissances et différentes solutions. De quoi « s’engager concrètement dans une démarche de lutte contre l’artificialisation des sols », conclut Séverine Vernet.