Halte aux dérives énergétiques
Énergie. Marcos Cunha a créé en 2020, la start-up Voltyo, qui propose une plateforme SaaS qui optimise la gestion énergétique des parcs immobiliers.
Détecter les dérives énergétiques des bâtiments tertiaires en vue d’optimiser la gestion verte des parcs immobiliers tel est en substance le projet de Marcos Cunha. Il a décidé d’embrasser l’entrepreneuriat avant le premier confinement, via la start-up toulousaine Voltyo, après une carrière de 15 ans comme ingénieur dans divers projets technologiques industriels. Ce natif du Brésil, qui a collaboré avec des centres de recherche et de développement outre-Atlantique, a posé ses valises en France avec femme et enfant, il y a neuf ans pour réaliser une thèse à l’institut national polytechnique de Grenoble.
« J’avais envie de découvrir le monde et j’ai eu cette opportunité. Après mon doctorat, j’ai rejoint une start-up qui conçoit des solutions logicielles intelligentes dans le domaine des véhicules connectés. À ce moment-là, le côté environnemental m’a beaucoup plu. Au bout de trois ans, j’ai intégré Actia à Toulouse mais mon appétence pour les questions écologiques et l’entrepreneuriat continuait de grandir », confie le quadra. Faisant ainsi le constat que 30% des gaz à effet de serre proviennent notamment des bâtiments tertiaires, Marcos Cunha creuse le sujet auprès de l’IoT Valley et décide de centrer sa solution sur l’analyse de données déjà existantes.
« 40% de l’empreinte carbone nationale provient de la consommation énergétique des bâtiments et 30 % des factures d’électricité et de gaz sont dues au gaspillage énergétique. L’objectif est d’aider les gestionnaires qui ont entre 10 et une centaine de bâtiments, à avoir une vision globale de leur parc à travers notamment une plateforme SaaS. Contrairement à nos concurrents, l’objectif n’est pas d’ajouter des capteurs mais d’identifier les problématiques au fur et à mesure, via les données des prestataires d’énergie. Nous couplons ces informations avec le suivi des consommations, les opérations de maintenance, etc. Nos algorithmes pointent ainsi la performance des bâtiments ».
Ambition de doubler les effectifs
Grâce à une enveloppe de 15 K€ émanant du dispositif d’Initiative Haute-Garonne, l’entrepreneur a pu poser les premiers jalons de la plateforme. Il espère obtenir d’autres coups de pouce, notamment de Créalia, pour développer la R & D. « Nous travaillons sur une brique “alerte” afin de prévoir les dérives énergétiques, une brique “météo” et nous préparons également les démarches de conformité avec le décret tertiaire applicable en 2022, à savoir l’obligation de réduire de 40% la consommation d’énergie d’ici 2030 par rapport à une année de référence qui ne peut être antérieure à 2010. C’est une demande forte de la part des gestionnaires qui se sentent perdus face à cette nouvelle réglementation ».
Pour l’heure, Voltyo, qui compte cinq clients dont la commune de Fronton et Carmaux en Occitanie, supervise un parc immobilier de 150 bâtiments soit une surface totale de 250 000 m2. « Notre objectif est de doubler le nombre de clients et de surface en fin d’année », souligne-t-il. Si l’entrepreneur se concentre d’abord sur le marché national, il garde dans le viseur son pays natal, « en adaptant la solution puisqu’il s’agit d’un marché et d’un climat différents ».
La pépite, qui a intégré l’incubateur Nubbo en octobre dernier en vue d’un développement commercial et d’une recherche de financement, s’est également rapprochée du Cnes. « Le centre planche sur une base de données avec des images satellites thermiques que nous envisageons de coupler à nos informations ». Forte de trois collaborateurs, Voltyo ambitionne de doubler rapidement ses effectifs avec un associé supplémentaire.