L’autre effet bonne mine
Innovation. À travers son activité et l’association qu’elle coordonne, Stéphanie Cozzoli a la fervente intention de faire avancer la socioesthétique en Occitanie.
Résilience : c’est le terme qui résume le parcours professionnel de l’héraultaise Stéphanie Cozzoli et qui l’a mené à mettre son projet sur pied, après 20 ans d’attente, et dans lequel elle croit fermement : la socioesthétique.
Quesaco ? « C’est un versant du métier d’esthéticienne qui permet de s’adapter à un public fragile, vulnérable, aux personnes malades, en détresse sociale, âgées, polyhandicapées ou en fin de vie. Je fais du sur-mesure, je m’adapte à mon client, à ses envies, sa fatigue, etc, et j’anticipe. Pour moi, il y a soigner et prendre soin. L’un ne va pas sans l’autre. Certaines personnes me disent : “vous mettez des paillettes dans nos vies”. Contrairement aux médecins qui n’ont pas le temps, nous prenons le temps de leur apporter ce qui leur manque. Ce n’est pas du superflu : redonner de la couleur à un visage blafard permet au patient de conserver son identité et de se sentir mieux ».
Des mots forts qui traduisent un réel besoin, pas encore suffisamment reconnu à l’échelle nationale. « L’envie est née, pendant mon CAP d’esthétique, d’une rencontre avec une camarade de classe qui était malade. Je lui ai fait des soins qui lui faisaient du bien et je l’ai accompagnée jusqu’au bout. C’est là que j’ai compris que je ne voulais pas faire uniquement de l’esthétisme comme on le conçoit généralement. »
Au cours de ses études, elle s’initie à cette discipline encore confidentielle lors d’un stage à l’hopital Sainte-Anne à Paris. Diplôme en poche, elle frappe aux portes des établissements hospitaliers pour vivre de sa passion, sans succès. « On me faisait comprendre que c’était un beau projet mais qu’il n’y avait pas de moyens financiers pour ça. » Puis la vie suit son cours, elle emménage dans le Sud, fonde une famille.
À la faveur d’un licenciement, elle renoue avec ses premières amours et suit une formation de socioesthétique au CHU de Tours. « Quand mon dernier a eu trois ans, j’ai décidé de relancer ce projet qui me tenait à coeur depuis des années. En 2017, j’ai créé l’association Sensori’ailes. »
Après des changements de vie qui la poussent à s’installer à Béziers, elle met l’association en sommeil, puis entre en couveuse au sein de BGE, juste au moment de la pandémie. Cela la conforte dans son choix de créer une micro-entreprise, nommée Un pas vers soi. « Aujourd’hui, je travaille à temps plein, j’interviens notamment dans trois Ehpad, un centre de rééducation fonctionnelle (CRF), un service d’accueil de jour en oncologie et dans un service de soins palliatifs. J’ai aussi d’autres opportunités avec notamment une infirmière libérale qui fait appel à mes services pour une de ses patientes suivie en addictologie. C’est un des secteurs dans lequel j’aimerais également intervenir, tout comme dans les structures pour femmes victimes de violence. Je souhaite aussi offrir mes soins aux aidants qui sont souvent oubliés. »
En parallèle, la quinqua, qui a été lauréate des Talents BGE en 2022, poursuit de beaux projets pour l’association où elle conserve un rôle de coordinatrice : « Nous avons fait une demande de subventions en vue de créer un cabinet partagé avec d’autres thérapeutes, tels que des énergeticiens traditionnels chinois, ou encore des praticiens en access bars, pour proposer des soins globaux. Dans l’idéal, j’aimerais faire d’un local que je loue un lieux de vie interdisciplinaire », ajoute la fondatrice.
Elle entend également former à ce nouveau métier. « La socioesthétique se fait davantage connaître mais il faut encore expliquer ses bienfaits et toute esthéticienne ne peut pas s’improviser comme telle », conclut Stéphanie Cozzoli.