Hommes et chiffres

La Ferme de Courneillac, une nouvelle idée de l’élevage

Agriculture. Quel est le lien entre les sciences et le monde agricole ? Samuel Juillot, docteur en biologie, ne s’est pas posé la question, il a décidé de devenir exploitant à Belbèze-en-Comminges en Haute-Garonne. Il s’est spécialisé dans la filière du mohair. Visionnaire et prévoyant, il a trouvé d’autres solutions pour diversifier les revenus de la ferme.

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Samuel Juillot, exploitant de la ferme de Courneillac. (Crédit : DR).

L’histoire de Julie Raclius et de Samuel Juillot pourrait se résumer à un changement de vie. Mais la démarche est beaucoup plus globale. Titulaire d’un doctorat de biologie, Samuel Juillot rejoint l’entreprise Glowee dans l’Essonne, au poste de directeur scientifique. L’entreprise travaille sur une technique permettant d’utiliser la lumière des lucioles pour éclairer les villes de manière écologique. « Le rythme était trop soutenu, en région parisienne. Avec ma compagne Julie, on avait un projet personnel différent, on a décidé de changer d’environnement. »

Julie Raclius, enseignante contractuelle dans un collège obtient son affectation à Toulouse. En 2017, le couple arrive dans la Ville rose et décide avec un ami d’enfance, Arnaud Oswald, de créer le café scientifique Eurêkafé. Samuel Juillot est d’ailleurs toujours associé au lieu qui propose depuis peu, un nouvel espace de coworking. « Nous avons réussi à créer un lieu très convivial pour vulgariser la séance et la rendre accessible. Puis, le confinement est arrivé… Neuf mois de fermeture administrative », explique-t-il. Et du temps libre pour mettre à plat ses projets liés à l’agriculture.

L’APPEL DE LA NATURE

Samuel Juillot commence à suffoquer sous la chaleur de Toulouse. Il obtient un BPRA (brevet professionnel de responsable agricole), lui permettant ainsi de devenir chef d’exploitation. Il ne reste plus qu’à trouver les fonds et effectuer les démarches pour s’installer. « C’est très difficile d’acquérir du foncier pour un jeune exploitant, pointe-t-il, tout dépend des revenus du foyer, de la localisation de la ferme, à la montagne ou en plaine, du nombre de bêtes… » Il achète alors deux troupeaux de chèvres Angora à des éleveurs qui partaient à la retraite. Il se retrouve avec 90 animaux. L’ objectif est clair : fabriquer des vêtements en mohair. La tonte et le tri de laine s’effectuent à la ferme. Elle est ensuite envoyée à la Sica Mohair à Castres, seule entreprise de France spécialisée dans le tissage de cette laine.

TOURISME ET PHOTOVOLTAÏQUE, DES SOURCES DE REVENUS

Samuel Juillot a effectué plusieurs stages chez des éleveurs bovins, l’un d’eux l’a particulièrement marqué, à la Ferme de Peyrouse dans le Tarn. Patrice Cougoureux est très actif dans l’élevage et le tourisme, il a créé un labyrinthe géant en maïs, une véritable source d’inspiration pour cet exploitant. « Avant de s’installer, nous avons réfléchi à la culture des céréales et au maraîchage mais il y avait trop d’aléas dus au climat. L’élevage de chèvre Angora nous a semblé le plus adéquat. »

Autre source de revenus : le tourisme. Samuel Juillot propose des ateliers pédagogiques autour de la laine pour les écoles et les particuliers ainsi qu’un hébergement insolite : une bulle pour dormir (presque) à la belle étoile. Pour cette activité, il table sur un chiffre d’affaires de 20 à 30 K€ par an. Samuel Juillot a fait installer des panneaux photovoltaïques sur 900 m² de toiture. La ferme sera ainsi autonome en électricité et les revenus dégagés sur la revente d’électricité pourront atteindre les 50 K€. « On a voulu se diversifier pour pérenniser l’activité et ne pas dépendre des aides de la Politique agricole commune (PAC). C’est la première année d’exploitation et les chiffres vont au-delà de nos prévisions », conclut le docteur en biologie.