Le chantier fluvial de Castelsarrasin : des bateaux et des hommes
Nautisme. Que serait le canal du Midi ou des Deux Mers sans ses bateaux ? Sébastien Escorihuela et son père Bernard exercent une activité ô combien essentielle à l’économie du canal et de la ville de Castelsarrasin. C’est le chantier fluvial le plus important du canal, entre Bordeaux et Sète. Entre gardiennage, convoyage de bateaux et réparations, l’activité ne s’arrête jamais, même lorsque le canal est fermé, en hiver.
Une centaine de bateaux patiente sagement dans leur rack du port à sec de Castelsarrasin. Ils attendent la belle saison pour retrouver les joies de la navigation fluviale. D’autres bateaux sont stockés à quai, au port Jacques-Yves Cousteau. Sébastien Escorihuela veille sur ses protégés. « Notre activité principale consiste à ranger et à stocker les bateaux pour l’hiver puis les remettre à l’eau lorsque le client arrive », explique-t-il humblement. En effet, le chantier fluvial ne s’arrête jamais.
L’entreprise propose des prestations complètes allant de la mécanique à la plomberie en passant par la métallerie, la peinture, l’électricité… C’est Bernard, le père de Sébastien Escorihuela, qui a fondé le chantier fluvial en l’an 2000. Il travaillait jusqu’alors dans l’entreprise voisine Péchiney (NDLR aujourd’hui Trimet France). « J’ai très vite compris qu’il y avait un marché à développer, explique Bernard Escorihuela, avec l’arrivée d’une nouvelle forme de tourisme fluvial. Je m’y connaissais en ferraille, en soudure mais pas en manutention, alors je me suis organisé ».
Il s’est formé à la réparation de bateaux au port de Montech puis très vite s’est installé à Castelsarrasin. Il s’est aussi équipé d’engins de levage pour pouvoir sortir les bateaux du canal, une première étape indispensable.
En vacances toutes l’année ?
Une question qui fait sourire Sébastien Escorihuela… Il a repris les commandes de l’entreprise en 2016, après une carrière dans l’armée à Mont-de-Marsan. Son paternel a souhaité prendre sa retraite, mais, vous l’avez compris, il n’a pas décroché totalement… « Ce qui m’a frappé en arrivant ici, ajoute Sébastien Escorihuela, c’est l’ambiance qui règne sur le chantier, les gens sont toujours en vacances, ils ne sont pas stressés. D’ailleurs, beaucoup de clients sont devenus des amis. »
Il faut dire que père et fils cultivent la cool attitude. Ils ne comptent pas leurs heures et sont toujours prêts à rendre service. Être disponible est une des forces des entrepreneurs, ils habitent sur place, l’oeil rivé aux bateaux. Leur clientèle est essentiellement néerlandaise et britannique. « On s’est mis à l’anglais, s’amuse Sébastien Escorihuela, même si Google traduction nous aide de temps en temps. »
Un poumon économique pour la ville
La municipalité de Castelsarrasin a bien compris tout l’intérêt d’avoir un port très actif dans sa commune, les retombées économiques n’étant pas négligeables pour le commerce local. Elle a construit de nouveaux locaux, qu’elle loue environ 5000€ l’année à Sébastien Escorihuela, lequel a signé un bail de dix ans. La mairie a également fait construire, grâce aux subventions européennes, une rampe de mise à l’eau plus adaptée aux gros navires. Le chantier occupe deux hectares et demi de terrain.
« Notre activité principale consiste à ranger et à stocker les bateaux pour l’hiver puis les remettre à l’eau lorsque le client arrive »
« On peut dire que grâce à nous, le port est toujours complet, explique Sébastien Escorihuela. Il y a de l’activité en permanence. Des plaisanciers ont même fait le choix de vivre à l’année sur leur bateau. » Avec un CA moyen de 320 K€ annuels, 60 % de l’activité est générée par le gardiennage, les clients payant en moyenne 100€ par mois. Les travaux de réparation sur les bateaux représentent 10% du chiffre d’affaires, le reste est réalisé grâce au voyage de bateaux, en France et à l’international, et par les ventes de bateaux d’occasion.
Un secteur qui ne demande qu’à se développer. Sébastien Escorihuela a d’ailleurs remanié tout récemment son site internet pour valoriser les bateaux d’occasion. Il aimerait voir se développer le secteur de la réparation de vélos le long du canal, car le nombre de cyclistes est en augmentation... Peut-être la promesse d’un nouveau marché ?