Hommes et chiffres

Plastic Vortex nettoie les fleuves

Environnement. Avec deux autres associés, Alexis Eskenazi va commercialiser un système qui permet de dépolluer 80 % des masses de déchets flottants sur un fleuve.

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Photo de déchets flottants
(Crédit : LA GAZETTE DU MIDI)

Depuis 2018, l’association toulousaine Plastic Vortex fait la chasse aux déchets flottants présents dans les fleuves. Un enjeu majeur lorsque l’on sait que 50 à 80 % de la pollution océanique est issue de la pollution urbaine charriée par ces cours d’eau et pourtant, encore aujourd’hui, ils font partie « des grands oubliés » des différents sommets sur le climat et des actions menées en faveur de l’environnement comme le déplorait Érik Orsenna lors de la COP 21 de Paris.

L’écrivain est le co-fondateur l’observatoire des Initiatives pour l’avenir des grands fleuves (IAGF). Voilà pourquoi il y a plus de cinq ans, Alexis Eskenazi, un designer de formation, et Anthony Coulon, un ingénieur également éco designer, ont décidé de prendre le problème à brasle-corps en fabriquant un premier système anti pollution baptisé Vortex 1 : une barrière flottante qui permet de capter les déchets, puis de les remonter via un tapis mécanique avant d’être collectés dans une benne qui est gérée, elle, depuis la berge pour être ensuite triés et revalorisés.

« Au fil des années, nous avons réussi à optimiser et automatiser notre système. Si celui-ci a bien évolué techniquement, le principe de base reste le même. Il permet de récupérer en très grande quantité les déchets qui sont amenés par le vent ou les eaux de ruissellement, et tous ceux abandonnés par négligence ou incivilité, comme les mégots de cigarettes, les bouteilles en plastique, les emballages alimentaires… », explique Alexis Eskenazi.

Parce que oui, même si on ne le perçoit pas toujours à l’oeil nu, les cours d’eau comme la Garonne, sont fortement pollués. « Il y a bien sûr un impact environnemental : empoisonnement de la faune et de la flore aquatique, amas et risque de débordement en cas de forte pluie… Sans compter qu’avec le temps et la force du courant, ces déchets finissent par se fragmenter et sont emportés vers les mers et les océans. Il y a aussi un impact économique. La récupération des déchets charriés sur les berges, les côtes ou les plages coûte énormément d’argent aux collectivités. Notre système permet d’agir en amont et donc de limiter cette macropollution. »

Après des phases de tests concluantes, notamment réalisées sur la Garonne, les deux cofondateurs ont décidé de passer à l’étape supérieure en lançant leur entreprise, aussi appelée Plastic Vortex.

L’immatriculation est prévue courant juillet. « Nous allons industrialiser la fabrication de notre système pour pouvoir le proposer aux collectivités territoriales et aux agences de l’eau. L’objectif est de leur vendre une solution clé en main : étude préalable de faisabilité, installation, mise en service et gestion. Notre promesse technique est forte puisque nous serons en capacité de dépolluer 80% des masses de déchets flottants sur un fleuve », affirme Alexis Eskenazi.

Patrick Thaunay, un entrepreneur, a rejoint l’aventure Plastic Vortex il y a six mois. Un renfort indispensable pour passer à la vitesse supérieure, à savoir la commercialisation de leur Vortex 3. Une phase délicate pour laquelle ils sont accompagnés depuis janvier et jusqu’au mois de septembre par Incoplex, un nouvel accélérateur toulousain dédié aux projets à impact social et environnemental.

« Échanger avec d’autres professionnels ainsi que des experts nous a permis d’affiner notre stratégie de développement économique que l’on souhaite territorialisé. C’est aussi l’opportunité de créer des synergies avec les autres porteurs de projets et de consolider notre réseau. »