Qui est Lionel Suchet, le nouveau PDG par intérim du CNES ?
Nomination. Après le départ de Philippe Baptiste au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, c’est un polytechnicien diplômé de Supaero qui lui succède à la tête du Centre national d’études spatiales. À la fois agence de programme, centre technique et opérateur spatial, l’établissement public emploie plus de 2 300 personnes pour un budget de 3 Mds€ en 2024.
Par arrêté ministériel en date du 3 janvier 2025, Lionel Suchet vient d’être nommé président directeur général du CNES par intérim. Il a pris ses fonctions le 6 janvier. Il succède à Philippe Baptiste. PDG du CNES depuis 2021, ce dernier est le nouveau ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche dans le gouvernement de François Bayrou, dont la composition a été dévoilée le 13 décembre dernier.
Lionel Suchet, qui exerçait depuis 2017 les fonctions de directeur général délégué du CNES est ingénieur général de l’Armement. Diplômé de l’École Polytechnique (1994) et de l’ISAE-SUPAERO (1989), il fait son apprentissage du domaine spatial dans le domaine des vols habités. Il a en effet consacré les 15 premières années de sa carrière au CNES à cette activité.
Un spécialiste des vols habités
De 1989 à 1992, c’est comme responsable sécurité et facteurs humains qu’il accompagne la mission Antarès du vol habité de l’astronaute français Michel Tognini sur la station spatiale russe. Dans la foulée, Lionel Suchet devient le chef de projet des trois missions qui vont suivre à bord de Mir : Altaïr (1992 à 1996) ; Cassiopée, marquée par la présence de Claudie Haigneré, première française dans l’espace (1993 à 1996) ; et Perseus, vol de très longue durée (188 jours) (1997 à 1999).
Nommé chef de la division « utilisation de la station spatiale internationale », il supervise ensuite les missions Andromède (2001) et STSIII (2002) à bord de l’ISS, cette dernière mission constituant le dernier vol d’un astronaute du CNES.
En parallèle, Lionel Suchet met en place le Cadmos qui, aujourd’hui encore, est le centre responsable de la physiologie humaine spatiale pour toute l’Europe. C’est cette même structure qui coordonne toutes les activités micropesanteur menées par le CNES.
Une ouverture sur les sciences de l’Univers
En 2004, la carrière du polytechnicien s’étend aux sciences de l’Univers puisqu’il devient chef du service en charge du développement des projets du CNES en astronomie, planétologie et sciences de la vie et de la matière.
Quatre ans plus tard, il est nommé sous-directeur en charge de l’ensemble des projets orbitaux en développement : sciences de l’univers, altimétrie et océanographie spatiale, télécommunications, navigation, observation et défense, soit au total, une cinquantaine de projets menés dans le cadre d’une coopération internationale.
Devenu en 2011 directeur adjoint de Centre spatial de Toulouse, il coordonne toutes les activités transverses du centre : R&T, feuilles de route techniques, politique technique et industrielle, conduite des phases amont des projets, relations régionales.
En 2016, il prend la tête d’une nouvelle direction de l’Innovation, des Applications et de la Science (DIA). Elle est en charge de porter les intérêts et besoins de tous les utilisateurs potentiels de missions et de données spatiales, mais aussi de proposer et préparer le futur des systèmes orbitaux au CNES dans une logique de créativité et d’innovation. L’année suivante, il devient directeur général délégué du CNES.
Toulouse, le plus grand centre technique spatial en Europe
Le CNES emploie au total plus de 2 300 collaborateurs pour un budget de plus de 3 Mds€. Si son siège se situe à Paris, la Région Occitanie entretient une relation privilégiée avec le CNES. Au centre spatial de Toulouse (CST), installé depuis 1968 avenue Édouard Belin, les ingénieurs du CNES imaginent et exploitent les systèmes orbitaux ainsi que leurs données. Avec près de 3 000 acteurs du spatial sur le campus, le CST est le plus grand centre technique spatial en Europe.
La filière spatiale en Occitanie représente de fait la première concentration française du secteur avec quelque 10 Mds€ de chiffre d’affaires, 260 entreprises et près de 15 000 salariés, soit plus d’un tiers des emplois européens. Partenaires depuis 2019, le Cnes et la Région Occitanie ont signé en septembre dernier une nouvelle convention pour la période 2024-2027. Objectif : continuer à soutenir l’essor de la filière spatiale en région auquel la collectivité prévoit de consacrer 30 M€.