Réélu à la tête de la Safer Occitanie, Dominique Granier dévoile sa feuille de route
Nomination. Et de trois ! Président directeur général de l’opérateur foncier régional depuis sa création en 2017, Dominique Granier a été reconduit pour quatre ans à la tête de l’organisation. Il a dressé les priorités de sa nouvelle mandature : renouvellement des générations, lutte contre l’artificialisation des terres, transparence du marché agricole...

Encore trop souvent méconnues du grand public, les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural – communément appelées Safer – jouent pourtant un rôle central dans l’aménagement du territoire. Créées en 1960, ces sociétés privées exercent leurs missions sous la tutelle de l’État et fonctionnent grâce à des subventions publiques ainsi qu’à une exonération du montant des droits de mutation sur les transactions immobilières qu’elles réalisent. En effet, ces dernières ont la capacité d’acquérir des terres et des biens pour les rétrocéder à des acteurs privés ou publics « dont les projets concurrent à la mise en oeuvre de politiques d’aménagement durables des territoires ».
Depuis 2014 et la Loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt, qui a conduit à la modernisation de leur fonctionnement ainsi qu’à l’alignement de leur périmètre d’action à l’échelle régionale ou interrégionale, leur nombre est passé de 26 à 16 en 2019. Opérateurs fonciers de l’espace rural et périurbain mais aussi experts en observation foncière pour les collectivités, les pouvoirs publics et plus largement les différents acteurs du territoire, les Safer assurent plusieurs missions de développement, d’accompagnement, de médiation, d’animation et de protection de l’environnement.
La Safer : le Parlement du foncier
Leurs objectifs sont multiples rappelle Gaston, la plateforme juridique dédiée aux agriculteurs et acteurs du monde rural :
- Favoriser l’installation sur le territoire agricole de jeunes agriculteurs ou de nouveaux installants ;
- Améliorer les structures foncières agricoles ;
- Promouvoir les systèmes de production agroécologique ;
- Aider à l’aménagement du foncier rural en favorisant la mise en valeur des espaces naturels et agricoles.
Opérationnelle depuis mai 2017, la Safer Occitanie, dont le siège est installé sur la commune d’Auzeville Tolosane en Haute-Garonne, résulte de la fusion de trois entités : la Safalt (Safer Aveyron, Lot, Tarn, Tarn-et-Garonne), la Safer Gascogne/Haut-Languedoc et la Safer Languedoc-Roussillon. À l’occasion de sa 8e assemblée générale qui s’est tenue le 27 mai dernier à Perpignan, son président actuel Dominique Granier a été réélu à une large majorité à la tête de l’organisation et ce, pour un troisième mandat consécutif.
Syndicaliste convaincu (Jeunes Agriculteurs et FNSEA), l’homme de 64 ans se définit lui-même comme un amoureux de la terre. C’est en 1987, après une formation d’économiste, que l’intéressé reprend l’exploitation viticole de ses parents à Aspères, un petit village du Gard. Après être passé à l’agriculture biologique sur 35 hectares de vignes et une trentaine d’hectares de terre, « j’ai développé ces cinq dernières années une activité d’agritourisme avec la plantation de truffières, de blé ancien, de pois chiches, de pommes de terre, d’oliviers… Nous accueillons notamment des séminaires avec des repas locavores », détaille Dominique Granier qui a également occupé le poste de président de la chambre d’agriculture du Gard.
Une gouvernance reconduite
Tout juste réélu pour un mandat de quatre ans comme président directeur général de l’opérateur foncier régional, le vigneron a pris la décision de renouveler sa confiance au directeur général Frédéric André avec lequel il travaille depuis 2012, ainsi qu’à ses deux vice-présidents, Dominique Barrau et Michel Baylac.
« Cette reconduction nous donne la légitimité de poursuivre le travail que nous avons amorcé depuis huit ans, c’est-à-dire depuis la fusion. Nous avons réussi cette régionalisation de la Safer en créant un groupe homogène guidé par une seule et même ambition. À savoir, réguler et rendre transparent le marché du foncier, accompagner le développement local, aménager le territoire et prendre à bras le corps les problématiques environnementales. Pour y parvenir, nous avons renforcé notre présence sur le terrain avec une hausse du nombre de collaborateurs (+ de 60 personnes) », se félicite Dominique Granier, chiffres à l’appui. La Safer Occitanie revendique en effet 221 M€ de volume d’affaires, plus de 2 550 transactions, 20 000 ha rétrocédés et la signature de 633 partenariats.
Si les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural souffrent d’un manque de visibilité, il leur arrive de faire la une de l’actualité à l’occasion de l’exercice de leur droit de préemption qui leur permet d’acheter en priorité un bien agricole ou rural pour le revendre. Alors que certaines voix s’élèvent pour dénoncer des abus, Dominique Granier réfute ces accusions rappelant que l’exercice du droit de préemption reste exceptionnel. « La Safer Occitanie utilise ce dispositif principalement pour protéger et favoriser l’installation, notamment des jeunes agriculteurs qui souhaitent s’établir sur des terres adjacentes. Ce droit est justifié dans des situations spécifiques où des critères tels que la proximité géographique et le type d’usage des terres sont pris en compte », insiste le président avant de poursuivre :
Cependant, il est important de noter que la préemption n’est pas une pratique courante. En effet, moins de 5 % des acquisitions par la Safer en Occitanie se font par ce biais, la majorité des transactions étant conclues de gré à gré. Cela reflète notre stratégie basée sur une approche proactive qui privilégie la négociation et l’arrangement à l’amiable. »
Renouvellement des générations : priorité n° 1
Dominique Granier, qui milite pour plus de transparence, souligne par ailleurs que les décisions sur ce sujet sont prises par un comité technique composé de représentants de la profession agricole (banques, conseillers, propriétaires fonciers, représentants de la Chambre d’agriculture, représentants des syndicats, etc.) et validées par les commissaires du gouvernement représentant les ministères en charge de l’Agriculture et des Finances.
Animé par la même passion pour la gestion de la terre qu’à ses débuts, le président de la Safer Occitanie a dévoilé les principaux axes de sa nouvelle feuille de route. Outre l’accompagnement des jeunes agriculteurs pour assurer le renouvellement des générations grâce à divers moyens, tels que des fonds d’aide (Elan, dotations régionales…) et des structures foncières (Terre de Liens, Feve…) qui allègent les coûts d’installation, le sexagénaire a énuméré plusieurs enjeux prioritaires. Le premier, la préservation de la terre nourricière et la lutte contre l’artificialisation des sols.
« Cela passe par une collaboration étroite avec les collectivités locales et l’État pour gérer de manière optimale l’utilisation des terres. Il est également prévu de renforcer notre travail collaboratif avec nos différents partenaires comme la Chambre régionale d’agriculture pour répondre notamment aux mutations des filières agricoles et aux crises sectorielles », conclut Dominique Granier avant d’insister sur l’importance du travail de terrain : « Notre rôle est aussi de préparer le foncier de demain, c’est-à-dire savoir comment dans les cinq, dix et 15 ans à venir nous allons exploiter la terre et surtout qui va le faire alors même que nous avons recensé sur le territoire plus de 100 000 hectares de friches. Autrement dit, nous devons être des semeurs d’avenir. »