Hommes et chiffres

Rodez : qui est Maud Marron-Wojewodzki, la nouvelle directrice du musée Soulages ?

Nomination. Haut lieu du tourisme en Occitanie avec près de 130 000 visiteurs par an, le musée Soulages s’apprête à accueillir une nouvelle conservatrice et directrice en la personne de Maud Marron-Wojewodzki, en poste depuis 2019 au musée Fabre à Montpellier. Elle succèdera en juillet au charismatique Benoît Decron. Intime du couple Soulages, il est présent depuis le début de cette aventure muséographique.

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Maud Marron-Wojewodzki est conservatrice du Patrimoine. Elle prendra ses fonctions de directrice et conservatrice du musée Soulages à Rodez le 1er juillet prochain pour un mandat de trois ans. (©Fabien Silvestre Suzor)

Une page se tourne, une nouvelle s’ouvre au musée Soulages de Rodez (Aveyron). En juillet prochain, Benoît Decron, son emblématique directeur et conservateur, passera le relais après avoir largement contribué à bâtir et à faire rayonner ce haut lieu de la culture inauguré le 30 mai 2014.

Nommée à l’unanimité par les membres du Conseil d’administration de l’Établissement public de coopération culturelle (EPCC) [1] qui pilote le musée depuis 2019 (3 M€ de budget annuel), c’est Maud Marron-Wojewodzki qui aura la lourde mais aussi passionnante tâche d’écrire ce nouveau chapitre de l’histoire du musée dédié au maître de « l’outrenoir », figure majeure de l’art contemporain en France et dans le monde. Un défi largement dans les cordes de l’intéressée qui, du haut de ses 34 ans, jouit déjà d’une riche expérience.

Une feuille de route ambitieuse

Après une licence d’Histoire et un premier cycle d’études sur l’Art du XXe siècle à l’École du Louvre, Maud Marron-Wojewodzki obtient en 2015 un master recherche en Histoire de l’art contemporain à l’Université Paris IV - Università Ca’ Foscari (Venise). Après des stages au musée Cantini de Marseille en 2018 et au New Orleans Museum of Art en 2019 dans le cadre de sa formation à l’Institut national du patrimoine (INP), elle rejoint la même année le musée Fabre à Montpellier comme conservatrice du patrimoine, responsable des collections modernes et contemporaines ainsi que du service multimédia.

C’est à ce titre qu’elle co-pilote plusieurs expositions et rétrospectives majeures consacrées notamment à la sculptrice Germaine Richier, à son homologue Toni Grand… mais aussi à Pierre Soulages ! Baptisée « Pierre Soulages. La Rencontre », l’exposition - qui sera visible à partir du 28 juin prochain - célèbre un double événement : le bicentenaire du musée Fabre, et les 20 ans du don de 20 toiles par Pierre et Colette Soulages à la ville de Montpellier en 2005.

Contactée par la rédaction suite à sa nomination, Maud Marron-Wojewodzki n’a pas caché sa fierté ni son enthousiasme : « C’est un grand bonheur pour moi que de rejoindre ce magnifique musée, consacré à un artiste dont j’ai beaucoup étudié l’œuvre et que j’admire, et qui s’inscrit dans un territoire singulier, dont il me faut encore découvrir toutes les richesses. C’est au sein de ce territoire élargi que je souhaite proposer d’ancrer encore davantage le musée, en travaillant avec les différentes structures culturelles, associatives, éducatives qui l’habitent. »

Pas encore en poste mais déjà pleinement investie, la future directrice a dévoilé ses ambitions pour le musée. Une feuille de route entre continuité et renouveau, construite autour de quatre axes majeurs :

Un, mieux faire connaître la collection et promouvoir une diffusion large de l’œuvre de Pierre Soulages à l’international et hors-les-murs. Deux, faire du musée un véritable pôle de recherche autour de l’artiste et de son contexte de création. Trois, diversifier les expositions temporaires en donnant toute son actualité à l’œuvre du peintre aveyronnais ; enfin, démultiplier les voix, les regards et les approches autour des collections du musée par des invitations régulières à diverses personnalités issues du champ artistique et littéraire. »

« Un musée appartient aux visiteurs »

Dans les premiers mois de sa mandature, Maud Marron-Wojewodzki pourra compter sur un soutien de poids, celui de Benoît Decron. À 66 ans, l’homme et ami du couple Soulages tirera sa révérence en février 2026. D’ici là, « je serai chargé de mission sur la catalographie et je travaillerai aussi sur la constitution du fond d’archives », explique l’intéressé qui préfère regarder vers l’avenir plutôt que dans le rétroviseur.

« Ce que j’ai fait m’indiffère, ce qui m’intéresse, c’est ce qui peut être fait. La seule chose qui m’a toujours guidé c’est la satisfaction des visiteurs. Ce sont eux mes électeurs ! Et je pense avoir réussi puisque dans une semaine nous allons franchir la barre symbolique des 1,5 million de visiteurs. Cela représente entre 125 000 et 130 000 visiteurs par an, ce qui est énorme pour une ville de 24 000 habitants ! Mais plus que tout, je suis très fier d’avoir pu exaucer les vœux de Pierre et Collette Soulages. Et d’avoir travaillé avec mes amis architectes catalans Rafael Aranda, Carme Pigem et Ramon Vilalta (RCR Arquitectes) à la création de ce magnifique lieu. »

Ravi de voir la jeunesse prendre le relais, Benoît Decron n’a qu’un souhait : que le musée reste un espace collectif, partagé et engagé. « Un musée appartient aux visiteurs et non pas aux conservateurs, ni aux cadres et encore moins aux élus, Dieu merci ! Et les œuvres d’art, elles, appartiennent aux gens qui les regardent. Je pense donc sincèrement que le futur du musée Soulages doit s’inscrire dans ce sens du collectif et qu’il doit aussi continuer à oser, innover pour attirer un public toujours plus large. Et j’ai toute confiance en Maud, et aussi en Nicole Belloubet qui va prendre la succession d’Alfred Pacquement à la présidence de l’EPCC pour y parvenir. Je pars l’esprit tranquille ! »

[1Créé le 1er juillet 2019, l’Établissement public de coopération culturelle (EPCC) officialise le partenariat entre l’État, la Région Occitanie, le Département de l’Aveyron et l’Agglomération du Grand Rodez pour offrir au musée Soulages les moyens d’un rayonnement national et international.