Hommes et chiffres

Quels défis attendent Christine Barrot, élue à la tête de l’organe représentatif des IUT d’Occitanie Pyrénées ?

Formation. Directrice de l’IUT Paul Sabatier, Christine Barrot a été élue le 6 décembre 2024 pour un mandat de deux ans à la tête de l’ARIUT Occitanie Pyrénées, qui regroupe les directeurs des cinq IUT de l’ouest de la région. Elle devra faire face à des enjeux majeurs, avec de possibles coupes budgétaires dans les finances des universités et les chamboulements apportés par la construction d’un nouvel établissement public expérimental de recherche et de formation à l’horizon 2028.

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Christine Barrot est la nouvelle présidente de l’Assemblée des directeurs des IUT Occitanie Pyrénées. (©IUT Paul Sabatier)

Près des trois quarts des néo-bacheliers inscrits en DUT (diplôme universitaire de technologie) à la rentrée 2020 ont obtenu leur diplôme après deux ou trois années d’études, selon la sous-direction des systèmes d’information et études statistiques (SIES) du ministère de l’Enseignement supérieur. Un taux de réussite nettement supérieur à celui de la licence. Près de la moitié seulement des bacheliers 2019 inscrits en première année de licence à la rentrée suivante ont obtenu leur diplôme en trois ou quatre ans, indique en effet le SIES dans une note datée du 21 novembre 2024.

Les IUT, acteurs clés de l’employabilité des étudiants

C’est dire l’efficacité des formations dispensées par les instituts universitaires de technologie (IUT). On en compte aujourd’hui 108 en France dont l’originalité est de proposer une formation tournée vers le monde professionnel. Un parcours qui associe un enseignement universitaire classique à une pratique professionnelle en phase avec les besoins de qualification exprimés par le tissu économique et industriel d’un territoire.

Un succès qui s’explique aussi par « une présence forte des professionnels au côté des enseignants académiques, des stages en entreprise, la sélection et l’orientation à l’entrée des élèves ainsi qu’un fort encadrement des étudiants, en nombre d’heures d’enseignement et de suivi », rappelle l’Académie des Technologies.

La réforme du BUT

Depuis la rentrée 2021, une réforme d’ampleur secoue toutefois le petit monde des IUT avec la création du bachelor universitaire de technologie (BUT), en remplacement du DUT. Devenu le diplôme de référence des IUT, il s’étend sur trois ans au lieu de deux et correspond au grade de licence (bac+3). En s’inscrivant ainsi dans le programme européen LMD (licence, master, doctorat), le BUT offre désormais aux étudiants et apprentis une ouverture à l’international.

Dans l’ouest de la région, l’Assemblée régionale des directeurs des IUT (ARIUT Occitanie-Pyrénées), organe consultatif institutionnel, fédère cinq IUT de l’Académie de Toulouse : les IUT de Blagnac et de Figeac (rattachés à l’Université Toulouse Jean Jaurès), l’IUT de Rodez (qui dépend de l’Université Toulouse Capitole) ou encore l’IUT de Tarbes (intégré à l’Université de Technologie Tarbes Occitanie Pyrénées).

Le cinquième élément est l’IUT Paul Sabatier. Composante de l’Université Toulouse III, ce dernier réunit trois sites : ceux de Toulouse, Auch et Castres. Soit sept campus au total qui représentent quelque 8 600 étudiants,1 500 alternants, près de 40 diplômes technologiques et plus de 330 enseignants-chercheurs insérés dans les laboratoires de la région.

Une nouvelle présidente

À l’issue d’une assemblée de l’ARIUT Occitanie-Pyrénées qui s’est déroulée le 6 décembre dernier, les directeurs d’IUT ont élu à leur tête une nouvelle présidente en la personne de Christine Barrot. Actuelle directrice de l’IUT Paul Sabatier, elle succède à Xavier Daran, directeur de l’IUT de Blagnac. Elle prendra ses fonctions en février 2025 pour un mandat de deux ans.

Christine Barrot est maîtresse de conférences à l’université Paul Sabatier de Toulouse. Ses recherches, menées à l’Institut Clément Ader, portent sur le développement de méthodes expérimentales pour la caractérisation de micro-écoulements gazeux et liquides. Elle enseigne la fabrication mécanique et les sciences aéronautiques au Département de Génie mécanique et productique de l’IUT Paul Sabatier.

Vers la création de Toulouse Occitanie Université

Cette nomination intervient alors que le site académique toulousain s’apprête à vivre une importante évolution. L’Université Toulouse III Paul Sabatier porte en effet le projet de création d’un nouvel d’établissement public expérimental (EPE) de recherche et de formation, « Toulouse Occitanie Université ». Structuré autour de l’UT3 et de l’École d’Ingénieurs de Purpan, auquel sont associés un très grand nombre de partenaires, l’EPE devrait voir le jour à l’horizon 2028.

Pour la nouvelle présidente de l’ARIUT, « il est essentiel que les IUT d’Occitanie s’inscrivent dans la construction du site en tant qu’acteurs incontournables ». Et d’ajouter :

C’est une condition indispensable pour continuer à offrir aux étudiants une équité d’accès à l’enseignement supérieur et leur garantir la réussite dans leur parcours universitaire de premier cycle sur l’ensemble du territoire. »

Un contexte budgétaire difficile

Cette élection s’inscrit également dans un contexte économique tendu. À l’échelle nationale, l’Assemblée des directeurs des IUT (ADIUT) s’inquiète en effet des coupes budgétaires dans les finances des universités projetées dans le cadre du projet de loi de finances 2025. Dans un communiqué daté du 4 décembre, Martial Martin, président de l’ADIUT, s’alarme ainsi « des impacts possibles sur les capacités d’accueil en IUT et les modalités d’application du référentiel pédagogique national des BUT ».

Ce, alors même que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche s’était engagé avec les universités à déployer la réforme du BUT « à subvention pour charge de service public constante », souligne-t-il. Et de conclure : « Sans solution rapide, la situation financière critique des universités fait peser un risque majeur pour notre jeunesse et notre pays. Malgré le succès de la réforme du BUT, elle pourrait mettre en danger les formations des IUT, au détriment de la mobilité sociale de nombreux jeunes et du développement économique des territoires. »