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PLFSS 2026 : le dispositif cumul emploi-retraite bientôt recentré sur les salariés les plus modestes ?

Emploi. Les conditions du cumul emploi-retraite devraient désormais varier selon l’âge et le montant des revenus de l’activité. Cette mesure, contenue dans le projet de loi de finances de la sécurité sociale qui vient d’être adopté, reprend les recommandations formulées par la Cour des comptes dans un rapport de mai 2025 qui appelle à une remise en ordre du dispositif.

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Le cumul emploi-retraite fait partie des dispositifs de transition entre l’emploi et la retraite, qui permet à ceux qui le souhaitent de travailler après la liquidation de leur pension afin notamment d’améliorer leur revenu. Dans les faits, les retraités à ressources modestes qui cherchent à se procurer des revenus d’appoint grâce à cette activité accessoire ne constituent qu’une minorité. Les premiers utilisateurs étant en effet les cadres dont les salaires en cumul emploi-retraite sont les plus élevés. (©Pixabay)

Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 a été adopté le 9 décembre 2025 par l’Assemblée nationale en nouvelle lecture. Entre autres mesures phares, il prévoit une suspension de la réforme des retraites dite « Borne » en 2026 et 2027. Une mise sur pause qui devrait profiter aux générations nées entre 1964 et 1968 qui pourront partir un trimestre plus tôt.

Autre annonce forte : le PLFSS prévoit de simplifier le cumul emploi-retraite en vue de le recentrer sur les retraités modestes. La réforme a vocation à s’appliquer aux salariés et aux travailleurs indépendants dont la première pension de retraite prendra effet à compter de janvier 2027. Elle ne concerne donc pas les personnes cumulant déjà un emploi et une retraite.

La volonté du législateur est de plafonner le montant de la pension de retraite en fonction des revenus de l’activité, le plafond variant selon l’âge du retraité. Ainsi, avant 64 ans (âge d’ouverture des droits à la retraite), la pension de retraite est diminuée de la totalité des revenus d’activité, dès le premier euro. Cette mesure vise à dissuader le cumul emploi-retraite avant l’âge légal et d’inciter à adopter le dispositif de retraite progressive.

Entre 64 et 67 ans (entre l’âge d’ouverture des droits à la retraite et l’âge d’annulation de la décote), le cumul emploi-retraite est partiel. Le montant de la pension de retraite est de fait diminué de 50 % de la part des revenus annuels d’activité excédant 7 000 € annuels (seuil à définir par décret). Cette diminution sera pratiquée d’abord sur les pensions des régimes de base, puis répartie éventuellement entre les autres régimes.

Après 67 ans (âge d’annulation de la décote), le cumul emploi-retraite est intégral. L’activité reprise permet alors de se constituer des droits à une seconde pension de retraite. Le montant de cette seconde pension ne serait plus plafonné (actuellement, la seconde retraite est plafonnée à 5 % du plafond annuel de la sécurité sociale, soit 2 355 € brut par an en 2025).

Limiter les effets d’aubaine

La mesure reprend les recommandations contenues dans un rapport de la Cour des comptes de mai 2025 intitulé « Le cumul emploi-retraite : un coût élevé, une cohérence à établir ». Dans ce document, l’institution dresse quatre profils type parmi les 579 000 retraités en activité que comptait l’Hexagone en 2020.

Avec un premier groupe, masculin à plus de 70 %, composé de cadres dont les salaires en cumul emploi-retraite sont les plus élevés. Un deuxième groupe, féminin à près de 70 %, concerne des personnes qui ont eu des carrières complètes avec des salaires d’activité modestes, inférieurs à la moyenne.

Le troisième groupe, masculin à près de 80 %, rassemble les personnes qui ont commencé à travailler tôt, et qui ont majoritairement bénéficié de la retraite anticipée pour carrière longue. Leurs salaires en cumul emploi-retraite sont plus élevés que la moyenne. Le dernier groupe, le moins favorisé, est composé à près de 90 % de femmes qui ont souvent attendu l’âge d’obtention automatique du taux plein pour partir à la retraite (67 ans aujourd’hui), après une carrière incomplète avec des salaires peu élevés.

La fin d’un mythe

Ainsi, selon la haute juridiction financière, les retraités à ressources modestes qui cherchent à se procurer des revenus d’appoint grâce à une activité accessoire ne constituent qu’une minorité des personnes recourant au cumul emploi-retraite. En outre, parmi ces retraités actifs, une proportion importante a bénéficié d’une retraite anticipée pour carrière longue ou d’une retraite pour inaptitude.

La Cour des comptes fait dès lors le constat global de l’existence de paramètres incohérents avec l’objectif de report de l’âge effectif de départ à la retraite et d’une concurrence problématique du dispositif à l’égard de la retraite progressive et de la surcote, le cumul emploi-retraite apparaissant plus avantageux que cette dernière. Elle conclut à la nécessité de simplifier le dispositif de cumul emploi-retraite et de mieux l’articuler avec l’âge d’ouverture des droits et l’âge d’annulation de la décote, de sorte à limiter les incitations à des départs précoces.