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Le Barreau de Toulouse en pleine polémique suite à une campagne de communication controversée

Polémique. C’est un bad buzz dont ce serait bien passé l’Ordre des Avocats du Barreau de Toulouse. Le 14 octobre 2024, une pétition dénonçant le caractère « stigmatisant » et « xénophobe » d’une affiche publicitaire à l’encontre de la communauté colombienne a été lancée, demandant son retrait immédiat ainsi qu’une lettre ouverte d’excuses. Sollicitée, la bâtonnière Caroline Marty-Daudibertières s’explique.

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Les initiateurs de la pétition expriment leur indignation : « Cette publicité est profondément stigmatisante, xénophobe et incite à la haine envers la communauté colombienne. » (©DR)

C’est la polémique de fin d’année que personne n’avait vu venir ! Le 14 octobre, une pétition demandant le retrait d’une campagne de communication du Barreau de Toulouse a été mise en ligne sur le site change.org. Signée à ce jour par plus de 2 800 personnes, celle-ci dénonce le caractère « stigmatisant » et « xénophobe » d’un visuel en particulier sur lequelle est écrit la phrase suivante : « Pas besoin d’être à la tête d’un cartel colombien pour faire appel à un avocat ».

À l’origine de cette pétition, un homme : Juan Felipe Mesa Ramirez, président de l’association de solidarité internationale Join Town. Fondée en 2017 par un groupe de jeunes Colombiens vivant à Paris, la structure œuvre aux quatre coins du globe pour les communautés vulnérables à travers la promotion du développement durable.

Déjà plus de 2 800 signataires

Dans un long texte traduit en français et en espagnol, l’intéressé se fait le porte-voix d’une communauté en colère et surtout lasse des préjugés et clichés surannés repris dans cette campagne d’affichage. Et ce, alors même écrit-il que la diaspora colombienne en France œuvre « sans relâche pour changer l’image négative associée à leur pays » :

Nous nous efforçons de faire connaître au monde entier la beauté naturelle de la Colombie, sa diversité ethnique, ainsi que la richesse de sa flore et de sa faune. En tant que société civile organisée, nous travaillons à promouvoir l’interculturalité et à sensibiliser à la solidarité internationale, en s’appuyant sur les principes de l’Éducation à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI), qui résonnent avec les valeurs de la République française : Liberté, Égalité, Fraternité. »

Une campagane au ton humoristique maladroite ?

Outre le retrait immédiat de l’affiche publicitaire, les signataires de la pétition demandent une lettre ouverte d’excuse de la part de l’Ordre des Avocats de Toulouse, « organisation censée défendre les principes d’équité, de justice et de respect des droits ». Contactée par la rédaction, la bâtonnière de Toulouse Maître Caroline Marty-Daudibertières a d’abord insisté sur le fait qu’il n’y avait eu « aucune volonté de blesser ou de stigmatiser quiconque » avant de revenir sur le contexte de cette campagne lancée début septembre et qui s’est terminée hier, mardi 15 octobre.

« Avec cette campagne, qui comprend quatre visuels différents, nous avons voulu faire appel à la pop culture pour interpeller nos concitoyens, explique-t-elle. En faisant notamment référence à toutes ces séries Netflix qui relatent de grandes affaires ou histoires politico-médiatico-judiciaires. L’idée étant vraiment de dire, sur un ton humoristique, que dans la réalité, il n’y a pas de grands et de petits dossiers. Les avocats sont là pour conseiller, accompagner et le cas échéant défendre au quotidien les contribuables, particuliers comme entreprises. »

Aucune volonté de blesser ou de stigmatiser

Les séries en question : Narcos, Pablo Escobar ou plus récemment Griselda. Inspirée de faits réels, cette série romancée suit le parcours de Griselda Blanco de Medellín à Miami, où elle est devenue marraine d’un empire de la drogue. Consciente que ce choix ait pu heurter certaines personnes, notamment celles issues de la communauté colombienne, la bâtonnière de Toulouse dit entendre leur ressenti et assure « regretter qu’elles se soient senties offensées ».

Pour autant, Maître Caroline Marty-Daudibertières n’envisage pas pour l’heure de publier une lettre d’excuse tout en précisant se donner le temps d’apprécier cette demande « le jour où l’on me la formalisera personnellement. Ce n’est pas au travers d’une pétition que je vais engager ou non mon barreau », conclut l’intéressée qui affirme « ne pas souhaiter rentrer dans une quelconque polémique ».