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Les aides à l’apprentissage revues à la baisse en 2025 pour quel impact ?

Emploi. Depuis une réforme intervenue en 2018 et surtout l’octroi depuis 2020 d’aides exceptionnelles pour l’embauche d’un apprenti, le nombre de contrats d’apprentissage a explosé en France. À fin 2023, on comptait ainsi plus d’un million de personnes en formation. Alors que le coût du dispositif est estimé par l’OFCE à près de 25 Mds€, le gouvernement vient d’annoncer une réduction du montant des aides.

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Le montant des aides pour l’embauche d’un apprenti est réduit en 2025. (©Pixabay)

Les aides à l’apprentissage seront-elles affectées par la cure d’austérité qui se prépare pour redresser les comptes publics ? Le gouvernement assure que non. Dans un communiqué daté du 30 décembre 2024, le ministère du Travail précise en effet que l’aide dont bénéficient les employeurs pour l’embauche d’un apprenti sera reconduite en 2025. Mais, légère concession à la rigueur des temps, son montant est réduit.

Un million d’apprentis

Réformé en 2018, l’apprentissage a bénéficié d’un énorme coup de pouce en 2020, en pleine période Covid, grâce à une aide exceptionnelle de 8 000 € versée à l’employeur. Un montant qui, dans la pratique annulait quasiment le coût du travail pour une grande majorité d’apprentis. En 2023, cette aide a été ramenée à 6 000 €. Pour autant, le nombre de contrats d’apprentissage a bondi. 849 000 nouveaux contrats ont été signé en 2023, portant le nombre d’apprentis en formation à plus d’un million à la fin de cette même année.

En 2025, c’est donc un nouveau coup de rabot que vont connaître les aides à l’apprentissage. Leur montant est désormais porté à 5 000 € dans les entreprises de moins de 250 salariés (pour la première année de contrat) et à 2 000 € au-delà de 250 salariés sous condition du respect d’un quota d’apprentis. L’aide demeure toutefois fixée à 6 000 € lorsque l’apprenti est en situation de handicap. Elle est par ailleurs cumulable avec les autres aides spécifiques.

L’aide concerne chaque contrat d’apprentissage conclu dès le lendemain de la publication du décret (prévue courant janvier) préparant à tout diplôme ou titre professionnel jusqu’au niveau master : bac +5, niveau 7 du répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), précise le ministère de l’Économie et des Finances.

Des conditions plus strictes

Toutefois, dans l’attente de ce décret, pour tous les contrats d’apprentissage conclus à partir du 1er janvier 2025, une aide de 6 000 € maximum est accordée pour la première année d’exécution du contrat pour la préparation d’un titre ou diplôme jusqu’au niveau baccalauréat (bac+2 pour les Outre-mer), uniquement pour les entreprises de moins de 250 salariés.

L’aide est attribuée à compter de la signature du contrat d’apprentissage sans demande particulière. Le contrat d’apprentissage doit être enregistré auprès de l’Opérateur de Compétences (OPCO). L’apprenti doit être déclaré sur la déclaration sociale nominative (DSN) et ses états de présence doivent être mentionnés sur la plateforme SYLAé. L’aide est versée mois par mois avant paiement du salaire. Rappelons enfin que depuis mai 2024, l’aide exceptionnelle ne concerne que les apprentis et non les autres salariés en alternance (contrats de professionnalisation).

Un coût énorme pour quelle efficacité ?

En septembre 2024, un rapport de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) rédigé par Bruno Coquet, chercheur associé, a pointé le coût « très élevé » de la dépense nationale pour l’apprentissage, à savoir « 24,9 Mds€ en 2023, soit 26 000 € par apprenti, environ deux fois plus que ce qui est consacré à chaque étudiant du supérieur », ce montant incluant les exonérations sociales et fiscales dont bénéficient ces contrats d’apprentissage ainsi que les dépenses d’assurance chômage.

Un coût d’autant plus important que selon le chercheur l’efficience du dispositif reste très faible, notamment du point de vue de l’insertion en emploi des apprentis. En effet, la hausse des dépenses a essentiellement bénéficié à des jeunes préparant un diplôme de l’enseignement supérieur (deux tiers des entrants en 2023, contre seulement un tiers en 2017) « qui n’ont pas besoin de ce type de coups de pouce financiers étant donné que c’est le diplôme qu’ils obtiennent qui est déterminant pour leur employabilité, et non pas qu’il ait été acquis par la voie de l’apprentissage ou à l’issue d’un cursus classique », précisait-t-il.