Parent et salarié, quels sont mes droits le jour de la rentrée scolaire… et après ?
Interview. La rentrée approche, l’heure pour les plus jeunes de retourner sur les bancs de l’école et pour les parents de jongler entre vie professionnelle et personnelle, et d’être confrontés à tous les aléas qui vont avec : peut-on s’absenter du travail ou arriver en retard pour accompagner son enfant le jour de la rentrée scolaire ? Au cours de l’année, de combien de jours puis-je disposer quand mon enfant est malade ? Juriste aux Éditions Tissot, éditeur spécialiste du droit social, Isabelle Vénuat répond à toutes ces questions.
Si les vacances sont déjà terminées pour les enseignant qui s’apprêtent à reprendre le chemin de leurs établissements dès demain, vendredi 30 août, pour la traditionnelle pré-rentrée, les élèves (près de 12 millions) profitent eux de leurs derniers jours off avant la rentrée scolaire prévue le 2 septembre prochain.
Et comme chaque année, cette rentrée va rimer avec casse-tête organisationnel pour de nombreux parents qui vont devoir concilier la gestion de leurs progénitures et le travail : accompagner son enfant le jour de la rentrée, gérer les maladies, aménager ses horaires… Des situations qui soulèvent leur lot d’interrogations.
La première, puis-je arriver en retard au travail pour accompagner mon enfant lors de la rentrée scolaire ?
Isabelle Vénuat, juriste aux Éditions Tissot : « Le Code du travail ne prévoit pas d’autorisation d’absence pour la rentrée scolaire. Il faut donc se référer à sa convention collective qui pourra prévoir, sous condition d’ancienneté du salarié, d’âge des enfants ou de niveau scolaire, un certain nombre d’heures afin de les accompagner pour leur premier jour de classe. À titre d’exemple, la convention collective de la coiffure prévoit une autorisation d’absence de trois heures rémunérées pour accompagner ses enfants jusqu’à 13 ans. Celle de la Publicité, autorise les parents à prendre une demi-journée “à leur demande”. Dans le secteur de la propreté, la convention collective prévoit pour les parents dont l’enfant entre pour la première fois à l’école, le bénéfice d’une journée de congé rémunérée. Si rien n’est prévu dans la convention collective, il faut vérifier s’il n’existe pas un usage d’entreprise ou un accord d’entreprise sur le sujet. Si aucune disposition existe, l’employeur est libre d’accorder ou non des heures d’absence. Si l’employeur refuse l’ultime solution pour le salarié sera alors de poser un jour de congé payé ou de RTT, sauf bien sûr s’il est au forfait jours puisque la notion de retard y est inexistante. »
Deuxièmement, quels sont mes droits quand mon enfant est malade, de combien de jours puis-je disposer par enfant et par an ?
Isabelle Vénuat : « En cas de maladie ou d’accident d’un enfant de moins de 16 ans, constaté par certificat médical, le salarié a le droit de bénéficier d’un congé non rémunéré, quelle que soit son ancienneté, à condition qu’il assume la charge de cet enfant. La durée de ce congé est de trois jours par an au maximum avec possibilité de fractionnement. Il est porté à cinq jours si : l’enfant est âgé de moins de un an et si le salarié assume la charge d’au moins trois enfants de moins de 16 ans. Attention toutefois, cette durée de trois jours (ou cinq jours selon le cas) est une durée globale pour tous les enfants du salarié et non pour chaque enfant ! La convention collective peut prévoir des dispositions plus favorables, notamment le maintien de la rémunération ou des durées d’absences plus longues. Dernière précision, ce congé concerne les cas bénins de maladie ou d’accident nécessitant un court rétablissement. En cas d’accident, de maladie ou de handicap grave de l’enfant, le salarié pourra notamment bénéficier d’un congé de présence parentale et s’absenter pendant plusieurs mois. »
Enfin, quels sont mes droits si je souhaite obtenir un temps de travail aménagé (4/5e par exemple) pour m’occuper de mes enfants ?
Isabelle Vénuat : « Jusqu’aux trois ans de l’enfant, le salarié ayant un an d’ancienneté dans l’entreprise peut demander à bénéficier d’un congé parental d’éducation à temps plein (le contrat de travail est alors suspendu) ou à temps partiel, avec un minimum de 16 heures de travail par semaine. L’ancienneté d’un an s’apprécie à la date de naissance de l’enfant ou à la date de l’arrivée au foyer de l’enfant adopté. Ceci est un droit que l’employeur ne peut refuser si le salarié en remplit les conditions. Néanmoins, en cas de congé parental d’éducation à temps partiel, l’employeur a le pouvoir d’imposer la répartition des horaires au salarié afin de ne pas désorganiser le fonctionnement du service ou de l’entreprise. Ainsi, par exemple, si l’employeur ne peut refuser un congé parental à temps partiel, il n’est pas tenu d’accepter l’absence le mercredi si d’autres personnes du service prennent déjà ce jour. Il pourra donc imposer un autre jour d’absence dans la semaine. Le refus du salarié de se plier aux nouveaux horaires choisis par l’employeur peut constituer une cause réelle et sérieuse de licenciement. À la fin du congé parental d’éducation à temps partiel, le salarié qui souhaite continuer sur le même rythme peut demander à ce que son contrat à temps plein soit transformé en contrat de travail à temps partiel. Mais dans ce cas, ce n’est plus un droit. Et l’employeur peut refuser la demande s’il estime qu’un temps partiel est néfaste à la bonne marche de l’entreprise. »