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Très attendue par les professionnels, une liste actualisée des métiers en tension est parue

Emploi. Un arrêté publié juste avant l’été liste 80 métiers en pénurie de main d’œuvre. Objectif : faciliter le recrutement de travailleurs étrangers et permettre la régularisation de certains salariés en situation irrégulière.

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La loi du 26 janvier 2024 pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration a institué une procédure de régularisation exceptionnelle pour les travailleurs étrangers en situation irrégulière et exerçant dans les métiers en tension. (©Pixabay)

Le ministère du Travail a récemment publié un arrêté fixant la liste des métiers et zones géographiques caractérisés par des difficultés d’embauche (Arrêté TSSD2508346A du 21 mai 2025). La précédente liste datant de 2021, son actualisation était très attendue par les professionnels.

Cette nouvelle liste, qui énumère 80 métiers en pénurie, vise en effet à répondre aux besoins persistants de main-d’œuvre dans certains secteurs d’activité en facilitant notamment le recrutement de travailleurs étrangers hors Union européenne.

Une procédure de régularisation exceptionnelle

Cette actualisation est d’autant plus importante que la loi du 26 janvier 2024 pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration a institué une procédure de régularisation exceptionnelle pour les travailleurs étrangers en situation irrégulière et exerçant dans les métiers en tension. L’admission exceptionnelle au séjour (AES) permet la délivrance d’un titre de séjour temporaire pour les étrangers en situation irrégulière.

Ces personnes peuvent demander une régularisation à titre personnel sans l’accord de leur employeur. L’admission est soumise à des conditions :

  • que la personne justifie d’une présence ininterrompue en France d’au moins trois ans ;
  • qu’elle exerce au jour de sa demande une activité professionnelle dans un des métiers en tension figurant dans la liste ;
  • qu’elle justifie d’une activité professionnelle d’au moins 12 mois, continue ou discontinue, sur les 24 derniers mois sur un métier en tension.

La délivrance du titre de séjour relève du préfet qui dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour l’accepter ou la refuser. Cette nouvelle procédure, de caractère expérimental, restera en vigueur jusqu’en décembre 2026.

Une autorisation de travail facilitée

En dehors de cette procédure exceptionnelle, l’inscription sur la liste des régions et des métiers en tension permet à un étranger de se faire délivrer une autorisation de travail sans exiger qu’une offre d’emploi non satisfaite ait été publiée pendant trois semaines à France Travail. De leur côté, les entreprises peuvent effectuer des recrutements de travailleurs étrangers hors UE sur des métiers en tension sans avoir à déposer auparavant une offre d’emploi.

La dernière enquête sur les besoins de main d’œuvre de France Travail faisait ainsi apparaître des difficultés de recrutement pour près de 50 % des projets d’embauche. Mais ce taux peut grimper fortement selon les emplois concernés. Ainsi 80 % des recrutement d’aide à domicile sont jugés difficiles comme 65 % des projets de recrutement d’aides soignants et 75 % des ouvriers mécaniciens.

35 métiers en tension en Occitanie

Selon les régions, le nombre de métiers en tension varie de 41 (pour l’Île-de-France) à 23 (en Bretagne). La région Provence-Alpes-Côte d’Azur en compte 39, l’Auvergne-Rhône-Alpes 37. En Occitanie, on en dénombre 35. Les métiers en tension comprennent aussi bien des emplois peu qualifiés et exigeant physiquement que des emplois très qualifiés d’ingénieurs et de techniciens.

De nombreux secteurs sont ainsi concernés, depuis la construction jusqu’à l’hôtellerie, en passant par la restauration, la santé, l’agriculture ou encore l’aide à la personne. Si certains saluent la parution de cette liste détaillée, d’autres professionnels pointent ses limites.

C’est le cas du Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR), des secteurs d’activité fortement impactés par ces pénuries de main d’œuvre. « Certains métiers du secteur HCR y figurent – mais de façon inégale selon les régions. Cela crée des distorsions pour les employeurs, et malgré nos nombreuses interventions, certaines situations de pénurie de main-d’œuvre n’ont pas été reconnues officiellement », déplore ainsi le syndicat.

Même son de cloche du côté de l’Union des métiers et industries de l’hôtellerie (UMIH), autre organisation représentative du secteur. « On a exclu les emplois les plus proposés, comme serveur ou commis de cuisine. C’est un vrai problème. Il y a encore trop de trous dans la raquette », assure ainsi Laurent Barthélémy, président national branche saisonniers.

L’Union nationale des syndicats autonomes, pour sa part, relève des problèmes persistants. « Cette liste de métiers laisse de côté des pans entiers de l’économie où se trouvent une grande majorité de travailleurs sans-papiers. Par exemple, en Ile-de-France, le gros-œuvre du bâtiment, une partie importante du secteur de la restauration, la logistique ou les déchets ne figurent pas dans le décret », affirme ainsi l’Unsa.