Tribunal de commerce de Toulouse : le président Laurent Granel passe le relais
Nomination. Le Tribunal de commerce de Toulouse se renouvelle avec l’arrivée d’un nouveau président en la personne de Philippe Dedieu et de cinq nouveaux juges consulaires : Guillaume Allier, Martin Deschilder, Stéphanie Loutfi le Grand, Yvon Watremetz et Jean-Éric Loubet.
Place de la Bourse, à Toulouse (Haute-Garonne). Il est 18 heures passées ce mardi 21 novembre 2023. Au premier étage du Tribunal de commerce, les convives se pressent dans le grand escalier pour se rendre dans la grande salle de réception. Représentants de la préfecture d’Occitanie, de Toulouse Métropole, avocats, membres du Medef, de la CCI, de la CPME… Toutes ces personnalités du monde judiciaire et économique sont venues en nombre pour assister à la cérémonie de présentation des nouveaux juges consulaires mais pas uniquement.
En effet, beaucoup ont fait le déplacement pour saluer Laurent Granel, l’actuel président du tribunal qui quittera ses fonctions en janvier prochain après un mandat de quatre ans marqué par la crise sanitaire. Présent, son successeur, Philippe Dedieu a tenu à le remercier chaleureusement et pour cause, les deux hommes se connaissent depuis longtemps :
« Nous sommes arrivés ensemble dans ce tribunal en 2008. Époque à laquelle la formation des juges consulaires se limitait à sa plus simple expression puisque nous avons eu droit à un baptême de deux jours à Bordeaux, à l’école nationale de la magistrature avant de nous dire : “c’est bon maintenant vous savez faire” », se rappelle non sans humour le nouveau président du Tribunal de commerce qui a partagé son souhait d’intensifier la conciliation contentieuse, mais aussi de consolider le dialogue avec les partenaires économiques régionaux. Et de poursuivre :
Je te remercie Laurent de m’avoir fait confiance lorsque je suis revenu après une césure de sept ans. Merci aussi de m’avoir nommé président de chambre de procédure collective. Un poste qui m’a permis de comprendre la délicate gestion de l’effectif et plus largement la gestion des hommes et des femmes qui, rappelons-le, sont tous bénévoles. Je tiens à saluer l’ensemble de ton travail et de ton engagement sans faille. »
Devenir juge consulaire : un engagement citoyen fort
Pour sa première et dernière présentation des nouveaux juges consulaires, Laurent Granel s’est directement adressé aux heureux élus pour leur rappeler l’importance de leur engagement mais aussi leurs devoirs de confidentialité et de respectabilité. « Vous allez intégrer un grand tribunal, le quatrième de France en termes de juges. Et surtout, vous vous apprêtez à vivre une expérience exceptionnelle à bien des égards. Comme pour vos aînés, sachez que cette institution est prête à vous accueillir, à vous aider et à vous intégrer. Et si vos débuts seront probablement difficiles, très vite vous vous rendrez compte que les tâches qui vous sont confiées sont passionnantes. » Et de conclure : « Enfin, j’espère que vous contribuerez à démystifier le tribunal en expliquant à vos interlocuteurs néophytes ce qu’il peut apporter aux chefs d’entreprise comme j’ai essayé de le faire pendant quatre ans. »
Une mission largement dans les cordes des cinq nouveaux juges fraichement nommés, tous ayant une riche expérience de la vie des entreprises et de leurs modes de fonctionnement. À 40 ans, Guillaume Allier a travaillé la plus grande partie de sa carrière dans le secteur de l’électronique. En 2009, cet ingénieur de formation a créé sa propre structure, le Groupe Allier Capital constitué de plusieurs sociétés : Spelem, spécialisée dans la maintenance industrielle électrotechnique et électronique, Acerelec experte dans l’installation ou l’intervention de maintenance des installations haute tension et basse tension et enfin, Laclim active dans le secteur d’activité de la fabrication d’équipements aérauliques et frigorifiques industriels. Engagé, le chef d’entreprise est le parrain de l’association 60 000 rebonds Occitanie qui accompagne les entrepreneurs post-liquidation à rebondir vers un nouveau projet professionnel et collabore au Réseau Entreprendre.
Également ingénieur de formation, Martin Deschilder a lui commencé sa carrière chez Altran où il a passé trois ans comme ingénieur calcul conception. Depuis 2016, ce tout jeune quadragénaire est le directeur Europe de Triumph Group qui conçoit, fabrique, répare et révise un vaste portefeuille de composants, d’accessoires, de sous-ensembles, de systèmes et de structures aéronautiques et industriels. Il est adhérent de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) Midi-Pyrénées.
Quatre hommes, une femme
Stéphanie Loutfi le Grand est la plus jeune des juges, mais aussi la seule femme. Après avoir obtenu un BTS opticien à Toulouse, elle a exercé ce métier pendant près de dix avant de suivre à TBS un Executive Master en management pour se préparer l’entrepreneuriat. À partir de 2018, elle devient responsable du marketing et de la stratégie au sein de la start-up toulousaine Fittingbox, spécialisée dans l’essayage virtuel de lunettes. En 2022, l’intéressée change de trajectoire et fonde Mana, une société de service dédiée à l’environnement. Son objectif ? Lutter contre le réchauffement climatique tout en soutenant le monde agricole qui fait face à de nombreux enjeux.
À 67 ans, Yvon Watremetz a occupé au cours de sa carrière les postes de chef de projet, directeur technique, responsable de département ou encore directeur de programmes au sein de différentes entreprises dont Sopra Steria, Omnis Informatique, Eurogiciel Ingénierie SAS (aujourd’hui Scalian) ou encore GFI World. Depuis 2016, il dirige sa propre structure de service, conseil et de formation en informatique.
Absent lors de cette cérémonie, Jean-Éric Loubet a, lui, commencé sa carrière chez Motorola avant de devenir responsable méthodes au sein de Liebherr Aerospace pendant plusieurs années. En 2012, il a repris avec un associé la PME GIT (Galvanoplastie industrielle toulousaine), spécialisée dans le domaine du traitement de surface et l’application de peinture liquide sur différents supports pour l’industrie, principalement l’aéronautique. Depuis 2018, l’homme de 54 ans est aussi le propriétaire et directeur de Decoral, une société basée en Haute-Savoie qui opère dans le traitement de surface de pièces en aluminium, en titane et en inox.
Après une formation initiale d’une durée de huit jours, qui doit leur permettre d’assimiler les fondamentaux de l’acte de juger en matière commerciale, les nouveaux juges consulaires prêteront serment le 8 janvier 2024 devant la présidente de la chambre commerciale de la cour d’appel de Toulouse.