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Violences domestiques : le Barreau offre des consultations à la Maison des femmes du CHU de Toulouse

Accompagnement. Ouverte depuis décembre 2024 sur le site de Purpan du CHU de Toulouse, la Maison des femmes Toulouse Occitanie Ouest offre aux victimes de violences une prise en charge médicale, sociale, psychologique et désormais juridique grâce aux consultations données gratuitement par des avocats toulousains.

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Située sur le site de Purpan, la Maison des femmes accueille les victimes de violences et leur propose un accompagnement personnalisé et global qui prend en compte les aspects médicaux, sociaux et juridiques. (©Maison des Femmes Toulouse Occitanie Ouest)

Chaque mercredi matin, depuis le 15 octobre, des avocats formés aux problématiques spécifiques des violences faites aux femmes accueillent les victimes gratuitement sur rendez-vous à la Maison des femmes Toulouse Occitanie Ouest au CHU de Toulouse.

Située sur le site de Purpan, avenue Jean Dausset, cette structure, ouverte depuis le 16 décembre 2024 et inaugurée le 3 mars dernier, a pour vocation d’accueillir les femmes de plus de 15 ans victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques…) résidant dans la métropole toulousaine, notamment les plus vulnérables d’entre elles ou celles rencontrant des difficultés pour accéder aux soins courants.

Financée par l’État, l’Agence régionale de santé (ARS), la mairie de Toulouse, le Département de Haute-Garonne, la caisse d’allocations familiales de la Haute-Garonne et le réseau ReStart, cette nouvelle structure offre aux femmes concernées, après une évaluation médicale préalable, un accompagnement personnalisé et global.

Un lieu dédié à l’accompagnement et au soutien des femmes

L’équipe constituée autour du Dr Marion Vergnault, médecin légiste, comprend en effet des praticiens, des infirmières, des sages-femmes, des psychologues ainsi qu’une assistante sociale assurant ainsi une prise en charge médicosociale et psychologique. À ces professionnels spécialisés s’ajoutent donc désormais des avocats.

Dans le cadre d’entretiens confidentiels, ces juristes, tous volontaires, offrent conseils et écoute aux victimes de violence suivies par la Maison des femmes. De fait, ces consultations permettent d’aborder de nombreuses thématiques : droit de la famille, pénal, logement, travail… Objectif ? Leur permettre de mieux comprendre leurs droits et engager les premières démarches juridiques en vue d’une reconstruction durable. À noter que le premier mercredi du mois, les permanences sont plus particulièrement dédiées au droit des étrangers.

Ces permanences d’avocats à la Maison des femmes s’inscrivent dans la continuité d’une collaboration plus ancienne entre les deux institutions. Un partenariat a en effet été noué en 2024 entre l’Ordre des avocats du barreau de Toulouse et le CHU qui s’est traduit par la mise en place de consultations juridiques au sein de l’Institut médico-légal. Trois permanences hebdomadaires y sont proposées afin d’orienter et de soutenir juridiquement les victimes dès les premières constatations d’infraction.

Des conseils juridiques jusque-là trop tardifs

« Ce dispositif est né d’un constat partagé : le conseil juridique intervient souvent trop tard, alors même que les premières heures sont décisives pour la protection et la reconstruction des victimes », détaille le Barreau de Toulouse dans un communiqué daté du 24 novembre. L’idée est donc de mieux accompagner les femmes victimes de violences qui sont, souvent, les plus vulnérables. « Peu d’entre elles osent de fait franchir les portes de l’Institut médico-légal pour faire constater les violences dont elles sont victimes. La Maison des femmes leur offre un cadre plus rassurant, où la parole se libère plus facilement. »

Pour rappel, en 2023, l’unité médico-judiciaire du CHU de Toulouse a accueilli 1 600 femmes victimes de violences conjugales, 175 femmes victimes de violence intra-familiale, 550 femmes victimes de violences sexuelles et une centaine de demandeuses d’asile. L’orientation vers une structure telle que la Maison des femmes aurait pu se justifier pour 500 de ces femmes victimes de violences basées sur le genre.

Soutien des pouvoirs publics et des mécènes

L’an dernier, 943 K€ ont été investis dans la rénovation du bâtiment qui accueille la Maison des femmes sur le site du CHU. Son budget de fonctionnement est, lui, évalué à plus de 520 K€ pour la première année. Si les pouvoirs publics financent la structure, des mécènes tels que la Fondation l’Oréal sont également sollicités pour soutenir les activités proposées aux femmes dans ce cadre comme la sophrologie, l’art-thérapie, la socio-esthétique, le photo-langage ou bientôt le karaté thérapeutique.

À noter que la Maison des femmes Toulouse Occitanie Ouest fait partie d’un réseau national qui comprend aujourd’hui une trentaine de structures dans l’Hexagone, créé à l’initiative du collectif ReStart sur le modèle de la Maison des femmes fondée en 2016 à Saint-Denis par la gynécologue obstétricienne franco-libanaise Ghada Hatem. De son côté, Marion Vergnault, qui a porté le projet toulousain, souhaite amplifier son action à travers la création de dispositifs-antenne « Maison des femmes » dans chaque département de l’Occitanie Ouest.

Au-delà de l’accueil des victimes de violence, l’équipe de la Maison des femmes joue également un rôle central dans la coordination et la sensibilisation des acteurs du territoire. Elle s’est notamment donnée pour mission de renforcer la formation des professionnels de santé : médecins, sages-femmes et dentistes exerçant en libéral mais aussi les pharmaciens d’officine et infirmiers libéraux.

L’Observatoire national des violences faites aux femmes, qui s’appuie sur une enquête du service statistique ministériel de la Sécurité intérieure (SSMSI), chiffre à 373 000 le nombre de femmes de plus de 18 ans qui en 2022 ont été victimes de violences physiques, sexuelles et/ou psychologiques ou verbales de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.

En 2024, les services de sécurité ont enregistré 272 400 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire, dont 84 % étaient des femmes. Aucun territoire n’est épargné par le phénomène. En Occitanie la proportion de femmes victimes de violences conjugales varie de 7,4 femmes pour 1 000 habitantes âgées de 15 à 64 ans dans l’Aveyron à 11,8 dans les Pyrénées Orientales. La moyenne nationale est de 10,6. En Haute-Garonne, le ministère de l’Intérieur dénombre 9,7 victimes de violences conjugales. Le Pas-de-Calais, La Réunion, le Nord, la Somme et la Seine-Saint-Denis figurent parmi les départements qui affichent le plus fort taux de victimes avec un record de 16,1 victimes dans le 62.