Le fondateur de Relais d’Entreprises et de VivrOVert trace sa route. Visionnaire, il a innové en créant des tiers lieux il y a une dizaine d’années pour télétravailler à la campagne. Un véritable acteur du rééquilibrage des territoires.
« Je préfère parler de proxitravail plutôt que de télétravail », explique Dominique Valentin, qui entend bien faire entrer le mot dans le dictionnaire. L’idée de créer Relais d’Entreprises a émergé au volant de sa voiture. À la veille de ses 40 ans, l’intéressé a une révélation. « Deux fois par jour, je me retrouvais coincé dans les embouteillages pour rentrer ou sortir de Toulouse. J’en ai eu assez. J’ai décidé de créer un premier Relais d’Entreprises à Rieux-Volvestre, mon lieu de vie. » Un premier bébé qui sera suivi par 96 autres dans toute la France, dont le dernier né vient d’ouvrir ses portes à Bagnères-de-Bigorre.
Comment ça marche ?
Le principe est simple : permettre aux entreprises ou collectivités locales, d’accueillir leurs collaborateurs dans des bureaux partagés, leur évitant ainsi les heures d’embouteillages. En moyenne, en France, les salariés travaillant en ville passent 160 heures dans les bouchons, c’est l’équivalent d’un mois de travail. « Le proxitravail est différent du coworking. Si une entreprise a plusieurs salariés qui viennent d’un même bassin de vie, c’est très simple de les faire travailler dans un relais et de partager les locaux. »
Relais d’Entreprises prend tout son sens aujourd’hui. Comme l’explique Dominique Valentin :
Il faut répondre à la question du pourquoi on se déplace et non du comment. On doit s’interroger sur la logique d’appréciation du salarié, elle n’est pas uniquement basée sur son temps de présence, sauf pour les métiers en production. »
Cependant, 30 % des télétravailleurs ne sont pas contents de rester à domicile et regrettent le manque de lien social. Pour Dominique Valentin, la solution est donc d’avoir un bureau près de chez soi. « Lors de mes précédentes expériences professionnelles, je travaillais sur le reclassement des personnes impactées par les plans sociaux. J’ai découvert le triptyque : territoire/citoyen/entreprise, il faut que le territoire soit attractif pour retenir et valoriser une entreprise, c’est donnant-donnant. »
Pour Dominique Valentin, pas de doute, les entreprises ont un rôle à jouer dans l’aménagement du territoire.
Je suis un fervent défenseur de la ville du quart d’heure, concept créé par l’universitaire Carlos Moreno. En 15 minutes, à pied, on devrait pouvoir se loger, faire ses courses et travailler. »
Le label bas carbone, un succès pour Relais d’Entreprises
Dominique Valentin ne lâche rien, il parle de croisade, sa détermination est intacte 10 ans après la création de son entreprise. Laquelle a obtenu le Label Bas Carbone, un label qui certifie des projets de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. « On valorise la non-mobilité des collaborateurs en revendant des tonnes de CO2 non émises aux entreprises qui veulent neutraliser leur bilan carbone », détaille le dirigeant. Autre belle récompense, le concept de Relais d’Entreprises et sa marque figurent désormais dans le livre de géographie des élèves de troisième, comme exemple novateur d’aménagement du territoire.
Dominique Valentin ne cesse de courir, au sens propre comme au sens figuré puisqu’il enchaine les marathons et les trails. Il vient de créer une autre entreprise complémentaire : VivrOVvert, un site internet qui permet de choisir son lieu de vie, en fonction de ses critères (environnement, logement…).
Sa priorité, cependant, reste Relais d’Entreprises. « Nous avons une vision pertinente mais il faut qu’on change d’échelle, en s’associant avec des pépinières d’entreprises, par exemple, ou des lieux abritant un fablab. On va donner de la visibilité à des entreprises, des espaces », assure-t-il.
Et d’ajouter :
On doit changer de dimension pour ouvrir le capital à un groupe. J‘ai construit l’entreprise sans aides, ni subventions, désormais, il nous faut une nouvelle force de frappe. »
Aujourd’hui, Relais d’Entreprises réalise 450 K€ de chiffre d’affaires, emploie sept personnes et trois postes sont en cours de création. L’entreprise, qui vise 1 500 espaces en 2028, prélève une adhésion de 160 € par mois pour les collectivités, communautés de communes, entreprises… En fonction de la place disponible, certains font le choix de partager et de louer leurs locaux, 20 € par jour en moyenne.
Pouvoir d’achat, équité sociale, qualité de vie, mobilité, environnement, Relais d’Entreprises agit en profondeur. Alors que la loi Climat et résilience d’août 2021 a posé un objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) à l’horizon de 2050, l’entreprise veut s’inscrire pleinement dans cet enjeu. « Nous sommes obligés d’avoir une réflexion sur l’optimisation des usages. Nous voulons que les citoyens choisissent leur lieu de vie et ne le subissent plus », conclut Dominique Valentin.