Éric Darago
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Éric Darago

Pris au jeu.

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Photo d'Éric Darago
Éric Darago (Crédit : DR)

Un casino dans une ville est un véritable pôle économique, c’est beaucoup plus qu’un lieu attirant des joueurs en recherche d’adrénaline, c’est un paquebot. Éric Darago en est le capitaine. Le casino de Toulouse est le troisième de France, sur un classement de 203 casinos.

Il est intégré au Groupe Barrière, 110 ans d’existence, qui regroupe 32 casinos, 19 hôtels, 150 bars et restaurants. La direction de Toulouse supervise à distance le casino de Biarritz et celui du Cap d’Agde.

250 personnes s’affairent au quotidien dans ce temple du jeu. Le jeu mais pas seulement, vous dira Éric Darago, « on va au-delà de la simple expérience du casino, nous avons un théâtre qui accueille 165 000 personnes par an. On produit un nouveau spectacle tous les deux ans et nous faisons tourner 110 spectacles sur l’année. Ajoutons à cela trois restaurants et quatre bars », détaille le principal intéressé.

Un homme de terrain

Les journées sont toutes différentes pour le directeur. « Je dois gérer les équipes au quotidien et m’assurer que les clients sont satisfaits. L’excellence de l’accueil est primordiale. On reçoit 1 million de visiteurs par an, c’est en moyenne le double de la Cité de l’Espace. »

Le sourire et le sens du service sont des concepts qu’Éric Darago a vite intégrés dans son parcours professionnel. « On fait un métier de loisirs et de partages, j’aime arriver à surprendre les clients. Il faut savoir qu’un casino ressemble à une ville, il ne dort jamais. L’établissement est ouvert de 9 heures à 4heures du matin, lorsque les clients sont partis, on s’occupe du rangement et de la mise en place pour la prochaine ouverture. »

Éric Darago aime le terrain, ça se sent, ça se voit. Vous le croiserez sur les événements, il met un point d’honneur à aller au contact de la clientèle. Il surveille « la mise en scène » avec l’oeil d’un expert. Éric Darago vient du terrain, formé en restauration traditionnelle, puis collective, il a effectué une bonne partie de sa carrière dans le groupe Sodexo, de directeur d’exploitation à chef de secteur.

Il est entré dans l’univers du casino par la restauration avant de gravir les échelons. « Non, ce n’est pas le jeu qui m’attire, s’amuse-t-il, je ne suis pas joueur. D’ailleurs, en tant qu’employé d’un casino, nous sommes soumis à des règles très strictes. Et, on ne peut pas jouer au sein de notre groupe. »

Il faut effectivement obtenir un numéro d’agrément national pour travailler dans un casino et montrer patte blanche. « C’est très légiféré, ajoute Éric Darago, bien plus qu’une entreprise de restauration. Au début, ça surprend, il y a des caméras qui surveillent les endroits stratégiques, tout ce qui est lié aux flux financiers et à l’identité sont contrôlés en permanence. »

Comment être sur tous les fronts ?

Comédiens, électriciens, cuisiniers, jardiniers, croupiers, au masculin ou au féminin…

« Ce qui m’a séduit en prenant la direction d’un casino, c’est la diversité des métiers, c’est fascinant. J’aime faire grandir les équipes. »

Gérer un casino ne s’improvise pas, il faut connaître et composer avec la réglementation du jeu.

« Nous sommes contrôlés quotidiennement par la police des jeux, je porte la responsabilité pénale. » Qui dit jeu dit aussi risques d’addiction. Éric Darago a l’oeil, les équipes sont formées pour détecter des éventuels comportements addictifs. Une psychologue clinicienne peut accompagner les clients.

« On stoppe les processus en amont, explique le directeur. On ne peut toutefois pas interdire l’entrée du casino à un client. S’il souffre d’une addiction et s’il est dans le déni, on ne peut pas passer outre. Notre intérêt n’est pas de ruiner les clients, chacun doit pouvoir jouer de manière responsable. »

Il se veut rassurant : moins de 1% des joueurs deviennent accros. La réglementation des machines est très codifiée. Ce sont des sociétés d’État qui homologuent les machines, « mais vous êtes libre d’agencer votre espace de jeux comme vous le souhaitez. »

Le casino a trouvé sa place dans la ville, c’est une délégation de service public, c’est aussi une manne financière pour une commune. 60% des produits bruts des jeux sont prélevés par l’État et la ville. Le chiffre d’affaires du casino, jeux compris, est estimé à 60M€. Plus le produit brut des jeux est élevé, plus le barème de prélèvement est important.

L’équipe développe la commercialisation des espaces auprès des entreprises de la région, elles peuvent y organiser des conférences et des séminaires. Le casino recrute une centaine de personnes par an, la demande est forte en restauration. L’école de croupiers permet de former en collaboration avec l’Afdas et Pôle emploi des professionnels de la roulette.

« Il faut une année entière en immersion dans le casino pour devenir un croupier junior », explique Éric Darago. Le dirigeant s’est pris au jeu pourrait-on dire. Il aime ces nouveaux challenges au quotidien. « C’est exaltant de créer un jeu, un spectacle, de se renouveler. Mon intellect est bien nourri, j’ai trouvé ma place. Le casino, c’est l’effet waouh !

Quand vous voyez le nombre de personnes qui évoluent dans l’établissement, vous êtes pris dans l’ambiance. Il y a un mélange de population, de la joie, du spectacle. Les gens viennent ici pour s’amuser, ça nous pousse à avancer au quotidien ! »