Qu’il s’agisse de peintures à l’huile, de tableaux représentant un fusil crée à partir de jouets pour enfants, de sculptures d’un poste de télévision ou d’un corps de femme, les oeuvres de Fred Manenc ont toutes une caractéristique commune : elles sont monochromes. Une particularité qui, selon l’artiste, ne signifie pas monotonie ou manque d’imagination.
Tout au contraire, Fred Manenc aime surprendre. Et c’est dans cet état d’esprit qu’il a décidé de fonder son atelier, au sein du site du 50cinq, avenue Louis Bréguet à Toulouse, après avoir rencontré la monotonie au cours de ses 30 ans de carrière passés dans le domaine de la restauration. « Comme on le dit si bien, je cherchais un véritable sens à ma vie. J’avais besoin de renouveau », confie l’artiste.
La naissance d’un artiste
Personnalité rêveuse et passionnée, Fred Manenc ne fut pas pour autant un artiste dans l’âme durant sa prime adolescence. Né à Toulouse en 1964, il fait ses premiers pas dans le monde du travail à seize ans, après avoir vécu deux ans à Londres puis à Paris dans le cadre de sa formation dans l’industrie hôtelière. Ainsi débute sa carrière dès son retour dans la Ville rose, d’abord en tant que barman, directeur de brasseries puis patron. Mais après trois décennies, ce restaurateur, ancien directeur de la brasserie Le Florida, et père de famille cherche de la nouveauté. « Il est arrivé un moment dans ma vie où je me suis retrouvé seul avec mon fils. Pour l’occuper, j’avais décidé de lui acheter un chevalet, des pinceaux, des toiles et des tubes de peinture. En même temps que je l’aidais, je réfléchissais à des styles de peinture que je pourrais réaliser. Petit à petit, je suis devenu passionné », confie-t-il.
Dès lors, l’esprit créatif de Fred Manenc s’éveille. Il découvre, esquisse, manie, teste les possibilités de la peinture à l’huile en autodidacte. « J’ai beaucoup réfléchi à l’idée de prendre des cours. Mais je me suis rendu compte que cela mettrait des barrières à mon imagination à cause des règles préétablies ». À force d’expérimenter, Fred Manenc trouve son propre style : la monochromie. Il commence à peindre en 2002, puis, en 2017, installe son atelier au coeur du 50cinq, haut lieu de la culture urbaine à Toulouse.
Fidèle à son style, à chaque toile une couleur différente. L’artiste toulousain travaille à partir d’une seule couleur de peinture et la décline en plusieurs nuances, qu’il s’agisse du bleu, du noir, du rouge ou de l’or. « L’avantage de la monochromie, c’est que je peux la décliner comme je le souhaite et donner l’impression que le tableau est polychrome grâce aux nuances. C’est cela qui m’inspire, parce que l’on peut créer un jeu de lumière et d’ombre à partir d’une seule couleur ». Tant et si bien que ses amis artistes le qualifient de « monochromaniaque ».
Des oeuvres variées
Mais les peintures à l’huile ne sont pas les seules oeuvres de Fred Manenc. En tant qu’artiste plasticien, il réalise également des sculptures, telles qu’un poste de télévision, un corps de femme, une table basse. Et toujours monochromes ! Ses choix de matières premières sont pour le moins inattendus car il s’agit, pour la plupart de ses oeuvres, de figurines pour enfants.
Dans son atelier, qui a tous les aspects d’une fabrique de jouets, si Fred Manenc travaille habituellement seul, il collabore parfois avec d’autres créateurs. Par exemple, avec le chef Yannick Delpech, créateur de la pâtisserie toulousaine Sandyan, pour réaliser des bûches de Noël à la fin de l’année 2021. À la manière d’un pâtissier avec son pochoir, il crée aussi des choux à la crème à base d’acrylique et de silicone avec lesquels il compose des sculptures dont certaines ornent aujourd’hui les murs du restaurant que le chef a ouvert il y a deux ans à Colomiers.
Mais tout comme les couleurs qui se déclinent, Fred Manenc s’inspire de différents thèmes pour concevoir ses oeuvres. Apparaissent ainsi des sujets récurrents : celui de la guerre, avec plusieurs tableaux composés d’armes ou représentant une kalachnikov ; la religion catholique, avec différentes représentations de la croix ; ou encore des corps de femmes symbolisant les péchés capitaux de la gourmandise et la luxure ; et sans doute le plus important de tous, le thème de l’enfance avec ces effigies de héros de dessins animés.
Un artiste complet
Fred Manenc s’est aussi lancé dans la réalisation de mobilier en collaboration avec le menuisier Nicolas Dutouron qui a lui aussi son atelier au 50cinq. Dans le même esprit que ses huiles sur toiles, il crée des tables, des chaises, des luminaires monochromes à partir des motifs iconiques de ses toiles.
Dans l’esprit créatif de l’artiste, ne cessent de bouillonner de nouvelles idées. Fred Manenc vient de se lancer un nouveau défi avec la création d’un livre décoratif. « L’idée est de pouvoir le considérer non pas comme quelque chose d’utile, mais comme un bel objet que l’on peut poser sur une table rien que pour l’admirer », explique le créateur.
L’artiste, dont la notoriété ne cesse de croître, a déjà participé à de nombreuses expositions. En juin dernier, Fred Manenc a participé à Apnée, l’exposition collective organisée par la galerie Serventi à Toulouse au profit de la fondation Tara Océan, qui lutte notamment contre la pollution des océans. Il a aussi récemment créé une composition dorée réalisée à partir de jouets Happy Meals à l’occasion du quarantième anniversaire de McDonald’s Toulouse.
Mais les expositions en présentiel ne constituent qu’une mince partie du travail de l’artiste. Très au fait des nouvelles technologies, Fred Manenc est actif sur les réseaux sociaux. « Les clients me contactent souvent via Instagram ou Facebook. Mais ceci n’empêche pas d’exposer ailleurs, comme à Paris, Lyon, Cannes, Bordeaux, Bruxelles ou Luxembourg », explique l’artiste. Reste à savoir quelles nouvelles oeuvres viendront orner les murs de son atelier. Peut-être le fameux livre d’art en préparation ?