« Mais que vas-tu faire dans les déchets ? » En révélant son projet professionnel à son entourage, le jeune Jean- François Rezeau en a médusé plus d’un. Il faut dire que son ambition était peu commune. Consacrer une grande partie de son temps à ce que la majorité rejette et tient à l’écart – les ordures ménagères et autres détritus : « l’idée est presque trop belle pour y croire », écrivait en 2008 Marie-Claire Ganesco dans les colonnes de la Gazette du Midi à propos du nouveau président de la chambre de commerce et d’industrie de région Occitanie, qu’elle décrivait comme un « visionnaire ».
« Que ce soit pour fabriquer d’autres denrées, ou pour produire de l’énergie à partir du biogaz, les déchets doivent connaître une seconde vie. Il en va de l’avenir de l’humanité », expliquait-il en effet à l’époque, avant d’ajouter quelques lignes plus loin : « Nous sommes en train de basculer d’une société de l’abondance à une société de la rareté. Dans ce contexte, les matières premières secondaires, comme le papier, le carton ou encore le plastique recyclé, sont intéressantes à exploiter. Tout mon travail consiste donc à inciter les entrepreneurs à s’orienter dans cette voie ». Un travail qu’il n’a cessé de mener depuis, puisqu’entré chez Veolia en 1995, à tout juste 25 ans, une licence de biologie cellulaire et physiologie animale en poche, il a depuis effectué toute sa carrière au sein de cette multinationale française spécialiste, entre autres, de la valorisation des déchets.
Devoir innover
Ce natif des Sables d’Olonne, y a également trouvé l’occasion de satisfaire son intérêt pour la chose publique. Lui qui fut candidat aux régionales de 1998 dans les Pays de la Loire mais surtout conseiller municipal d’une petite commune de Vendée de 1995 à 2001, expliquait à ce propos : « travailler auprès des décideurs locaux, leur apporter des solutions pour améliorer le cadre de vie des citoyens et accompagner le développement d’une ville, tout cela est très motivant ». Parachuté en Occitanie en 2007 au poste de directeur de l’agence Midi-Pyrénées-Béarn de Veolia Propreté, devenue Veolia recyclage et valorisation des déchets Midi-Pyrénées-Atlantique, il a depuis rajouté quelques lignes à son CV et étoffé la liste de ses engagements sociétaux et environnementaux. En 2016, toujours dans les colonnes de la Gazette du Midi, Jean-François Rezeau apparaissait, sous la plume de Léa Gastier, comme « le chantre régional de l’économie circulaire ».
« Notre CCI doit être un lieu d’échange et de construction collective guidée par un leitmotiv : « La CCI de demain, utile et solidaire, des territoires urbains aux territoires ruraux ».
Des gants de boxe aux poignets, bien campé sur un ring, il venait de prendre la présidence de l’Académie de boxe Christophe Tiozzo à Toulouse, le deuxième club français de boxe anglaise en nombre de licenciés (291 adhérents) à l’époque. La boxe créatrice de liens entre les hommes ? « L’idée est de permettre une mise en relation entre ces personnes et les entreprises pour favoriser le retour à l’emploi », expliquait le dirigeant, avouant consacrer beaucoup de son temps à cette association. Même détermination écoresponsable côté professionnel : plusieurs sites de Veolia se dotent à l’époque de ruches, de potagers gérés par les salariés. « Ces actions peu onéreuses pour une entreprise contribuent à une approche managériale différente. La nouvelle économie a créé une rupture. Elle impose d’innover, de changer notre façon de manager. Il faut donner du sens à l’engagement de nos salariés, qu’ils se sentent utiles et fiers de leur entreprise », expliquait le dirigeant.
Fervent adepte de l’économie circulaire
Sous sa houlette, une plateforme d’accompagnement des salariés en difficulté avait également été mise en place. « On s’est aperçu, par exemple, qu’un de nos salariés dormait dans sa voiture depuis 10 mois suite à son divorce, détaillait-il. Des conseillers en aide sociale, extérieurs à l’entreprise, sont là pour épauler nos collaborateurs qui le souhaitent ». Une démarche parmi d’autres qui a permis à son agence d’être la première du groupe à obtenir sa labellisation RSE. Son expertise lui vaut à l’époque d’assurer la présidence de la commission développement durable et RSE au sein de la CCI de Toulouse. Les convictions du dirigeant n’ont pas varié. Depuis longtemps fervent adepte de l’économie circulaire, il est resté ce « partisan d’un partenariat gagnant-gagnant entre l’écologie et l’économie ».
Un credo qu’il martèle dans nombre de ses interventions : il est dans l’intérêt des entrepreneurs de mettre en place des actions de développement durable. « C’est un capital immatériel qui soutient la performance financière », pointe-t-il. Désormais à la tête de la CCIR, il se dit prêt « à défendre, dans toutes les instances, la nécessité d’une autonomie des départements, à mettre tous les acteurs de la CCI Occitanie au service des CCI territoriales et, enfin, à faire entendre la parole de tous et de chacun, grandes métropoles comme territoires ruraux. Notre CCI doit être un lieu d’échange et de construction collective guidée par un leitmotiv : “La CCI de demain, utile et solidaire, des territoires urbains aux territoires ruraux.” »
Alors que les effets du dérèglement climatique se font chaque jour un peu plus présents et alors que l’économie se remet encore très partiellement des effets de la crise sanitaire, son expérience et les valeurs qu’il promeut ne seront pas de trop pour affronter les défis auxquels devra faire face l’économie régionale.