Jean-François Saves
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Jean-François Saves

Construire pour durer.

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Jean-François Saves (Crédit : DR)

Construire des maisons individuelles grâce à des solutions innovantes, c’est le défi que s’est lancé Jean-François Saves avec l’entreprise Ovalie Construction, avec l’appui de ses douze collaborateurs. Commercial de formation, ce Gersois a pris en 2021 la direction de l’entreprise de construction basée à Portet-sur-Garonne et dont le champ d’action couvre les départements du Gers, de l’Ariège, du Tarn, de la Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne.

Et malgré une chute des ventes de maisons individuelles de 31% sur l’Hexagone l’année suivante, Jean-François Saves se veut confiant pour 2023 et reste pragmatique. « Diriger une entreprise demande de la pédagogie. Il faut savoir gérer le personnel et avoir plusieurs cordes à son arc. C’est un apprentissage continuel que l’on développe au fil du temps », explique-t-il.

Et pour ce qui est de l’apprentissage de la vie, ce directeur d’entreprise de 55 ans continue de manifester sa soif d’apprendre. Né à Vic-Fezensac en 1967, de parents enseignants, Jean-François Saves passe une partie de son enfance en Algérie.

À l’époque, il se rêve architecte. « Je passais mon temps à dessiner des maisons durant mon enfance », confie-t-il. Mais ses parents voient les choses autrement, et lui conseillent par sécurité une formation commerciale. Titulaire d’un Bac + 2 de l’Ecole supérieure de la distribution (Groupe ESC Rouen), Jean-François Saves cherche à se détacher du cocon familial et s’engage dans l’Armée dans une unité de parachutistes de 1988 à 1991. Souhaitant maîtriser la langue de Shakespeare, il décide ensuite de voyager et s’installe en Angleterre pendant trois ans. Durant ce séjour Jean-François Saves devient serveur dans des restaurants londoniens. Parfaitement bilingue, il s’envole pour les Bahamas, dans les Caraïbes afin de s’y installer. Mais très vite : « La vie sous les Tropiques ne me plaisait plus », avoue Jean-François Saves.

Qu’à cela ne tienne, le Gersois poursuit son voyage et parcourt l’Asie, en particulier le Vietnam. De l’autre côté du globe, il découvre les conditions de vie des Vietnamiens et s’attache au pays. « L’idée de monter un bar m’est venue à l’esprit, explique Jean-François Saves. Mais le consulat de France m’a coupé dans mon élan, en m’expliquant que je n’en dégagerais aucun profit au regard de la conjoncture économique du pays, à l’époque ».

C’est donc un retour en France qui s’impose pour Jean-François Saves qui s’installe à Paris. Dans la capitale, il se voit confier la gérance de restaurants : le Café Mulot, situé dans la maison de Victor Hugo, place des Vosges, l’Olivier et le Vieux Comptoir. Mais les origines sudistes continuent de suivre Jean-François Saves qui déménage à Hossegor pour prendre la gérance d’un bar. Il s’associe avec des représentants d’une célèbre marque de vêtements de sport de glisse.

Mais en 2003, le gérant de bar décide de quitter les Landes gagnés par l’insécurité et le trafic de drogues. Direction Toulouse, ville d’origine de ses parents, dans laquelle le Gersois globe-trotteur s’installe. Embauché au bar Les Coulisses, propriété de Jean-Pierre Gleize, il est en charge de la sécurité. Le futur père réfléchit à son avenir. « À partir du moment où on est sur le point d’avoir un enfant, on ne pense plus de la même façon. C’est une page qui se tourne », explique-t-il.

Le hasard d’une rencontre avec un ami, Joannes Baumont, à la tête d’une société de construction, incite l’intéressé à prendre une autre voie. En 2010, il met à profit sa formation de commercial pour vendre des maisons en bois de type tiny house. À l’époque, ces petites maisons en bois ne sont pas encore devenues tendance. Vendre ces produits au pays de la brique rose n’est pas simple. Deux ans plus tard, Jean-François Saves rencontre Pierre Koenig, président d’Ovalie Construction, une entreprise de construction de maisons individuelles traditionnelles, qui lui propose un emploi de commercial.

Pendant dix ans, Jean-François fait ses preuves dans cette société fondée par un commercial et un constructeur il y a 25 ans. Il développe ses compétences techniques, prospecte sur l’ensemble de la Région Occitanie, aux côtés de Catherine Hadine, Corinne Lunal et Patrick Penpenic, d’anciens salariés qui ont racheté l’entreprise en 2012 :

« J’ai vendu ma première maison en trois semaines. »

En 2018, il gravit les échelons, devenant cadre commercial. À l’époque, « nous vendions cinq maisons par mois », ajoute-t-il. En 2021, les trois associés confient les rênes de l’entreprise à Jean-François Saves et Guillaume Viallard, également ancien commercial chez Ovalie Construction. « Catherine Hadine, Corinne Lunal et Patrick Penpenic voulaient se retirer en douceur. Ils ont donc préféré confier les rênes à des salariés qui ont acquis de l’expérience dans leur propre entreprise plutôt que de faire appel à quelqu’un de l’extérieur », confie le directeur.

Une nouvelle expérience dans laquelle il s’épanouit même si tout n’est pas simple. « Passer de commercial à directeur d’entreprise n’est pas évident. Il faut développer tout un panel de compétences, gérer l’équipe, négocier avec les banques et assurances, collaborer avec des fournisseurs et toujours penser à l’après. Anticipation est le mot d’ordre », détaille le dirigeant.

Alors que la conjoncture est actuellement peu favorable pour le secteur de la construction, Jean-François Saves opte pour la prudence : « Nous n’avons pas vraiment subi les dommages causés par la pandémie, à l’exception des retards de livraison. Mais un constructeur a besoin de trésorerie. Le contexte post-covid, alimenté par les spéculations, a entrainé une augmentation des coûts des matériaux, des taux bancaires et des refus de prêts. C’est pourquoi, nous préférons rester vigilants. De plus, le métier change, tout comme la société. En conséquence, nous voulons nous concentrer sur les projets d’extension et de surélévation tout en réduisant les coûts », conclut Jean-François Saves. Des projets auxquels s’attellent les douze collaborateurs d’Ovalie Construction.