

Près de 2,5 millions de visiteurs, plus de 350 événements organisés, des espaces sportifs et de co-working ainsi que 25 stands de restauration et près de 1 500 places assises. Depuis leur ouverture en septembre 2023, les Halles de la Cartoucherie sont devenues un des lieux les plus en vogue de la métropole toulousaine. À la tête de ce tiers-lieu hybride, situé au cœur de l’écoquartier de Purpan : Landry Olivier. Un breton dont le début de carrière ne le prédestinait pourtant pas à gérer une telle structure.
Lui qui se rêvait en effet en champion de handball, sport qu’il a pratiqué à haut niveau dans sa jeunesse, s’est retrouvé happé par le monde de la culture après sa première participation au Rock Festival de Fontenay-le-Comte en Vendée. « Un ami à moi m’avait proposé d’être bénévole. J’ai pu participer à l’accueil du public mais aussi à l’installation du matériel. L’ambiance et le fait de pouvoir assister aux concerts tout en travaillant m’ont beaucoup plu. Cette expérience a été une sorte de révélation », explique le quinquagénaire dont le prénom d’origine anglaise, dérivé de « land », veut dire « gouverneur ».
Du sport à la culture
Landry Olivier décide alors de ranger ses baskets au placard pour se lancer dans une formation de technicien. L’occasion pour lui de travailler dans plusieurs théâtres et autres festivals avant d’obtenir son deuxième diplôme de direction technique en 2001. Cinq ans plus tard, il devient le directeur technique du Zénith de Nantes après une expérience express au sein de la Maison de la culture de Nevers. Des postes qui ont permis à l’ancien athlète de gagner en expérience. « Entre la gestion financière, la gestion RH mais aussi la création de spectacles et d’événements, je n’avais pas le temps de m’ennuyer. Ça a été très formateur notamment dans la compréhension des missions relatives au milieu culturel. J’ai alors compris que la synergie entre tous les pôles était essentielle. »
Sa carrière prend un nouveau tournant en 2017, lorsqu’il pose ses valises à Toulouse avec femme et enfants après avoir obtenu un master de direction de projet culturel à Sciences Po Grenoble. Un changement de vie radical pour mettre en œuvre un projet titanesque, celui de la Halle de la Machine, dans le quartier de Montaudran. « La métropole était en contact avec François Delarozière, que je connaissais bien. C’est le directeur artistique de la Compagnie de la Machine et père d’Astérion le Minotaure et de ses semblables. Il m’a alors convaincu de prendre les rênes de ce nouveau lieu culturel hors du commun. L’enjeu était de taille puisqu’il s’agissait pour la collectivité de dynamiser ce quartier alors en pleine renaissance avec la construction d’un site unique. »
Des projets XXL à mettre en œuvre
Si aujourd’hui la Halle de la Machine est devenue l’un des lieux culturels incontournables de la Ville rose au même titre que la Cité de l’Espace avec en 2023 plus de 300 000 billets émis, tout n’a pas été simple. « Le plus grand défi a été de constituer une équipe prête à s’investir comme je l’étais. Pour mener à bien un tel projet, réussir à fédérer un collectif est en effet indispensable ». Une volonté de fédérer que Landry Olivier s’est efforcé à appliquer à tous les projets qui lui ont été confiés, notamment lorsqu’il a quitté Montaudran pour le quartier de la Cartoucherie afin de devenir le directeur des Halles en février 2018. « Situé place de la charte des libertés communales, à deux pas de l’avenue de Grande-Bretagne, cet endroit réunit tellement d’acteurs qu’il est nécessaire que tout le monde s’entende et surtout avance dans la même direction pour que la démarche soit cohérente », affirme le toulousain d’adoption.
Sur le même modèle que la Halle de la Machine, celles de la Cartoucherie ont été construites pour dynamiser ce quartier de la rive gauche de la Garonne alors en plein renouveau. Ce projet, chiffré à 42 M€, est inspiré de l’expérience du Darwin à Bordeaux et du Mercado de Lisbonne. Ouvert toute l’année, sept jours sur sept, dès 8 heures du matin jusqu’à minuit ou 1 heure les jeudis, vendredis et samedis, ce bâtiment XXL - qui s’étend sur plus de 13 500 m2 - offre aux habitants la possibilité de manger, faire du sport, se cultiver, travailler ou encore faire leurs courses.
« Le terme qui définit le mieux ce lieu, c’est la transition sociale. Par exemple, les travaux de conciergerie, de plonge ou de sécurité sont confiés à des personnes éloignées de l’emploi. Nous essayons également d’inculquer la culture du tri à nos visiteurs. Les Halles de la Cartoucherie sont un endroit où tout un chacun cohabite, peu importe d’où il vient ou ce qu’il est venu y faire », assure Landry Olivier qui ambitionne de rendre le complexe économiquement viable d’ici 2028. Un objectif jugé réalisable au regard notamment de la forte affluence.
Soif de connaissance et d’aventure
De l’ambition, le père de famille en nourrit également au niveau personnel. En effet, en marge de son activité professionnelle, l’intéressé pratique la course à pied. Là aussi, il ne fait pas les choses à moitié puisqu’il s’est mis au défi de relier prochainement Toulouse à Bordeaux lors d’une course de plus de 280 km. Le quinquagénaire a également repris le chemin de l’école pour entamer un master de politique publique et innovation sociale à Sciences Po Paris. « J’ai besoin de me nourrir intellectuellement, de comprendre le monde et d’apprendre pour grandir et avoir les clés pour faire avancer mes projets professionnels », explique Landry Olivier, qui a d’ailleurs pris récemment la direction de la nouvelle salle de spectacle La Cabane, située à deux pas des Halles de la Cartoucherie et inaugurée en septembre 2024.
Homme aux multiples casquettes, Landry Olivier aspire pourtant encore à participer à la concrétisation de nouveaux projets comme celui qui devrait voir le jour d’ici deux ans à Toulouse. « L’idée est de reprendre une friche en périphérie du centre-ville pour en faire un nouveau tiers-lieu à l’image des Halles de la Cartoucherie », révèle avec enthousiasme le directeur général qui couve un autre projet d’envergure, celui-ci plus personnel : réaliser un jour la traversée de l’océan Atlantique à la voile avec sa femme, « et de poser l’ancre en Amérique ». Un défi ambitieux… à son image.