Le roi des jeux et du barbecue
Michel Foglieni. Ce chef d’entreprise, passionné de flippers et de jeux vintage, à la tête de deux sociétés depuis plus de 50 ans, ne cesse de concevoir de nouvelles inventions.
Depuis 120 ans, le concours Lépine récompense des inventeurs de tous horizons mais peu ont eu le privilège d’être plusieurs fois primés. C’est pourtant le cas d’un entrepreneur de la région toulousaine, Michel Foglieni, à la tête de l’entreprise Le Star, spécialisée dans le négoce et la réparation de jeux automatiques et BBQ MFOG qui conçoit et fabrique des barbecues. Deux activités qui n’ont a priori pas de point commun, si ce n’était l’esprit très créatif du dirigeant.
« Un jour, je me suis demandé s’il était possible que les 400 000 habitants de Toulouse donnent chacun une pièce d’un franc par an. Il fallait donc créer quelque chose d’attirant pour faire en sorte que cette possibilité se réalise. Étant passionné de flipper, j’ai décidé de fabriquer des appareils et de les proposer dans des bars et des bistrots afin que chacun mette un franc dans une partie de flipper. »
À 70 ans passés, Michel Foglieni hante toujours les locaux de l’entreprise Le Star, à Cugnaux, où se côtoient flippers, juke-box, tables de billard et machines de jeux d’arcade, une activité lancée au début des années 70. Issu d’une famille ouvrière d’origine italienne, Michel Foglieni a grandi aux côtés de ses parents et de ses quatre frères. Désireux de gagner sa vie décemment, le jeune homme, qui a suivi une formation en électronique, dessine, mesure, et assemble toutes les pièces nécessaires à la fabrication de jeux payants. « Quand j’avais 20 ans, je courtisais une fille, qui est aujourd’hui ma femme, confie-t-il. Pour espérer avoir une chance avec elle, je voulais gagner de l’argent car elle avait des moyens largement supérieurs aux miens. Un jour, je me suis demandé s’il était possible que les 400 000 habitants de Toulouse donnent chacun une pièce d’un franc par an. Il fallait donc créer quelque chose d’attirant pour faire en sorte que cette possibilité se réalise. Étant passionné de flipper, j’ai décidé de fabriquer des appareils et de les proposer dans des bars et des bistrots afin que chacun mette un franc dans une partie de flipper ». Michel Foglieni prend un crayon et une feuille de papier – des accessoires qui ne le quittent jamais –, dessine des modèles de flipper pour les proposer aux bars, et intègre ses frères dans l’équipe, qui compte aujourd’hui neuf collaborateurs.
L’aventure ludique et créative débute alors. À raison de 15 à 20 heures de travail par jour, l’entrepreneur développe son activité et crée un nouveau produit : la machine à jeux multiples, ce qui permettait de ne pas avoir à installer de nouvelles machines dans les bars à chaque fois qu’un jeu était délaissé. « L’avantage, c’était que les exploitants de jeux pouvaient changer de modèle de jeu en changeant uniquement la carte logicielle, sans avoir à changer la machine », explique Michel Foglieni. L’exposition de cette nouvelle machine à Paris suscite l’émergence d’une vive concurrence qui commence à copier ses produits. Michel Foglieni s’engage alors dans la réparation des machines de jeux et intègre le juke-box à son offre. Près de 250 juke-box seront vendus en 1983 et près de 20 000 jeux d’arcades seront fabriqués à Cugnaux entre 1980 et 1995.
Au fil des ans, l’entrepreneur a aussi été le témoin de changements structurels concernant l’activité des bistrots et des cafetiers : face à la baisse d’activité de ces derniers au cours des années 2000, Michel Foglieni, qui a été vice-président de la Confédération française de l’automatique de 2005 à 2008, a proposé des solutions aux ministères concernés pour stimuler le secteur, en vain.
« Les bars, restaurants, brasseries et le secteur de l’événementiel sont nos principaux clients. Or, à cause de la crise de la Covid-19, et du fait de la mise à l’arrêt de ces secteurs, notre activité a diminué de près de 20 %. »
L’inventeur né n’en est pas resté là. Dans son esprit, d’autres innovations ont germé dont une sera primée au concours Lépine. En parallèle de son activité de restauration de machines de jeux, Michel Foglieni a en effet créé une autre société d’équipement domestique, baptisée BBQ MFOG, dont le produit phare est un barbecue « révolutionnaire ». Lancé en 2016, de fabrication entièrement française, il possède un dispositif de sécurité sous la forme d’un levier permettant de soulever la grille à la hauteur désirée par l’utilisateur. C’est cette innovation qui a valu au Cugnalais trois prix : la médaille d’or au Concours Lépine International en 2016, une médaille d’argent en 2018 et une autre médaille d’or en 2019. « En règle générale, sur un barbecue ordinaire, on passe de 80 à 300 °C directement en soulevant la grille. Or, avec notre produit, on peut régler la hauteur de la grille comme on le souhaite, explique Michel Foglieni. Et grâce au levier, on évite les risques de brûler les aliments. » L’idée de créer le barbecue est venue d’un besoin personnel, raconte Michel Foglieni. « Durant des années, j’ai recherché un barbecue qui ne brûle pas les aliments. N’en trouvant pas sur le marché, j’ai décidé d’en fabriquer un ! »
« Je me suis toujours autofinancé car je refusais d’être tributaire de l’État. En me rendant au concours Lépine, j’ai constaté qu’une grande partie des participants recevaient des aides publiques, mais la plupart présentaient des produits d’aucune utilité ou bien qui n’avaient rien d’innovant. »
La crise sanitaire a quelque peu modifié le rythme d’activité des entreprises de Michel Foglieni. « Les bars, restaurants, brasseries et le secteur de l’événementiel sont nos principaux clients. Or, à cause de la crise de la Covid-19, et du fait de la mise à l’arrêt de ces secteurs, notre activité a diminué de près de 20 % », admet Michel Foglieni. Afin de maintenir son activité à flot, il a depuis plus fortement misé sur la vente aux particuliers.
En quête de nouveaux débouchés, l’entreprise peaufine un autre produit qui sera commercialisé à la fin de l’année 2021. « En octobre, nous allons lancer un nouveau produit d’arrosage automatique, pour la culture de plantes, légumes ou autres, qui permet d’économiser jusqu’à 90 % d’eau. Aujourd’hui, l’économie de l’eau est un enjeu majeur à l’échelle de la planète, explique Michel Foglieni. Le Portugal sera probablement notre principal client car c’est le pays d’Europe où la ressource est la plus exploitée. C’est là aussi que se trouve la plus importante production européenne d’avocats. à terme, les maraîchers devront trouver une solution pour économiser l’eau, sous peine de pénurie. Or grâce à notre dispositif, ces industriels utiliseront la quantité d’eau suffisante à leurs activités, sans surplus ». L’entrepreneur cugnalais veut toutefois présenter son prototype au concours Lépine 2021 pour tester son opportunité avant de le lancer sur le marché.
Depuis la création de ses entreprises, Michel Foglieni n’a jamais souhaité bénéficier de subventions, et l’assume pleinement : « Je me suis toujours autofinancé car je refusais d’être tributaire de l’État. En me rendant au concours Lépine, j’ai constaté qu’une grande partie des participants recevaient des aides publiques, mais la plupart présentaient des produits d’aucune utilité ou bien qui n’avaient rien d’innovant », pointe Michel Foglieni. Lequel travaille déjà sur un nouveau produit qui sortira d’ici 2022, un projet qu’en inventeur prudent, il souhaite encore garder confidentiel.