Présentez-vous et votre parcours
Maguelone Pontier, directrice générale du Marché d’Intérêt National de Toulouse Occitanie. Mon parcours : diplômée de droit, de communication politique, de HEC et parcours au Sénat, au ministère, à la FNSEA à Rungis et à Toulouse.
Le MIN, c’est quoi au juste ?
Le MIN, le Marché d’Intérêt National, en gros, c’est les coulisses de votre alimentation, c’est la centrale d’achat des commerces de proximité. C’est le lieu physique où vont vendre les grossistes et les producteurs à des commerçants (qui sont souvent les restaurateurs, les primeurs, les marchés forains, les charcutiers, les fleuristes) les produits qui viennent d’Occitanie ou d’ailleurs.
Ça représente combien de personnes ?
Sur un MIN comme Toulouse, on approvisionne à peu près un million, 1,2M de personnes. Il y a 6 000 professionnels, en comptant mes locataires, les entreprises, les grossistes, les producteurs, les transformateurs, les logisticiens, etc. Et les clients qui sont les commerçants de proximité.
D’où vous vient cet amour pour la terre et les bons produits ?
Alors, mon amour pour la terre et les bons produits remonte à très loin… Je suis fille d’agriculteurs dans l’Hérault. Mes parents sont céréaliers mais aussi arboriculteurs donc j’ai quand même bien mangé depuis que je suis petite ! Puis, j’ai toujours travaillé finalement dans l’alimentation. J’ai commencé ma carrière au ministère de l’agriculture dans le syndicalisme agricole, à Rungis, qui est le plus beau, le plus grand marché du monde donc j’ai toujours, professionnellement et personnellement, très bien mangé et mon conjoint est dans la restauration donc… Je vis, je dors pour manger !
Quel est votre péché mignon ?
Ah, c’est une vaste question ! J’ai vraiment une addiction au sucre que j’essaye de traiter ! Je sors d’une dégustation cookies et biscuits, donc le moment le plus merveilleux de ma journée, tous les gâteaux hyper caloriques, donc les choses qu’il ne faut surtout pas manger quand on dirige un MIN… Pas forcément de la gastronomie, paradoxalement !
Rouge Tanin, c’est quoi ?
Alors oui, j’ai créé Rouge Tanin, il y a quelques années maintenant, avec mon papa et mon associée qui est aussi viticultrice. Elle a une cave particulière dans l’Hérault donc on produit les trois couleurs : rouge, blanc, rosé. On est en AOP Languedoc et Grès de Montpellier, pour ceux qui connaissent, on est en HVE, c’est Haute Valeur Environnementale donc c’est à la fois un traitement des terres mais aussi de son carton, de son emballage de façon raisonnée. Et je fais un peu de négociations pour mon associée et après je vends mes vins à Toulouse, à Montpellier, un peu à Bordeaux et à Paris, surtout dans la restauration et dans les entreprises.
Vous cumulez les missions ! Sans crainte d’être débordée ?
Alors, moi, ce que j’aime, c’est ne pas m’ennuyer ! Je suis quelqu’un qui passe très vite d’un sujet à l’autre donc il faut me confier beaucoup de missions ! J’ai la chance d’avoir un métier qui est la direction d’un marché géré comme une ville : chaque jour, vous avez des problèmes de sécurité, de construction, de travaux, de développement, de communication, etc… J’ai aussi mes autres casquettes parce que je suis donc viticultrice et je fais de la négoce, j’ai aussi une entreprise de conseil et j’ai pas mal de mandats syndicaux-associatifs donc pour moi, le but, c’est de traiter plusieurs sujets dans une journée, d’avoir une vision la plus transversale possible de mes missions.
Vous êtes une femme d’engagement, lequel est le plus important à vos yeux ?
Le rôle que je préfère dans mes engagements, c’est d’être dans l’action, d’être très concrète. Je suis par exemple au bureau du MEDEF, je m’occupe des questions « sport » et des questions « alimentation » aux côtés de Thomas Fantini, Pierre-Olivier Nau le président. Je préside, à ce titre, une école tremplin du sport qui est une école de la deuxième chance en sport, qu’on a inaugurée jeudi dernier et qui permet de réinsérer à peu près 80 personnes par an dans les métiers de la vente, conseil, logistique, animation, dans le secteur sportif. C’est destiné aux personnes éloignées ou très éloignées de l’emploi et ça, c’est du concret ! En 3-4 mois, avec les clubs (le TFC, le Stade Toulousain, Fenix Handball), les grosses entreprises du secteur sportif et les associations, on a décidé de monter ça ! Ça, c’est un exemple d’engagement pragmatique qui me plaît !
Un mot sur l’égalité des chances ?
Alors, je suis aussi co-présidente d’une association qui s’appelle De la Haute-Garonne aux Grandes Écoles qui accompagne les lycéens des territoires ruraux à faire des études supérieures. Quand vous êtes parfois dans un lycée, au fin fond d’un département, on est sur tous les départements, moi je m’occupe évidemment de la Haute-Garonne, vous ne connaissez pas forcément ce qu’on appelle les cursus sélectifs : HEC, Sciences Po, etc. Donc c’est faire découvrir ces cursus, les amener, on a tout un process de tutorat, de bourse, etc. Et après, l’idée, c’est de faire revenir ces étudiants sur le territoire haut-garonnais, des profils comme moi par exemple qui ai fait une grande école, pour aller faire travailler et faire développer notre territoire.
Il se passe plein de choses en ce moment au MIN. Voulez-vous nous en parler ?
L’actualité du MIN, comme d’habitude, elle est assez foisonnante. L’actualité, vous en êtes au cœur ! On a réceptionné ce plateau de bureaux qui fait à peu près 1 000 mètres carrés, 50 entreprises nouvelles nous ont rejoint. On est organisé en différents pôles, avec des pôles par exemple Services avec des avocats, des experts-comptables ou des courtiers, des banques, des mutuelles, un pôle Communication avec agences de communication, relations presse, communication de crise, un pôle Forme et Santé, on peut faire du sport ici et on peut avoir accès à un kiné, une infirmière, une nutritionniste, une réflexologue, etc. On a un pôle incubation, un pôle IT, un Pôle Emploi bien évidemment, c’est très important sur ce marché qui a à peu près 1 200 travailleurs sur site donc ça, c’est vraiment notre très belle actualité puis d’autres à venir avec un pôle transformation qui va accueillir une légumerie, un pôle transformation de produits de la mer sur 4 000 mètres carrés, qui va être la plus grosse unité de transformation du territoire.
C’est le retour de Min-ou au Grand Marché ?
Tout à fait ! Min-ou, c’est notre guinguette qui rouvre ses portes pour la deuxième année, le 15 avril, du coup je donne le RDV pour l’inauguration officielle, le 28 avril. On a 4 restaurants sur ce marché, on a un tout nouveau venu aussi qui s’appelle Le Comptoir du Grand Marché, qui appartient à un groupe bistroquet que tout toulousain qui se respecte connaît, qui est ouvert de 4h du matin à 2h du matin donc vraiment du matin jusqu’au soir avec une très belle offre de produits locaux, de produits du Midi. Évidemment, pareil pour la guinguette qui ne se sert que chez nous !
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
C’est une excellente question ! Ce qui me fait lever le matin… Si je devais réfléchir, c’est d’abord le travail collaboratif. Le collectif, c’est vraiment ce qui m’anime, on a la chance d’ici de faire tout toujours ensemble. Je crois vraiment que les synergies et l’intelligence collective, ça fonctionne et toujours avec beaucoup de bienveillance. Je crois qu’on peut vraiment allier performances sociales, écologiques, environnementales et que le business d’intérêt général fonctionne, tous les matins, j’essaye de le démontrer.
Accro aux voyages, quelles sont vos destinations favorites ?
Je devais partir demain au Sri Lanka, via la Russie évidemment, les billets ont été annulés. Je vais chez mes parents ! Je passe du Sri Lanka à l’Hérault, petit ascenseur émotionnel à gérer ! Mais je suis ravie de me retrouver en famille. Mes destinations préférées ? Globalement, tous les continents, j’ai adoré les pays comme la Namibie, comme le Japon parce que c’est des vrais changements et les prochaines destinations, là, dans les 3 prochains mois, c’est le Sénégal, l’Islande et le Maroc !
Y’a-t-il d’autres projets que vous aimeriez lancer ?
J’en ai moult, des projets ! Il y a les projets au MIN, on a un labo, un projet de labo R&D pour les super-aliments, qui va être, à mon avis, un super projet ! On va se régaler, on le mène avec plusieurs acteurs du MIN. J’ai un projet plus perso qui n’est pas vraiment un projet perso, c’est toujours avec ma casquette sport, c’est une maison du sport au féminin. On y travaille en Occitanie, avec beaucoup d’acteurs, encore une fois les clubs, les gros acteurs du secteur sportif de Toulouse, les collectivités… Ça va être un très beau projet pour faciliter l’accès de toutes les femmes, de toutes les filles au sport : amateur, professionnel, à la pratique du sport, à la déconstruction des tabous, des préjugés et de toutes les difficultés que vous avez, que j’ai et quand vous avez été enfant, adulte, plus tard, quand vous allez être malade, quand vous allez avoir des difficultés, quand vous allez être maman… Pour lever toutes les barrières, pour favoriser la pratique du sport au féminin !
Quel est votre rêve secret ?
Ah ! Mon rêve secret… J’en ai plein ! Je pense que pouvoir manger sans grossir, c’est mon rêve ultime, franchement le graal de ma vie et peut-être pouvoir me téléporter… Ah ce serait tellement pratique !