Olivier Ambrosino
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Olivier Ambrosino

Apiculteur par conviction.

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Photo d'Olivier Ambrosino
Olivier Ambrosino a ouvert en 2015 à Brext, la miellerie du Camp de la Houn. (©Dorisse Pradal)

Rien ne prédestinait Olivier Ambrosino à devenir apiculteur et à ouvrir son exploitation entre la Ville rose et Grenade, en pleine campagne à Brext. Après un BTS dans la construction métallique, il gravit les échelons au sein de différentes entreprises de BTP, travaillant sur des projets d’envergure comme le chantier du Cancéropôle à Toulouse, mais aussi en Suisse et en Italie.

En 2015, Olivier Ambrosino prend une décision radicale : quitter son métier pour se consacrer à sa passion naissante pour les abeilles. « J’ai traversé une période difficile, épuisante sur un plan personnel. J’étais constamment en déplacement, mon épouse étant infirmière, on ne faisait que se croiser », explique l’intéressé.

S’en suit une profonde remise en question… Il se remet de son burn out et redécouvre les joies de la campagne : « En allant courir, j’ai fait la rencontre d’un apiculteur passionné, Denis Sapene qui m’a parlé de ses ruches. J’ai eu un véritable électrochoc. Je suis tombé amoureux des abeilles lors de la première visite d’un rucher. Je ne voyais plus rien d’autre que les abeilles et leur incroyable organisation, leur travail. J’ai eu envie dès lors de devenir apiculteur. » À 30 ans, l’homme décide d’entamer une formation en apiculture au lycée agricole d’Auterive et de lancer son activité avec la miellerie du Camp de la Houn, toujours accompagné par Denis Sapene qui « lui a tout appris ».

Du miel, du vrai !

Il a fallu deux ans à Olivier Ambrosino pour se former, obtenir un cheptel et ses premières récoltes. Parallèlement il a lancé une activité de conseil pour aider les petits entrepreneurs en bâtiment à débuter et à gérer leur activité. « Deux ans, c’est long ! C’est comme pour un arbre, il faut attendre que ça pousse, sélectionner et faire grandir les abeilles. » Il est aujourd’hui l’heureux propriétaire de 300 ruches. Pour en arriver là, il a fait face aux problèmes du varroa destructor, des parasites tueurs d’abeilles. L’an dernier, le Haut-Garonnais a perdu la moitié de son cheptel. « J’ai vite compris que dans ce métier, on ne décide pas, on doit s’adapter en permanence aux abeilles. »

Même s’il n’y a plus d’effondrement de colonies d’abeilles depuis l’interdiction des néonicotinoïdes, Olivier Ambrosino doit trouver des solutions pour lutter contre le frelon asiatique, responsable de la mort de milliers d’abeilles. Pour cela, il a réfléchi à comment installer un traceur sur les frelons afin d’indiquer le chemin de la ruche. « L’idée est là, il faudrait maintenant trouver un investisseur qui prenne en charge la fabrication à grande échelle de cette micro-puce », indique-t-il.

L’apiculteur est un défenseur passionné du miel artisanal. Dans un marché saturé de produits importés à bas prix, souvent de qualité douteuse, il est intransigeant sur ce dernier point. En démarrant son activité, il a d’abord vendu son miel à des industriels qui viennent "butiner" le miel des apiculteurs de France et qui le revendent sous leur propre marque en supermarché.

« Je me suis vite aperçu que je ne m’y retrouvais pas. Ce n’est pas dans mes valeurs. J’ai donc décidé de vendre ma production en direct. Cette démarche est importante car il est important selon moi d’éduquer les consommateurs. Un vrai bon miel par exemple cristallise, il ne reste pas liquide », insiste Olivier Ambrosino, en soulignant que de nombreux miels industriels sont coupés avec du sirop de glucose pour garder leur limpidité. « Pour le liquéfier, il faut mettre le pot au bain-marie, vous obtiendrez ainsi la texture souhaitée », explique celui qui produit en moyenne 9 500 pots par an et vend son miel exclusivement à des particuliers, garantissant ainsi une traçabilité et une qualité qui se veulent irréprochables. « C’est ma façon de valoriser, protéger mon travail et celui de mes abeilles », confie-t-il.

Son métier, son engagement

Olivier Ambrosino a embarqué son fils et son épouse Lise-Marie dans l’aventure. Il faut dire que l’apiculture est bien plus qu’un simple métier, c’est un mode de vie. Et si l’homme a quitté le secteur du BTP, il en a gardé les process : « J’ai transféré mes compétences, en matière de sécurité et d’hygiène. »

Mais il ne se contente pas de produire du miel. Conscient de l’importance des abeilles pour l’écosystème, l’apiculteur a rejoint le réseau « Bienvenue à la Ferme » et organise des visites guidées de son exploitation. Il s’engage aussi dans l’éducation des plus jeunes. Pour cela, il parcourt les écoles pour sensibiliser les enfants à l’importance des abeilles et leur faire découvrir les différentes saveurs du miel. « Je vais dans les établissements scolaires pour faire goûter le miel et expliquer son importance. L’éducation est une manière de semer les graines du respect de la nature chez les futures générations ». Et pourquoi pas créer des vocations.

L’enjeu est de taille. En effet, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, alors que la France affiche une consommation annuelle d’environ 40 000 tonnes de miel - l’équivalent de 600 grammes par individu - elle en importe en moyenne 35 000 tonnes en provenance de Chine, d’Espagne, d’Ukraine. Moins d’un apiculteur sur deux dans l’Hexagone vend son miel en direct aux consommateurs.