« Je ne suis pas venu dans la bio par opportunité, j’y suis depuis toujours par passion. Pour tout vous dire, c’est toute ma vie. » En quelques mots, le cadre est posé. Pour Philippe Bramédie, le fondateur de l’enseigne les Comptoirs de la Bio, un réseau qui devrait compter à la fin du premier semestre 2022 quelque 200 magasins dans toute la France, la bio est devenue une véritable passion, au point qu’il lui a consacré récemment un livre, La bio, un avenir pour tous, un ouvrage, paru au Cherche Midi, dans lequel le natif de Bordeaux dévoile ses convictions.
« Aujourd’hui la bio est l’affaire de tous ! »
« Aujourd’hui la bio est l’affaire de tous ! Le label bio est le meilleur moyen de s’assurer que les produits que nous consommons auront des effets bénéfiques sur notre santé, notre équilibre alimentaire et notre merveilleuse planète. Aujourd’hui, le monde de la bio a changé et il continuera. La bio n’est pas un privilège et peut faire travailler le monde », assure-t-il. De fait, c’est au coeur des vignes que ce fils d’un entrepreneur en matériaux de construction et d’une enseignante a découvert la bio. « À 14 ans, j’ai commencé à travailler pendant les vacances scolaires dans un vignoble bio, détaille Philippe Bramédie. C’est comme cela que j’ai « rencontré » l’agriculture biologique, donc assez tôt ».
Depuis, un diplôme d’école de commerce en poche, c’est dans cet univers qu’il a réalisé tout son parcours professionnel, dans différentes structures de fabrication, de transformation et de distribution de produits bio. Il a travaillé pendant deux ans chez Émile Noël, un spécialiste des huiles biologiques basé dans le Gard, avant de rejoindre, comme directeur commercial, le groupe Ekibio, une société installée à Peaugres, en Ardèche, « qui a lancé le quinoa en Europe », pointe Philippe Bramédie. En 2001, à Reims, il co-crée la société Vitafrais, aujourd’hui l’un des principaux distributeurs de l’ultra frais bio en France. Une première incursion dans la création d’entreprise qui n’a rien d’étonnant lorsqu’on connaît le personnage.
La volonté d’être indépendant
« Cette volonté d’être indépendant doit être inscrite de manière forte dans mon ADN, explique Philippe Bramédie. Cela a effectivement toujours été mon dada, même si j’ai été aussi salarié. De fait, au fil de mon parcours, j’ai créé un certain nombre d’entreprises. Je suis un entrepreneur dans l’âme. » Pourquoi Vitafrais ?
« Nous avons construit de véritables filières, notamment pour les produits alimentaires secs en vrac que l’on retrouve dans les magasins du groupement »
« J’ai fait toute ma carrière dans le bio, dans les produits secs et les huiles, et puis j’ai fait le constat, en tournant pas mal sur le circuit, qu’à l’époque, il y avait peu d’offre sur le produit frais. Nous avons donc, avec le cofondateur de Vitafrais, décidé de créer une nouvelle structure pour donner plus de choix au consommateur et apporter plus de qualité et de fraîcheur dans le produit. Très vite, le grossiste a distribué plus de 2000 produits en France. Ce qui en 2001, était plutôt innovant, comme le fait de distribuer des gammes complètes, notamment de produits qu’à l’époque on trouvait peu dans les rayons bio, à savoir les produits carnés, la charcuterie, les produits végétariens et les produits traiteur. Il y avait à ce moment-là peu de distributeurs sur ces marchés. »
Cinq ans plus tard, il récidive en créant Filéane, une société d’import-export de produits biologiques. En 2012, soucieux de son indépendance, Philippe Bramédie prend un nouveau virage et décide de se consacrer entièrement à un nouveau challenge : la création des Comptoirs de la Bio. « Au bout d’une quinzaine d’années dans la distribution, il m’est apparu que le marché était en train d’évoluer, de se concentrer et que cela nécessitait d’avoir, en face, des réseaux de distribution beaucoup plus structurés que ce qui existait à l’époque, dotés d’une communication différente, plus tournée vers le néoconsommateur, qui lui explique ce qu’est un circuit bio, un magasin bio et ce qu’on peut y trouver. C’est de là qu’est née l’idée des Comptoirs de la Bio ».
Mettre le bio en avant
« Notre approche est en effet de créer un vrai réseau d’indépendants, un groupement de chefs d’entreprise – ils sont eux-mêmes propriétaires de leur magasin sous notre enseigne –, de les fédérer, de créer des outils communs, notamment des moyens de communication plus innovants, moins restricteurs, plus ouverts, plus fun en un mot, pour rendre la bio plus accessible et plus joyeuse, parce que cela peut être souvent perçu comme austère ! L’idée était de montrer aussi qu’un magasin bio, désormais, est un magasin généraliste où l’on trouve de tout et que grâce à un circuit spécialisé, bien organisé, plus compétitif, on peut proposer des produits à des prix beaucoup plus accessibles, que cela a pu être le cas dans le passé. La deuxième étape a été de créer assez vite, en octobre 2013, une plateforme où l’on retrouve des classiques de l’univers de la bio mais aussi des petits producteurs ».
Aujourd’hui, la plateforme compte 2000 références dans le sec et le frais. « Nous avons construit de véritables filières, notamment pour les produits alimentaires secs en vrac que l’on retrouve dans les magasins du groupement. Nous avons ainsi entre 200 et 300 références dans chacun de nos magasins, s’enthousiasme Philippe Bramédie. L’intérêt de ces filières est de mieux maîtriser l’amont et les approvisionnements. Nous venons par exemple de signer dans le Gers avec de petits producteurs de graines de tournesol, de millet et de lin. C’est le cas aussi des fruits secs, du riz, etc. L’idée est de maîtriser 100 % des approvisionnements pour des raisons aussi bien de qualité, de traçabilité, d’origine que de sécurité. »
Un nouveau siège social
L’enseigne, qui se situe dans le top 4 français, vient d’inaugurer son nouveau siège social écoresponsable à Bressols, en Tarn-et-Garonne, où ont pris place les 45 collaborateurs de la centrale. Elle ambitionne de doubler de taille d’ici à 2026 soit près de 400 points de vente sur l’ensemble du territoire avec « un objectif fort de rentrer beaucoup plus dans les centres urbains, à Paris, Lyon et Marseille, notamment ».
Sans renier ses fondements : « Nous voulons nous situer de plus en plus sur l’amont, assure le dirigeant, développer encore les produits en vrac, d’origine France et régionaux. Tout en maintenant des prix abordables. Cela demande du temps et beaucoup de proximité avec les producteurs, les transformateurs et les fabricants, car chacun doit pouvoir gagner correctement sa vie à chaque étape de la filière », conclut Philippe Bramédie.