Podcasteuse, Sophie Dias promène son micro dans les champs.
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Podcasteuse, Sophie Dias promène son micro dans les champs.

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Photo de Sophie Dias
Installée en Tarn-et-Garonne, Sophie Dias est l’auteure du podcast « Échos de ferme », qui donne la parole aux agriculteurs et agricultrices. (©Manu Massip)

Sur les routes d’Occitanie, il n’est pas rare de croiser Sophie Dias. Son micro à la main, elle arpente le territoire à la recherche d’histoires, mais pas n’importe lesquelles. Passionnée par le monde agricole, elle va à la rencontre des agriculteurs occitans pour leur permettre de raconter leurs métiers, dont les enjeux sont encore trop peu connus ou mal représentés.

De ces histoires, elle crée son podcast en 2023. Un format intimiste qui pousse à la confession et à la réflexion, comme l’explique la créatrice : « Le fait de n’avoir qu’un micro et de construire les épisodes à partir d’une discussion, ça apporte une certaine spontanéité et une authenticité. »

Un sillon bien tracé

La culture de la terre et les personnes qui en vivent ont toujours été le fil conducteur de la vie de Sophie Dias, descendante d’une famille de paysans portugais. « Mes grands-parents pratiquaient l’agriculture vivrière sur terre du côté de mon père et en mer du côté de ma mère. » C’est donc tout naturellement que son parcours scolaire s’est orienté en ce sens. Diplômée d’un baccalauréat scientifique, elle a ensuite intégré une formation d’ingénieur agronome au sein de l’École nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires en Lorraine.

« Je voulais être ethologue, un métier tourné vers la nature, vers le vivant. Mais le stage que j’ai effectué au sein d’une exploitation en première année d’études supérieures m’a donné le déclic », raconte Sophie Dias. Sa soif de savoir et sa volonté de comprendre tous les rouages des métiers de l’agriculture l’ont poussée à entamer un double diplôme lors de sa dernière année d’études. Elle a alors intégré une école de management pour développer des compétences en économie et en gestion.

Multiples casquettes

Après une brève expérience en tant que conseillère de dirigeants agricoles en tout début de carrière, la trentenaire quitte le centre de la France pour atterrir à Montauban en Occitanie. « Je voulais me reconnecter à la terre, travailler dans le concret », précise l’intéressée. Ce retour à la terre a fait germer une multitude d’idées dans la tête de la jeune femme, tant et si bien qu’aujourd’hui elle cumule non pas une ni deux, mais cinq casquettes à la fois.

Formatrice en comptabilité et gestion d’entreprise dans une Maison familiale rurale à Escatalens, en Tarn-et-Garonne, chroniqueuse sur CFM Radio, formatrice en alimentation durable dans les entreprises, et créatrice freelance de capsules audio et de podcasts à destination des professionnels et des collectivités. Ça fuse aussi bien dans sa tête que dans sa vie. Consciente de s’être fait un petit nom dans les sphères agricoles locales, elle profite du bouche-à-oreille pour nourrir l’activité dont elle est le plus fière, « Échos de ferme », son podcast qui enregistre près de 21 épisodes et 300 auditeurspar épisode et qu’elle réalise elle-même de manière autodidacte. « Mon ambition est de sensibiliser le grand public sur la complexité du monde agricole, ses enjeux, ses joies et ses difficultés. »

Dans le grand bain

Armée de sa curiosité et d’une bonne dose de courage, la jeune entrepreneuse se lance dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Ne sachant pas où elle mettait les pieds et consciente d’avoir besoin d’aide pour structurer ses idées, la jeune entrepreneuse a intégré la formation de l’Académie Zérolimite. « Une formation en ligne qui dure un an, axée sur le côté introspectif pour structurer ses idées et être bien sûre de ce que l’on veut », détaille-t-elle.

Sophie Dias s’est ensuite rapprochée du réseau « Les Nenettes », dont le but est d’accompagner les femmes de la région Occitanie dans leurs projets professionnels ou associatifs. Elle a pu profiter d’un parcours de mentorat de six mois. « Les mentors m’ont vraiment aidée à poser les cadres pour construire mon projet de manière efficace. Elles m’ont aussi donné des clés de compréhension et des outils dans le domaine juridique où j’ai eu quelques difficultés. »

Elle n’a pas fait de prêt pour se lancer : « Je n’ai pas besoin de local ou de salariés, pour le moment. J’ai juste eu à acheter un micro. » Pour toutes les dépenses relatives aux trajets, la créatrice d’Échos de ferme bénéficie du soutien de la Région Occitanie : « La Région a choisi de m’accompagner en remboursant 50 % de mes dépenses », précise la podcasteuse.

En pleine récolte pour la deuxième saison

Dans une démarche aussi bienveillante qu’impartiale, la jeune entrepreneuse de 31 ans souhaite mettre en lumière les différents modes de production et la diversité des territoires. Pour la première saison de son podcast « Échos de ferme », elle s’est concentrée sur les agriculteurs du Tarn-et-Garonne. D’octobre à mai 2023, Sophie Dias a produit et monté six épisodes différents dans lesquels elle donne la parole à une productrice de pommes ou encore à un boulanger qui expliquent les enjeux de leur métier sur le plan professionnel comme personnel.

Pour la deuxième saison, la jeune femme se lance un nouveau défi : parcourir toute l’Occitanie. Du nord au sud et d’est en ouest, la jeune femme compte bien parcourir les 13 départements qui la composent : « C’est une région si riche, avec tellement de cultures et de modes de culture différents, que j’étais obligée d’en faire le tour. » Treize départements pour 13 épisodes, et Sophie Dias en est déjà au cinquième : « En général, il me faut entre deux et trois jours pour enregistrer et monter un épisode. »

Entre partage et introspection

Tout le projet de Sophie Dias est en résonance avec son parcours et son amour du monde agricole. « Je me sens utile et à ma place, même si parfois c’est dur d’entendre ce que les agriculteurs traversent. » Avec ce podcast qui mêle vulgarisation et confession, elle souhaite nouer ou renouer les liens entre le grand public et les agriculteurs : « C’est primordial que nous comprenions ce que subissent ceux qui nous nourrissent, encore plus avec l’actualité récente. Je veux montrer le bon comme le mauvais et combattre les clichés qui sont trop souvent relayés dans les médias, en donnant des clés de réflexion aux auditeurs. »