Romain Goi
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Romain Goi

De l’or dans les doigts.

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Photo de Romain Goi
Romain Goi a créé Capitoline, son propre atelier de sellerie et de tapisserie d’ameublement, en 2022 lorsqu’il n’avait que 22 ans. (© Romain Goi)

Si vous cherchez Romain Goi, vous le trouverez sûrement au milieu d’un garage. Pourtant ses mains ne sont pas celles d’un mécanicien. En effet, celles de l’artisan ne trempent pas dans l’huile, mais manient le textile. C’est à l’intérieur du garage Mecaman à Mondouzil, dans une petite pièce encombrée par trois établis où trônent deux imposantes machines à coudre, que le jeune homme laisse parler son talent et son savoir-faire.

Romain Goi, qui a toujours vécu près de Toulouse, a créé, fin 2022, son entreprise de sellerie et de tapisserie d’ameublement baptisée Capitoline. L’artisan, qui travaille les matériaux souples textiles, sait aussi bien refaire les intérieurs de voitures, d’avion ou de bateau, les selles de motos, qu’habiller un meuble.

Âgé de 24 ans, le Toulousain se passionne pour ces métiers peu connus depuis plusieurs années déjà. Animé par une fibre artistique, et par le besoin de travailler de ses mains, Romain Goi s’est vite redirigé dans les études professionnelles à la suite d’une année de Première générale peu concluante. Il a intégré le lycée du bois et de l’ameublement de Revel, dont il est sorti avec un Bac Pro « tapissier d’ameublement ». Suivant ce fils rouge, il est entré en CAP sellerie au lycée Gallieni de Toulouse, durant lequel il se perfectionne en couture et prouve déjà son talent en gagnant la médaille d’or de Haute-Garonne et la médaille d’argent d’Occitanie du concours du Meilleur Ouvrier de France.

Pendant cette année de CAP, il effectue des stages et réussit à se faire embaucher par un sellier de renom situé à Lespinasse. Il y restera quatre ans. « Ce sont ces expériences professionnelles qui m’ont fait prendre conscience que je ne voulais pas être salarié. C’est très agréable de travailler pour soi. Quand je me mets la pression tout seul, j’arrive beaucoup mieux à la gérer. »

Un artiste dans l’âme

Photo de Romain Goi
Fort d’un Bac pro en tapisserie d’ameublement et d’un CAP en sellerie, Romain Goi a déjà travaillé sur plus d’une centaine de projets différents. (© Romain Goi)

Romain Goi a été bien entouré pour la création de sa société. D’abord par son père, patron d’entreprise et sa mère, juriste et passionnée d’art qui ont été et sont encore aujourd’hui de grands soutiens dans la création et le développement de son entreprise. « C’est ma mère qui m’a donné la fibre artistique, j’ai toujours été attiré par le design et le travail de la matière. Grâce à elle, je me considère un peu comme un artiste. Elle m’a beaucoup aidé dans les démarches administratives, le choix du statut, etc. Mon père, lui, me donne de précieux conseils sur la partie entrepreneuriale. »

L’entrepreneuriat n’est pas chose aisée et Romain a eu l’occasion de le comprendre à bien des occasions. L’artisan a d’abord déboursé 30 000 € dans l’achat de ses machines. Un investissement, mais sur lequel il a pu faire quelques économies en rachetant les machines de Jean Espanol, un autre sellier renommé de Blagnac. Il est même devenu caissier pour pouvoir assumer les coûts de la création de Capitoline.

18 500 € de CA en sept mois

Romain Goi a déjà travaillé sur une centaine de projets, de la selle de moto personnalisée à l’intérieur complet d’une voiture en passant par les fauteuils. Mais quelques projets l’ont plus marqué que les autres :

« Par exemple, quand j’ai travaillé sur une AC cobra authentique ou lorsque j’ai rénové un prie-dieu. Mais ce n’est pas parce que certains projets sont plus prestigieux que d’autres que je travaille différemment. Je suis aussi méticuleux pour une Clio que pour une Porsche ! »

Pour un intérieur complet de voiture en simili cuir, Romain Goi compte environ un mois de travail. Toutefois, « cela dépend de la matière que j’utilise, du niveau de détails, du modèle du véhicule et du temps que je passe sur le projet, rappelle-t-il. Tout commence par une discussion avec le client pour bien comprendre ses envies, ensuite, on établit un devis. À la fin, le plus gratifiant, ce sont les retours des clients et de voir à quel point ils sont heureux de retrouver leur véhicule ou leur meuble rénové ou à leur image. »

Forte de ces nombreux projets, Capitoline affiche 18 500 € de chiffre d’affaires en sept mois d’activité. Romain Goi ne compte pas en rester là et propose déjà ses services pour la sellerie et la tapisserie de plus gros véhicules comme les avions ou les bateaux. « Sur le long terme, j’aimerais toucher à tout : le médical, le sport, l’aéronautique ou le naval, tant que je trouve le projet intéressant. »

Dans le futur, le jeune entrepreneur plein d’ambition aimerait faire fructifier son affaire en employant d’autres selliers, qui partageraient la même passion et le même sens du travail. Il a d’ailleurs déjà accueilli une stagiaire de 19 ans. « Je trouve ça très important, la transmission des savoir-faire. C’est aussi une manière de rendre leur noblesse aux métiers manuels. Il faut que les jeunes aient confiance en ce qu’ils veulent faire et en leurs ambitions. »