À 33 ans, Sarah Monget a déjà un CV long comme le bras. La liste de ses expériences professionnelles fait davantage penser au pedigree d’une personne proche de la retraite qu’à celui d’une jeune femme. Cette liste impressionnante l’amuse. « J’ai l’impression d’avoir vécu plusieurs vies. J’ai besoin d’expérimenter beaucoup, j’ai une certaine capacité à prendre des risques. J’ai envie de stabilité professionnelle, mais je ne sais pas combien de temps ça va durer ! » Aujourd’hui, Sarah Monget jongle avec trois activités.
« J’ai soif d’apprendre la vie, mais maintenant je pense à mon propre équilibre. »
En autoentreprise, elle fait de la formation aux réseaux sociaux, à la création de sites internet, à la prise de parole en public, au media-training. Elle est aussi assistante d’éducation à mi-temps dans un collège, une « activité tremplin » qui vise à prendre le temps de lancer son cabinet de praticienne en thérapie systémique, ouvert depuis le premier octobre. « Cette forme de thérapie s’attache aux interactions sociales des gens, le but est de débloquer, trouver les noeuds, voir ce qui fait qu’on répète les mêmes schémas. »
Une nouvelle activité qui fait écho à son intérêt pour l’humain, développé au gré de ses différents boulots. C’est d’ailleurs vers l’humain, côté médical, que Sarah Monget a d’abord penché. En 2006, bac en poche, elle tente le casse-pipe universitaire, la fac de médecine. Après un an et demi de labeur, la future entrepreneuse jette l’éponge et entre dans le monde du travail pour gagner sa vie. Elle trouve un petit boulot, caissière dans un Brico-Dépôt. « Je suis tombée sur un manager et un directeur qui m’ont poussée à aller plus loin. C’est comme ça que je suis entrée en école de commerce. »
Créer son propre parcours
En 2008, elle intègre l’EGC, à Montauban. Cette orientation s’avère être la bonne. « J’ai appris à comprendre les compétences naturelles que j’avais, et je les ajoutais à des compétences techniques que j’apprenais. » En deuxième année, à l’occasion d’un stage en Angleterre, c’est la révélation. Sarah Monget gère le marketing et l’administratif pour une école de langue, et s’occupe d’une maison d’étudiants étrangers. Bilingue avant de franchir la Manche, elle est comme un poisson dans l’eau au Royaume-Uni. « Je me suis dit : « mince, j’ai vraiment trouvé ce qui me parle ! ». Le directeur de l’époque m’avait soufflé : « si tu veux un contrat, je te le fais tout de suite ». C’était assez fou. En plus, c’était la première fois que je quittais ma famille et mes amis pour aller m’installer dans un autre pays. »
Mais l’étudiante ne se voit pas sans diplôme, et considère comme un devoir d’aller au bout pour ses parents qui l’aident financièrement. En 2011, elle sort major de promo, et envisage de repartir en Angleterre. Mais la volonté de ne pas briser son couple la décourage. La jeune femme commence alors à envoyer des CV tous azimuts, mais au sortir de la crise de 2008, le marché du travail est sinistré. « Cela n’a rien donné, ça m’a déstabilisé, j’avais beaucoup d’énergie. Et je me suis dit : « personne ne veut me donner une chance, je vais créer mon job, ma propre boîte ». »
À 22 ans, elle lance son autoentreprise, une agence de com’ nommée Amazone. Sarah Monget fait de petits contrats, se forme toute seule à des outils informatiques comme Photoshop et Illustrator, et fait beaucoup de réseau. « Je me suis donné les compétences que personne ne voulait me donner. Cela ne m’a pas fait vivre, c’était un terrain de jeu en quelque sorte. » En 2013, elle clôture sa petite société, et fait un stage via Pôle emploi au marketing digital d’un grand hôtel toulousain. L’expérience est concluante, mais il n’y a pas de poste à la clé.
Un travail acharné
Elle enchaîne divers jobs pendant plusieurs mois et en 2014, elle est appelée par des commerçants de Montauban pour prendre en charge la coordination du centre-ville, via une association financée par plusieurs institutions. « Je me suis éclatée, il y avait tout à créer. Je représentais le commerce de proximité à Montauban. Je ne comptais pas mes heures, je réseautais tout le temps. » Mais deux ans après être entrée en fonction, elle rend son tablier.
« Je n’en pouvais plus, l’association se disloquait, les projets n’avançaient pas. » Sarah Monget prend alors des vacances, et à son retour, elle est embauchée comme gérante à mi-temps dans un espace de coworking qui venait de naître à Montauban. « J’ai développé cet espace pendant un an et demi, ça m’a permis de lancer ma deuxième entreprise. » À l’été 2017, Cap croissance voit ainsi le jour, pour faire de la communication et se lancer dans le conseil sur la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Mais seule la com’ fonctionne vraiment. Au hasard d’une rencontre professionnelle, on lui propose un poste à Paris.
Elle met son entreprise en sommeil et part travailler pour un cabinet de conseil, un incubateur de start-up, client de grands groupes. L’expérience est enthousiasmante, le salaire impressionnant, mais les responsabilités énormes, et la charge de travail gigantesque. Elle tient moins d’un an. « En y réfléchissant après coup, je pense qu’il faut se méfier de ce qui brille. Cela a fini en burn-out. J’ai fait une syncope, ça a bousillé deux années de ma vie. » Cet épuisement professionnel est pourtant un déclic aux conséquences positives. « C’est un épisode dramatique, mais très salvateur, je ne le regrette pas. Ça m’a mis face à moi-même. »
Un nouveau challenge
Sarah Monget prend alors le temps, vit plutôt bien les confinements qui correspondent à une période de reconstruction, se lance dans la formation pour des entrepreneurs et des salariés, et trouve un nouveau challenge. « Un jour, une dame en formation m’a dit « avec toi, les formations ce n’est pas vraiment des formations, c’est des thérapies ». » Nouveau déclic. Mais pas question pour autant de se lancer dans cinq longues années de fac de psycho.
Elle entame en 2020 une formation à distance avec une école privée. S’ensuivent diverses certifications, jusqu’à l’ouverture de son cabinet il y a un mois. « C’est très dur de jongler avec mes trois activités en ce moment, mais pour une fois, je m’écoute. Je vais ralentir les formations, et me concentrer sur le développement de ma nouvelle activité. J’ai soif d’apprendre la vie, mais maintenant je pense à mon propre équilibre. »