Sortir

ORLAN, mise à nue aux Abattoirs

Exposition. Inclassable, l’artiste plasticienne manifeste une liberté sans borne et lutte pour que chacune et chacun puisse concevoir son propre destin, son propre corps.

Lecture 3 min
ORLAN, ORLAN accouche d’elle-m’aime, 1964, tirage jet d’encre, 120 x 140 cm, édition 2/5 © Adagp, Paris, 2022 ; photogr. courtesy de l’artiste et Ceysson & Bénétière. DR

Le musée des Abattoirs accueille du 8 avril au 28 août une importante exposition de la plasticienne ORLAN. Son oeuvre, des années 1960 à nos jours, y est envisagée d’une manière inédite avec, pour la première fois, la sculpture comme fil rouge. Depuis les photographies Corps-Sculptures, les performances, les chirurgies, les sculptures de plis jusqu’à l’IA et la robotique, plus qu’une monographie classique, c’est une exposition manifeste, conçue en étroite collaboration avec l’artiste, qui sera en effet proposée au public. ORLAN est une figure incontournable de l’art contemporain. Elle a eu un rôle majeur dans l’histoire de l’art féministe et performatif. Tout au long de sa carrière, ORLAN est sortie du cadre et a fait de son propre corps le médium, la matière première et le support visuel de son oeuvre.

Envisager l’humanité dans toutes ses dimensions

Dès le départ, il devient l’outil et la matière pour mener une relecture de l’histoire de l’art et des normes imposées par la société. Au fil d’une démarche transdisciplinaire qui allie la sculpture, la performance, la photographie, la vidéo et l’installation, ORLAN s’est saisi aussi bien des médiums traditionnels que des nouvelles technologies – du minitel au numérique, en passant par la robotique, les sciences médicales, la chirurgie et la biogénétique, le jeu vidéo ou encore la réalité augmentée. Elle n’a eu de cesse de faire appel à l’innovation technologique pour envisager l’humanité dans toutes ses dimensions. Depuis les années 1960, ses positions innovantes et subversives détournent les codes et les conventions préétablis. Non sans humour et provocation, ORLAN s’oppose à la morale, aux déterminismes naturels et sociaux, ainsi qu’à toutes les formes de domination : suprématie masculine, religion, ségrégation culturelle, racisme, etc.

À travers sa vie et son art, elle a défendu la liberté plus que tout. Son oeuvre éminemment politique nous engage à l’émancipation et à la résistance face aux diktats. Le parcours aux Abattoirs rassemblera une centaine d’oeuvres et de documents réalisés depuis les années 1960 jusqu’à aujourd’hui et issus d’un très large éventail de médias, dont des sculptures, son robot, des photographies, des vidéos, des performances, etc. L’exposition mettra en valeur des oeuvres iconiques et d’autres plus méconnues – provenant de collections publiques et privées, ainsi que de l’atelier de l’artiste – augmentées d’archives historiques.